Cette toute nouvelle étude, conduite par l’Agence nationale de Sécurité du Médicament, se veut rassurante sur les effets secondaires associés aux vaccins anti-papillomavirus (HPV), en particulier sur le risque évoqué de maladies auto-immunes. En effet, ses conclusions, issues d’une cohorte de 2,2 millions de jeunes filles âgées de 13 à 16 ans, montrent que la vaccination contre les infections à papillomavirus humains (HPV) par Gardasil ou Cervarix n’entraîne pas d’augmentation du risque de maladies auto-immunes. Sauf : Une augmentation du risque de syndrome de Guillain-Barré, jugée » probable » et une augmentation du risque de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, jugée » négligeable « . Pour l’Agence, le rapport bénéfice-risque reste positif.
Près de 3.000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus sont diagnostiqués chaque année en France. 11ème cancer en termes d’incidence chez la femme, le cancer du col de l’utérus entraine environ 1.000 décès par an. Les papillomavirus sont la principale cause du cancer du col de l’utérus, en particulier les types 16 et 18, responsables d’environ 70% des cancers et 75% des lésions précancéreuses. Les HPV de type 6, 11 sont responsables d’environ 90% des verrues génitales. 2 vaccins contre les papillomavirus humains, recommandés par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) chez les jeunes filles entre les âges de 11 et 14 ans avec un rattrapage limité jusqu’à 19 ans sont commercialisés en France :
· Gardasil qui protège contre les HPV de types 6, 11, 16 et 18 ;
· Cervarix qui protège contre les HPV de types 16 et 18.
L’étude a été menée sur les données de plus de 2,2 millions de jeunes filles, âgées de 13 à 16 ans, dont 840.000 vaccinées contre les infections à HPV (par Gardasil ou Cervarix) et 1,4 million non-vaccinées. Les analyses ont comparé la fréquence de survenue de maladies auto-immunes entre les jeunes filles vaccinées et non-vaccinées, pour 14 types de pathologies: affections démyélinisantes du système nerveux central incluant la sclérose en plaques, syndrome de Guillain-Barré, lupus, sclérodermies, vascularites, polyarthrite rhumatoïde / arthrites juvéniles, myosites, syndrome de Gougerot-Sjögren, maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, maladie cœliaque, purpura thrombopénique immunologique, diabète de type 1, thyroïdites et pancréatites.
Une augmentation du risque de syndrome de Guillain-Barré, une atteinte des nerfs périphériques, entraînant une faiblesse voire une paralysie progressive, après vaccination anti-HPV » apparaît toutefois probable « , souligne le communiqué de l’ANSM. Si, en France, l’incidence du syndrome de Guillain-Barré est estimée 1 à 2 sur 10.000, à la vaccination anti-HPV est ici associé un risque estimé de 1 à 2 cas pour 100.000 filles vaccinées. Cette estimation est cohérente avec celle des US Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Un risque jugé suffisamment faible par l’Agence sanitaire française pour ne pas remettre en cause le rapport bénéfice-risque pour les vaccins concernés.
Des résultats jugés globalement rassurants: l’exposition à la vaccination contre les infections à HPV n’est pas associée à la survenue des 14 pathologies d’intérêt prises dans leur ensemble, ni à celle de 12 de ces maladies auto-immunes étudiées séparément. Car outre une faible augmentation du risque de Guillain-Barré, est constaté également un risque augmenté, de près de 20%, de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). Précisément, l’analyse fait état d’une association statistiquement significative avec le vaccin anti-HPV, d’un risque accru (ajusté)
· de 19% maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) (HRa : 1,19)
· multiplié par 4 de syndrome de Guillain-Barré (HRa : 4,00), même s’il faut préciser que ce risque reste faible en valeur absolue.
Si compte tenu de la faiblesse du risque de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, les responsables de l’étude et le Comité scientifique estiment que la très faible association statistique mise en évidence ne permet pas de conclure à un sur-risque de MICI, en revanche, l’augmentation du risque de Guillain-Barré est bien jugée probable.
Pour l’ANSM, le rapport bénéfice-risque reste positif :
» La vaccination contre les infections à papillomavirus humains (HPV) a pour objectif de protéger contre les maladies provoquées par ces virus (…) en luttant contre l’infection par certains types de virus HPV, elle constitue donc, en complément du frottis cervico-utérin, qui doit être poursuivi,un moyen préventif face au cancer du col de l’utérus « .
L’Agence rappelle que ces vaccins font l’objet d’une surveillance renforcée par les autorités françaises et européennes et conclut que » Les bénéfices attendus de cette vaccination en termes de santé publique restent bien plus importants que les risques auxquels elle peut exposer les jeunes filles « .
Source : ANSM Vaccins anti-HPV et risque de maladies auto-immunes : étude pharmaco-épidémiologique – Rapport final – Septembre 2015 (14/09/2015) (Visuel CDC)
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