Présente à ce même endroit en temps et heure, aucun doute, quelque chose se passe ici, et d’important. Si je dois parler de Jolie Môme avec fidélité, je dois d’abord de décrire le public sur lequel je suis tombé : une foule, agglutinée dans ce qui n’est qu’un angle de rue, prête à subir un soleil de plomb pour assister au spectacle qui a su faire venir son monde sans la moindre promotion.
Son secret : un spectacle de qualité lié à une troupe animée et dynamique, un propos engagé et intelligent et soutenu par un savoir-faire scénique incontestable.
La forme de leur proposition dans la rue ressemble à celle d’un opéra du réel, alternant entre textes parlés et chantés. Les chansons, accompagnées d’un orchestre de bal populaire, sont introduites par des discours liés à des évènements politiques forts (Union sacrée du 6 janvier, décès d’un jeune musulman à la Cité des Poètes) et répondent avec subversion à une organisation du monde de la culture qu’ils n’hésitent pas à contester de l’intérieur. Leur absence du programme est volontaire et revendiquée, et s’explique par leur refus d’association aux soutiens financiers et politiques du festival.
Radicaux, de rouge vêtus et brandissant un grand drapeau pourpre, leur discours n’est en rien caricatural et vaguement gauchiste comme on pourrait les cataloguer. Sens du spectacle ne rime en rien avec démagogie mais plutôt avec lucidité, réalisme, et réflexion. C’est d’ailleurs avec émotion que j’ai pu constater l’unanimité auprès du public, uni pour acclamer une troupe aux valeurs fortes, voire exemplaires. Éveil des consciences et appel de la rue émanent de cette grande fête populaire, où art et engagement n’ont jamais été aussi complémentaires et virulents.
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Compagnie Jolie Môme
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