Chercher à chasser toute discussion polémique n’est pas une mince affaire ! J’aimerais souvent me taire, mais c’est vraiment difficile de résister à la tentation de venir mettre mon grain de sel. C’est ainsi que je me suis retrouvé dernièrement dans une discussion à propos de la chasse. Avec une position claire : je suis contre.
Tout en étant nuancé évidemment. Il est absolument nécessaire de réguler la faune sauvage qui peuple nos bois et nos champs. Pas sûr cependant que cela passe par une opération de chasse basée malheureusement plus souvent sur le « plaisir de tuer » que sur celui de participer à l’équilibre de la nature.
Mon intention n’est pas ici de relancer ce débat, car je crois en fait que souvent les interlocuteurs se contentent de rester sur leur position et de la défendre sans trop écouter ce que l’autre a à lui dire. Ce n’est pas toujours le cas.
Je me souviens m’être retrouvé un jour chez un ami chasseur, convaincu de son fait. J’avais beau lui dire que pour moi, c’était avant tout le plaisir de tuer qui animait ces chasseurs du dimanche, il ne voulait rien entendre. Jusqu’au moment où nous avons entendu une détonation suivie de quelques mouvements ! Ensuite, le fils aîné de mon ami est arrivé arborant le corps meurtri d’un oiseau quelconque (j’avoue mon ignorance totale). Ce brave enfant venait de s’amuser avec son fusil à plombs à tirer l’oiseau et revenait tout altier vers son père, fier d’avoir pu faire comme lui ! Je vis le père blêmir, horrifié par le geste de son fils. Je sus par la suite que mon ami chasseur ne chassa plus. La détonation s’était faite également dans son cerveau, plutôt bien construit d’ailleurs ! C’est une amitié qui s’est délitée avec le temps et je ne sais pas trop où cet ex-chasseur en est aujourd’hui. Mais l’important n’est pas là.
L’important est que – malheureusement – la chasse continue. Elle s’étend même. Aujourd’hui, les cibles des chasseurs deviennent de plus en plus souvent des êtres humains. Vous savez, tous ces réfugiés et tous ces migrants qui arrivent chez nous avec l’espoir de pouvoir simplement y vivre. Pour certains, il faudrait les chasser. « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde », et donc il faut réguler cet afflux de nouveaux arrivants. La meilleure solution n’est-elle donc pas la chasse ? Celle-ci est évidemment un peu plus sophistiquée que le fusil à plombs. Mais ça revient au même : on fait tout pour faire comprendre que ces gens-là n’ont rien à faire chez nous.
Faudrait-il qu’un des enfants de ces chasseurs de migrants prenne son fusil et tire un bon coup, croyant faire plaisir à son père, pour que les chasseurs à la conscience tranquille se rendent compte de ce qu’ils sont en train de faire ? Je ne suis même pas sûr que cela changerait quelque chose.
Quand la vie d’un être vivant – humain ou animal – ne devient qu’un objet de plaisir égoïste, on peut tout craindre. Sommes-nous-en là ?