En France, aux XVIIe et XVIIIe siècles, les salons tenus par des femmes telles que Mme du Deffand, Mme du Châtelet ou Mme d'Épinay furent les lieux privilégiés de leurs revendications à exister.
Mais que s'est-il donc passé, dans le cours de ce XVIIIe siècle dont on a dit qu'il était le siècle des femmes ? Leur règne s'est affirmé à travers l'existence de ces salons où elles ont accueilli et protégé durant des décennies les philosophes et les écrivains, porteurs des idées nouvelles. Pourtant, la Révolution les oublie dans la Déclaration des droits de l'homme. L'égalité ne sera pas pour cette moitié-là de la société. Comment le statut des femmes a-t-il été de nouveau occulté par la figure de la mère qui prime encore aujourd'hui ?
Anne-Marie Lugan Dardigna est chercheuse et une figure du féminisme. Elle a notamment publié Femmes femmes sur papier glacé et, sur la littérature du xxe siècle, Les Châteaux d'Éros ou l'Infortune du sexe des femmes.
Ce livre est sans doute celui que j'avais le plus envie de découvrir cet été. C'est désormais chose faite ! Je me suis régalée durant ma lecture. Il faut savoir que les salons littéraires sont un des sujets qui me passionnent le plus, sans oublier la Préciosité, qui est également évoquée dans cet ouvrage.
Cet essai porte sur les salons littéraires du XVIIIème siècle, mais l'auteure revient également sur les débuts des salons littéraires, c'est-à-dire au XVIIème siècle avec les fameuses Précieuses. Voici la première raison pour laquelle je vous le conseille. On peut aisément ne rien connaître à la vie culturelle du XVIIIème siècle et se lancer dans cette lecture car l'écrivaine explique tout et de manière claire. Le récit est très fluide et les pages se tournent aisément. Cependant, je regrette qu'il y ait si peu de pages. En effet, pour un sujet aussi passionnant, j'aurai pu lire sept cent pages ! Ma lecture s'est faite en deux jours seulement alors que lui consacrer plus de temps ne m'aurait pas dérangée le moins du monde.
Lorsque je dis que je me suis régalée lors de ma lecture, c'est que le sujet m'intéresse énormément. Les salons ont été des places essentielles au XVIIIème siècle ; ils comprenaient des écrivains, des philosophes, des artistes mais aussi des voyageurs célèbres, des diplomates et des mécènes. L'auteure parle, peut-être trop brièvement cependant, des salonnières les plus importantes du XVIIIème siècle : Mme de Lambert, Mme de Tencin, Mme du Deffand et Mme de Geoffrin. Chacune avait une personnalité singulière et par la tenue de leurs salons, elle ont fait faire un pas en avant pour la situation de la femme dans la société. J'ai donc davantage compris ce qui fait la particularité de ces femmes : elles revendiquaient une nouvelle version de "l'amour courtois" contre le désir. Il est aussi question de la maternité. Si les femmes étaient vues comme des procréatrices, les plus aisées d'entre elles ne s'occupaient pas pour autant de leurs enfants, qui étaient alors confiés à des nourrices. La célèbre Mme de Tencin a même abandonné son fils, le futur d'Alembert. Mais si une noble femme faisait le choix de vouloir élever ses enfants, on le lui refusait, telle Louise d'Épinay qui se vit refuser cette envie à cause de sa famille qui s'y refusait. Quel siècle tout de même !
Vie culturelle, maternité, relation mère-fille, éducation, les femmes sont au coeur de ce livre, et c'est la deuxième raison pour laquelle je vous le recommande. C'est aussi l'occasion de comprendre la Révolution française sous un autre aspect, Anne-Marie Lugan Dardigna consacrant le dernier chapitre aux femmes sous la Révolution, avec des figures telles que Mme Roland, Olympe de Gouges ou encore Théroigne de Méricourt.
Si le livre est trop court, il a néanmoins été un coup de coeur. Durant ma lecture, je n'ai cessé de me dire que c'était PAS-SION-NANT !
=> Si les salons littéraires, l'histoire des femmes ou encore le XVIIIème siècle vous intéressent, ce livre est celui qu'il vous faut ! Je garde ce livre à portée de main pour y revenir dès que cela me sera nécessaire.Publié le 1er octobre 2014