Magazine Bien-être
Quand je reçois des personnes, j'insiste souvent sur le fait de regarder les pensées qui créent des distorsions par rapport à la réalité de l'instant du corps...
Arnaud Desjardins écrit à ce sujet. Qu'en pensez-vous ?
« Et si j'essaie de ne plus penser ? Juste d'être, mais d'une conscience absolument pure, pure, qui ne contienne rien d'étranger, absolument libre. Inévitablement la pensée vient faire son commentaire et m'accompagne : "Et voici qu'un grand silence s'établit à l'intérieur de moi..." Je me passerais bien de ce commentaire-là. "Et voici qu'un calme nouveau apparaît dans mon cœur..." Je me passerais bien de cette pensée-là. "Et voici que je suis un peu fatigué, cela gêne ma méditation." Encore un autre type de pensée !
Considérez la pensée comme une certaine manière de prendre conscience des phénomènes. La libération (état de conscience suprême), en fait, n'est pas incompatible avec les phénomènes. Vous pourriez être parfaitement, totalement libres même s'il y a encore des sensations de malaise, même s'il y a encore une pensée qui passe, même s'il y a encore tout ce qui vous fait dire que vous n'êtes pas libérés. C'est encore une pensée de constater: "Ah, ça y est, ce n'est pas pour aujourd'hui ; ça y est, je ne me sens pas bien - donc c'est contraire à la libération ! Ces pensées-là ne devraient pas venir si j'étais dans l'état suprême." C'est cela qui vous empêche d'être libérés : de penser que ces pensées ne devraient pas venir, de penser que ces sensations ne devraient pas venir, de penser que ces émotions ne devraient pas venir, de penser quoi que ce soit au sujet de la libération. Si vous pouviez vous abstenir du moindre commentaire, si vous pouviez ne plus faire de différence entre libération et non-libération, vous seriez à l'instant même libérés. Et si cette différence ne revenait jamais plus, eh bien cette libération ne serait plus jamais voilée ou recouverte.
Considérez la libération comme un état - ou plutôt une absence d'état, ou un état au-delà de tous les états - qui est ou n'est pas recouvert. C'est tout. Comme le ciel bleu. Aujourd'hui nous ne voyons pas le ciel bleu, les ombres ne sont pas marquées, le soleil est entièrement caché par les nuages, pourtant nous savons bien que, derrière les nuages, le ciel bleu est là. Les nuages s'écartent un instant, nous voyons le ciel ; les nuages reviennent, nous ne le voyons plus. Mais le ciel bleu est toujours là. Ce qu'on appelle communément un "état de conscience supérieur" ou même un des différents états de "samadhi" reconnus et classés par l'Inde, c'est un moment où les nuages se sont un peu dissipés et où nous avons découvert un peu de ciel bleu - et puis les nuages reviennent et le ciel bleu disparaît. Ou bien les nuages reviennent mais le ciel bleu ne disparaît plus, parce que nous sommes situés à dix mille mètres d'altitude, c'est-à-dire que les nuages sont en dessous de nous, et non plus entre nous et le ciel bleu. Voilà la libération : être situé du côté du ciel et regarder passer les nuages qui ne vous voilent plus ni le ciel, ni la lumière du soleil. Et ces nuages, ce sont uniquement des pensées. Les souffrances sont des pensées, c'est-à-dire des formes de votre conscience. Revenez toujours à ceci. Ces nuages, ce sont uniquement des pensées.
Vous n'êtes prisonniers de rien d'autre que de vos pensées. Vous n'avez à vous libérer de rien d'autre que de vos pensées. Voilà la vérité. Et vous n'avez pas d'autre problème que celui de vos pensées. Vous n'avez aucun problème, ni avec votre santé, ni avec votre métier, ni avec votre patron, ni avec vos enfants, ni avec votre femme, ni avec votre voisin, ni avec votre propriétaire, ni avec le maire de votre commune.
Vous n'avez qu'un seul problème : un problème entre vous et vos pensées... »
Arnaud Desjardins