De la méthode, que diable!
L'autre jour je flânais mollement sur la toile, lorsqu'un article de Laurent Brixius attira mon attention: le titre mentionnait la méthode Getting Things Done, une méthode pas-à-pas pour booster sa productivité personnelle.Getting Things Done... j'avais déjà entendu parler de cette méthode de David Allen. En fait, j'avais même plus d'une fois hésité à acheter le bouquin. Le concept, pour un dispersé du bulbe comme moi, est bigrement attirant: fini les petites choses importantes jamais faites, fini les oublis en faisant les courses, fini les retards dans les projets personnels et professionnels. Il suffit d'appliquer cette méthode et ta daaaa!
Des méthodes comme ça, à la Fnac, section management, vous en trouverez plein! Les Américains, qui ont un esprit bien plus pragmatique que nous autres Européens, n'ont semble-t-il pas trop de problèmes avec ce type de démarches qui mêlent techniques de management et style de vie, et qui brouillent un peu les frontières entre les vies pro et perso. Du coup ils sont vraiment très forts pour écrire ces ouvrages, alors que des ouvrages similaires par des Français sont en général aussi palpitants que le Ginette Mathiot.
Je suis suffisamment pragmatique pour que ces méthodes attirent mon attention. D'ailleurs un jour, dans un moment de faiblesse, seul et vulnérable, j'ai craqué: j'ai acheté Les 7 habitudes de Stephen R. Covey. Le titre entier: "Les 7 habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu'ils entreprennent".
J'ai bien entrepris de le lire, mais j'ai vite réalisé que je n'aimais pas ça.
Non mais franchement. Ma vie n'est pas un bœuf bourguignon! Je ne la vis pas avec la recette sous les yeux, à faire pas-à-pas comme l'expert à dit. Non, je ne crois pas qu'on puisse changer sa vie en appliquant les méthodes de quelqu'un qui a vu la lumière, lui. Il s'agit d'une démarche trop personnelle pour qu'on me colle le résultat de celle d'un autre, tout conseiller de Bill Clinton qu'il soit.
Mais tout de même, ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain. L'ouvrage de Covey, ou du moins le tiers que j'en ai lu, m'a tout de même offert plein de pistes de réflexion intéressantes. Et puis quand quelqu'un comme Allen passe toute sa journée à réfléchir à comment get les things done (et sans stress), il y a forcément de bonnes choses à prendre au final, même pour un sceptique.
Vive les listes!
Par curiosité, j'ai suivi également le lien vers la méthode Zen To Done, une sorte de version "light" de GTD. Ok, ça reste une méthode-miracle. Il y en a moins que chez Allen, mais je note que cette méthode-ci est gratuite alors qu'elle propose 3 habitudes de plus que chez Covey. D'ailleurs, le blog entier est rempli d'articles du genre "18 conseils pour réussir votre vie de couple", "les huit gestes qui sauvent quand on se brosse les dents" ou "47 façons d'être heureux".J'ai lu néanmoins. Mon cas est tellement désespéré que je me suis demandé si je ne pouvais pas au moins adopter une seule habitude qui aurait déjà un effet positif clair. D'ailleurs, Zen To Done me conseille de ne pas adopter toutes les habitudes d'un coup, et je trouve ça un très sage conseil.
J'ai opté pour les habitudes 1 et 2: tout noter, et trier tous les jours.
J'ai un Palm Tungsten T5 depuis plusieurs années, et comme carnet d'adresses, c'est vraiment très pratique. L'agenda aussi est bien, et au début j'utilisais un peu l'application "Tasks", sorte d'utilitaire ultra-slim pour gérer des petites listes de choses à faire. Sauf que, c'est plus fort que moi, je n'aime pas écrire dans mon Palm. C'est bien plus lent et difficile que d'écrire sur du papier.
C'est pour cela que la technique du "double-buffering" pour les tâches à faire est une idée géniale. J'ai ressorti mon vieux carnet Moleskine que j'utilisais bien trop peu pour la qualité de l'objet, et je m'y suis mis:
- Dès que je pense à quelque chose, je le note dans le carnet, et je dessine une petite case vide en début de ligne. 3 secondes chrono, imbattable.
- Le matin avant de partir et le soir en rentrant, je reporte toutes les tâches dont la petite case est vide dans le Palm (par l'intermédiaire du logiciel pour PC, qui est bien plus confortable pour la saisie). Si c'est rapide, je le fais tout de suite. Et hop! je peux cocher la case.
C'est tellement facile et efficace que j'ai étendu le concept. En tout, j'ai deux carnets et trois outils électroniques. J'ai mon Moleskine pour les tâches perso, et mon carnet Ableton pour le boulot. Nous avons de beaux carnets noirs à couverture rigide avec le ruban marque-page et le logo de la boîte en relief sur la couverture. Là encore c'est idiot, mais avoir un bel objet plutôt qu'un carnet Carrefour qui se désintègre en trois semaines (pardon, qui se bio-dégrade), ça me motive d'autant plus à l'utiliser.
De mon Moleskine, les tâches vont soit dans le Palm, soit dans ma feuille Excel qui me sert d'outil de planning pour mon logiciel perso. Celles de mon carnet Ableton atterrissent dans notre outil interne de gestion des tâches de développement, qui est celui que j'aime le moins, sans doute parce qu'il est bien plus complexe et lent à utiliser.
D'ailleurs, on ne peut pas vraiment gérer les tâches de développement comme on gère une liste de courses. Quand je note "acheter du lait" ou "mettre des patins sous chaises", j'ai toute l'info nécessaire pour réaliser la tâche. Et puis c'est tout ce que je peux afficher en une ligne sur mon Palm. Quand je note "garbage collector concurrent temps-réel", j'aime bien découper le boulot en sous-tâches, ça me détend un peu, d'autant plus que c'est la seule façon d'avoir une estimation du temps de développement qui vaut quelque chose.
Mais alors tout ça, est-ce que ça marche? Je dois bien avouer que oui! Cela fait plus d'un mois que je le fais, ce qui est un record dans la triste histoire de mes tentatives de changer mes habitudes. La simplicité du procédé, le plaisir de cocher plein de cases tous les jours (ou presque) et mon attrait pour les beaux objets se combinent à merveille pour combattre ma tendance naturelle à tout oublier.
Et du coup, je n'oublie plus que la moitié de ce que je pouvais oublier avant. Quand je vous dis que ça marche!