J e veux faire une première, envoyer un message. » Le ton est solennel, le propos sans ambiguïté. Afin de responsabiliser les parents face à la délinquance des mineurs, Christian Estrosi veut frapper là où çà fait mal : au portefeuille. Et les actes de vandalisme perpétrés sur une école à Nice, le week-end dernier (1), offrent au député-maire de Nice et président du conseil général l'opportunité de prendre « une décision inédite à Nice, dans le département... et peut-être même en France ».
Pour les auteurs présumés du délit, la justice suit son cours. Et pas question de s'y ingérer, insiste Christian Estrosi. Alors il annonce « la mise en application d'une loi que je connais bien, pour en avoir été le rapporteur : celle de mars 2007 sur la prévention de la délinquance. Je veux mettre en oeuvre le contrat de responsabilité parentale prévu par la loi. »
Comprendre : inciter les parents de délinquants mineurs à recadrer leur progéniture, aide à l'appui, sous peine de voir suspendu le versement des allocations familiales. Ces familles sont les premières à tester les effets de cette loi dans le Sud-Est - la ville de Castres l'avait déjà expérimentée.
« Une mise à l'épreuve »
Car le président du Département affirme qu'il va soumettre, dès que possible, le contrat de responsabilité parentale. « Si elles refusent de le signer ou ne le respectent pas, je ferai suspendre les allocations pour une mise à l'épreuve de six mois. »
« Arrêtons les effets d'annonce qui ne servent à rien, sinon à flatter les plus bas instincts de nos concitoyens » réplique le président de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) 06, André Gaucher. Pour Michel Brouchon, président de la Fédération indépendante des parents d'élèves (FIPE) 06, « on mélange là des aspects judiciaire et social, qui doivent rester séparés ».
« Un bel effet de com' »
Dura lex, sed lex : la loi est dure, mais c'est la loi. Philippe Jourdan, l'inspecteur d'académie, répond sobrement que « la loi est faite pour être appliquée. »
Est-elle à même d'apporter une réponse au problème de l'autorité parentale ? Pas pour l'opposition de gauche niçoise. « Si cette loi n'est jamais appliquée, c'est que ses effets sont trop graves », fulmine Yann Librati. Le conseiller municipal PS voit là « une double peine et un bel effet de com'. Pourquoi agiter ce chiffon rouge ? »
« Le but n'est pas de stigmatiser tout un quartier », a pris soin de préciser Christian Estrosi. Mais pour Yann Librati, les plus touchés seront bien « les familles nombreuses et les plus pauvres » La polémique qui avait agité la dernière campagne présidentielle semble ravivée.
source: Nice Matin.