Commencer les cours trop tôt représente "une charge irréaliste" pour l’adolescent. C’est la position d’un expert, Paul Kelley, chercheur au Sleep & Circadian Neuroscience Institute de l’Université d’Oxford. Il dénonce, pour la plupart des étudiants (ici américains), le choc, 5 jours par semaine, entre leur » biologie circadienne » ou horloge biologique, et les horaires de début des cours. Conséquences évoquées, fatigue, somnolence mais aussi moins bonne performance cognitive. Sa position très documentée à partir des nombreuses études publiées sur le sujet, appelle à franchir l’étape, certes lourde en conséquence, d’une révision des horaires.
L’auteur cite en préalable les nombreuses études menées, depuis 30 ans, sur le sommeil des jeunes et son évolution avec l‘émergence des dispositifs électroniques, dont les tablettes qui contribuent à des heures de coucher de plus en plus tardives. Aujourd’hui, seule une toute petite partie des adolescents se tiennent aux 9 heures recommandées (précisément 8 à 10 heures par jour) par la National Sleep Foundation (NSF) américaine, un manque de sommeil caractérisé durant les seuls jours de la semaine. Autre donnée, à compter de la rentrée universitaire, les jeunes vont perdre environ 3 heures de sommeil par semaine.
La question de l’heure du début des cours : Aux Etats-Unis, la question des horaires de cours reste en suspens. Aujourd’hui, plus de 42% des étudiants commencent avant 8 heures du matin. Un horaire auquel les niveaux de mélatonine, l’hormone du sommeil, encouragent toujours le sommeil. L’horloge biologique, » située » dans le noyau suprachiasmatique du cerveau, gère un cycle de sommeil / éveil chez l’adolescent calé de 23 heures à 8 heures. Le déphasage actuel entraîne des effets confirmés par les tests de performance, comme des troubles de l’apprentissage et du développement du cerveau. Parmi les effets néfastes de ce dérèglement de l’horloge, lié au manque chronique de sommeil chez l’adolescent, une » brume » cognitive éprouvée au quotidien mais aussi de moins bons résultats scolaires.
Une capacité d’apprentissage altérée mais aussi …l’augmentation des taux de dépression, des niveaux élevés d’anxiété, un risque accru de pensées suicidaires et de tentatives de suicide, une augmentation du taux d’accidents automobile, une réduction de la pratique du sport, la prise de poids, l’augmentation des comportement à risques, dont l’usage de drogues ou la consommation d’alcool, une augmentation du risque de troubles du comportement social, mais aussi la fatigue, une pression artérielle élevée, et des anomalies le développement du cerveau sont tous des effets qui ont été documentés par la littérature scientifique comme associés au manque chronique de sommeil chez les jeunes. Or, un début des cours, trop tôt le matin, est reconnu comme un facteur majeur de carence de sommeil à l’adolescence.
Les expériences de report des premiers cours à des horaires plus » raisonnables » ont toutes démontré des effets bénéfiques : sur la santé des étudiants, leur bien-être et leurs performances et, bien sûr un meilleur sommeil, moins de symptômes dépressifs, plus de motivation et de participation aux cours et autres activités. Retarder l’heure de début des cours est une stratégie aujourd’hui qui a fait ses preuves l’obtention d’un sommeil suffisant chez les adolescents.
L’appel est donc à une révision des horaires de cours pour le bénéfice physique et cognitif des adolescents, avec toutes les implications en matière d’organisation dont de vie personnelle des enseignants, de budgets et de transport scolaire. Aux Etats-Unis, comme en France, cette évolution » coince « . Pourtant, » pas une seule objection ne se rapporte à l’éducation « , remarque l’auteur. Un plaidoyer donc pour favoriser l’apprentissage des jeunes plutôt que de le compliquer.
Source:schoolstarttime.org The Timing of Education
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