Sébastien Thomas | Publié le Lundi 14 Sept. 2015
Montreuil, lundi matin. Près de 300 personnes ont envahi les étages de la mairie pour dénoncer le refus des élus de recevoir une délégation. Les syndicats dénoncent une dégradation de leurs conditions de travail. (LP/S.T.)La scène était inédite en mairie de Montreuil, ce lundi matin. Près de 300 personnes ont envahi le bâtiment et sont montées à l’étage du bureau des élus en scandant « Bessac, t’es où ? ».Une action improvisée qui a donné quelques sueurs froides à la CGT, FSU et FO, organisatrices de ce mouvement de grève parmi les agents municipaux. Ces derniers manifestaient leur colère de ne pas avoir obtenu de rendez-vous ni avec le maire PCF ni avec l’un de ses adjoints. La grève est reconductible toute la semaine.Un peu plus tôt, vers 10 heures, un long cortège a parcouru le centre-ville au rythme des slogans anti-austérité. Et anti-municipalité. « Patrice Bessac est devenu un simple gestionnaire, il n’a pas de vision politique pour la ville. » L’analyse assassine, signée Claire Huot, secrétaire CGT des agents territoriaux, résume le mur qui s’est dressé peu à peu entre les élus et les organisations syndicales.« Les services naviguent à vue »Car la CGT et la FSU ont de nombreuses revendications qu’ils ne parviennent pas, selon eux, à transmettre au maire : titularisation des agents contractuels (soit environ 200 personnes), transparence des embauches, remplacement des congés maternité, la non-privatisation de certains services publics, sont autant de demandes insatisfaites. Et elles ne sont pas nouvelles. En juin dernier, les syndicats avaient déjà organisé une manifestation pour les mêmes motifs. « Il y a une vraie souffrance des salariés que cette municipalité refuse d’écouter, tacle Claire Huot. Cela fait 18 mois qu’une réorganisation a été lancée et elle dure encore. Les services naviguent à vue. »Un taux élevé d’absentéismeSelon elle, le maire évoque le taux d’absentéisme élevé dans les services (11,5 %) pour justifier la pression mise sur les agents. « Il devrait plutôt chercher les causes de cet absentéisme, martèle la syndicaliste. Si les agents étaient moins en souffrance, ils seraient sans doute plus présents. »La jeune femme réprouve aussi les décisions qui réduisent l’offre des services à la population comme celle de fermer les centres de loisirs 15 minutes plus tôt en semaine et surtout celle de ne pas les ouvrir durant une semaine à Noël. « On comprend bien que le maire doit faire face à une baisse de la dotation d’Etat, détaille Bernard Grenouillet, secrétaire FSU des territoriaux. Mais au lieu de prendre des décisions, seul dans son coin, il pourrait dialoguer avec les organisations syndicales. »Parmi les manifestants, beaucoup se disent fatigués de cette situation. Tous préfèrent garder l’anonymat. Comme Natacha* qui travaille au service entretien des écoles. Elle est contractuelle depuis 7 ans alors que loi oblige à une titularisation au bout de deux années. « J’ai un renouvellement de mon contrat tous les six mois, je ne peux donc rien planifier, se plaint-elle. Impossible d’avoir un crédit immobilier. Je veux avoir un enfant avec mon compagnon mais on retarde le moment car ma situation n’est pas stable. » Et même les titulaires s’inquiètent. Comme Stéphane*, qui travaille aux espaces verts. « On vient de nous annoncer que la tonte de certaines parcelles serait confiée à des entreprises privées, maugrée-t-il. Est-ce que ça veut dire, à terme, qu’on va démanteler notre service ? »Contacté à plusieurs reprises, le maire n’a pas donné suite à nos appels.* Les prénoms ont été modifiéshttp://m.leparisien.fr/montreuil-93100/montreuil-300-agents-en-colere-envahissent-la-mairie-14-09-2015-5091307.php#xtref=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2F