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Pourquoi les médiateurs ont-ils du mal à gagner leur vie ?

Publié le 06 juin 2008 par Dominique Foucart

Ou, à tout le moins, pourquoi est-il si difficile de construire chez nous une pratique de médiation qui permette au médiateur de ne vivre que de sa médiation ?

Sur le sujet, j’ai une réponse qui fait souvent hurler mes consœurs et confrères, mais qui reste pour moi la seule réponse honnête: parce que les médiateurs sont particulièrement médiocres lorsqu’il s’agit de “vendre” leurs compétences.

La morale de l’argent, cet objet “sale” et “démoniaque” s’oppose aux idéaux de faiseur de paix qui hantent l’esprit de la plupart des médiateurs. Et pourtant, si nous regardons ceux d’entre nous qui réussissent à gagner leur vie par leur métier de médiateur, que voyons nous ?

  • des médiateurs chevronnés qui se transforment une grande partie de leur temps en formateurs, et qui donc génèrent une grande partie de leur revenus à partir du désir de formation de leurs clients;
  • des médiateurs renommés qui travaillent comme quasi-salariés dans des planning familiaux pratiquants des tarifs sociaux - parfois même pour les mieux nantis;
  • des médiateurs qui ont gardé leur activité principale (d’avocat, de psychologue, d’assistant social) et se rémunèrent à partir de cette activité.

Comme nous le savons tous, il faut pouvoir parler à la première personne. Je suis un médiateur qui ne vit que de son travail de gestion de conflit. Mais certainement pas que de médiations. Si je gagne raisonnablement ma vie, c’est aussi grâce à mes missions de gestion de conflit en entreprise, d’aide à l’alignement d’équipes autour de leur stratégie, de conseil individuels à la négociation, et d’aide aux médiateurs à trouver leur propre chemin.

S’intéresser à notre marché

Il faudra bien un jour regarder les choses en face: si nous voulons faire de la médiation un vrai métier, capable de rémunérer ceux qui la pratique, nous devrons passer par une analyse sérieuse du marché auquel nous nous adressons et de la meilleure manière d’y promouvoir notre service. Il ne faut pas pour cela générer un besoin qui n’existe pas (qui oserait dire que le conflit n’est pas présent à peu près partout). Il faut par contre changer la mentalité d’un public qui a toujours d’abord le réflexe du combat.


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