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Du Chaâbi à Ogata Kenzan au COMEDE pour es réfugiés c'est ma relation d'un week-end pluvieux
Publié le 13 septembre 2015 par Micheltabanou
Pluie pluie pluie tout le week-end. Loin de toutes les manifestations j'avais besoin de me réserver des heures bien à moi. Je me suis ressourcé hier samedi avec le documentaire " El Gusto ", sublime, de Safinez Bousbia qui ayant poussé dans la casbah d'Alger la porte de la boutique de Mohamed El Ferkioui est entraînée vers la découverte du Chaâbi, de Hadj Mohamed El Anka... Un voyage dans la mémoire du peuple algérois avec des musiciens hors pair qui ont traversé les vissicitudes du temps non sans quelques difficultés. L'émotion aussi des retrouvailles et surtout de la mixité des origines sans que le politique ne vienne troubler ni interdire le naturel voisinage du juif et de l'arabe et même de l'athée qui ici partagent non seulement la musique mais aussi les habitudes du quotidien, de la langue et des coutumes. Une Algérie disparue alors que le Chaabi les réunissait à Bab El Oued... Après le film je me suis replongé dans les pages que Salah Guemriche avait consacré à Hadj Mohamed El Anka, l'immortel de la Casbah, dans son livre magique Alger la Blanche. Des pages d'une beauté inouïe qu'il m'a été indispensable de relire pour approfondir ce moment de découverte d'El Gusto. Pourquoi ce genre de films ne passent jamais dans nos salles municipales. Il aurait fait carton plein au Kosmos de Fontenay-sous-bois et aurait marqué une fracture politique et culturelle dans notre combat contre la normalisation de la mondialisation.
Et ce matin je me suis réveillé avec l'envie d'aller au Musée du Quai Branly mais j'avais oublié la course féminine de Paris, la Parisienne. Détourné de mon itinéraire je me suis retrouvé non loin du musée Guimet. J'en ai profité. J'aime ce musée et j'y retrouve beaucoup de sérénité. Aujourd'hui j'y ai découvert la présentation de toutes nouvelles céramiques d'Ogata Kenzan. Une découverte majeure et surtout la rencontre avec une émotion jamais ressentie à ce point par des céramiques... Ogata Shinsei surnomme Kenzan débuta une carrière de céramiste en ouvrant son atelier à narutaki, près de Kyôto à la fin du XIIe siècle. Kenzan signifiant La montagne du nord-est. Kenzan déploya toute sa virtuosité technique dans la création de nombreux mukôsokue c'est à dire ces petites coupes ou assiettes destinées à la cérémonie du thé. Des plats en grès utilisés donc pour présenter les aliments lors du repas léger qui accompagne la cérémonie du thé. Kenzan est rapidement devenu expert par l'emploi des oxydes de fer et des bleus de cobalt appliqués sur un engobe, une argile généralement colorée que l'on pose sur une terre crue, blanc divisant la pièce en zones asymétriques et sous couverte, c'est à dire qu'une fois la pièce biscuitée on peut venir poser le décor en utilisant deux oxydes colorants qui est ont couverts d'une couche d'un émail transparent appelée couverte et qui donnera au devoir une certaine profondeur. Tout cela est très technique et ne doit pas faire oublier l'émotion ressentie immédiatement au moment même où ces quatre pièces se révélaient à mon regard. Vertige d'une infinie beauté qui en un éclair m'isola du monde si odieusement féroce ou semble s'engloutir pour la mener à sa perte notre humanité. Quittant Guimet je sais que je m'en retourne vers ce monde qui dès demain va me happer et me rappeler un réel que seul l'art a réussi jusqu'à présent à me donner la force pour l'affronter.
Et pour mieux affronter cette réalité sordide je me suis plongé depuis quelques heures dans le guide du COMEDE pour les soins et l'accompagnement des Migrants/Étrangers en situation précaire. Car avec l'accueil des réfugiés nous nous retrouvons face à des traumatismes importants qu'il va falloir soigner. La phase actuelle est celle euphorique et généreuse de l'accueil mais sommes nous préparés à appréhender puis à faire face aux traumatismes engendrés par la violence, la torture, l'exil et la migration difficile de nos réfugiés. Ces traumatismes appelent un traitement qui suppose une relation, une reconnaissance et une réparation et dans le contexte de crise qui est le notre il faut prendre conscience que l'exclusion et la précarité aggravent l'état de santé. Les réfugiés sont victimes d'une addition de vulnérabilité qui du pays d'origine en passant par les étapes de la migration jusqu'à la situation d'accueil favorise la survenue et la sévérité de la maladie. Mais il nous faudra au plus vite pouvoir priser des réponses aux problèmes de santé les plus fréquents. Les demandes des réfugiés sont multiples, elle sont de soutien, d'accès aux soins et au conseil juridique, psychologiques, sociales et administratives. Elles demandent un accompagnement complexe et déterminent dans une société qui leur est étrangère et qui connaît elle même des situations de précarité qui lui dont propres et dues notamment au chômage, à lacrise économise et son austérité... Je travaille toutes ces questions ou chaque point ne peut être oublié ou mis de côté car juge moins prioritaire. Acceuilir est une responsabilité qui doit dépasser la juste émotion qui a déclenché cette volonté d'entreprendre solidairement. Accueillir sans traiter les causes de ces migrations, sans envisager qu'elles peuvent bouleverser à court terme nos sociétés sera une erreur. Je travaille à cette réflexion et demain nous aurons un BM où j'en saurais plus sur l'accueil à Fontenay...