En cette période de fin d'été, aucune exposition temporaire n'est programmée dans le plus grand musée du monde. Raison de plus pour revenir visiter ses collections permanentes. Arrivé sous la pyramide, il faut choisir : pas question de se perdre - ce qui pourtant est bien facile car la signalétique est souvent défaillante ... C'est toujours une angoisse que de retourver la sortie.
Jeudi après-midi, notre choix s'est orienté vers l'aile Richelieu, le département des objets d'art. Nous nous étions déjà extasiés devant la nouvelle mise en scène des objets caractéristiques de l'art français des XVIIème et XVIIIème siècles. Cette fois, nous avons commencé au tout début : le moyen-âge et les émaux de Limoges, les ivoires somptueux comme cette couverture de livre saint représentant l'empereur triomphant (Ivoire Barberini), des plaques si finement ciselées. Les crosses d'évêques - souvent représentant des serpents, ce qui nous a étonnés - les émaux champlevés du XIIIème siècle, les instruments de la majesté royale.
Nous avons donc retrouvé les accessoires du sacre des rois de France comme le sceptre de Charles V surmonté d'une extraordinaire représentation de Charlemagne, l'épée du sacre, "Joyeuse" (des objets revus dans l'émission "Secrets d'Histoire" rediffusée récemment, consacrée à Charlemagne), la couronne impériale réinventée pour Napoléon 1er et, magnifique, la tapisserie qui servait de toile de fond au dais de Charles VII.
Elle a conservé ses couleurs éclatantes depuis le 2ème quart du XVème siècle. Tendue juste derrière le trône royal, réalisée vraisemblablement par Jacob de Lillement, elle représente un grand soleil d'or et de multiples petits soleils, et deux anges vêtus de tuniques bleues semées de fleurs de lys tenant une couronne qui se trouvait juste au-dessus de la tête du roi, affirmant ainsi sa légitimité divine.
Cette pièce exceptionnelle, réapparue en 2005, a été acquise en partie grâce à la Société des Amis du Louvre. On se sent naïvement un peu fiers d'appartenir à cette confrérie ...
Insensiblement, on glisse dans l'époque de la Renaissance : les représentations deviennent profanes, les émaux, toujours, mais aussi les faïences avec des Vénus, des naïades ... et enfin, on renoue avec le style Grand Siècle. Je reste sans voix devant les merveilles des tabatières, les porcelaines délicates, les pièces d'argenterie monumentales - du moins celles qui ont échappé à la fonte - mais j'avais déjà parlé de ces splendeurs dans un précédent billet ...
Le Louvre est un monde, à nous de l'explorer - même à petites doses - dans tous ses recoins.
Jeudi, malgré les touristes du monde entier, il n'y avait pratiquement personne : un confort de visite exceptionnel.