J’ai couru sur le plus beau circuit du monde

Publié le 11 septembre 2015 par Mentalo @lafillementalo

Je cours pour évacuer le stress, les pensées qui polluent l’action, pour m’aérer la tête et bouger le reste. Je cours aussi pour me montrer que j’en suis capable, malgré des poumons bien trop petits pour ma taille, malgré les pointes au côté des tours de cour du primaire. Je cours parce que ça ne demande pas d’horaire, juste un peu de motivation parfois. Le plus souvent seule, n’étant pas très fan de mélanges d’effluves corporelles, dans les bois, vivons heureuse courons cachée.

Et puis voilà que je suis invitée à courir sur le circuit de Formule 1 de Spa-Francorchamps, que les avertis appellent « le plus beau circuit du monde ». Enfin, disons que je suis inscrite à mon insu par le Coach, aka mon frère marathonien à ses heures perdues. Prudent, il m’a inscrite pour un seul tour de circuit, soit 7 km. Ma première course, donc.

Arrivée sur place, les prototypes Ferrari et BMW tournent encore sur le circuit et font vrombir leurs moteurs qui résonnent dans la vallée. Je récupère mon dossard et me rends dans les stands transformés en vestiaires. Je ne suis pas fan de Formule 1, mais c’est assez rigolo quand-même.

Quelques minutes avant la course, nous nous descendons sur la grille de départ, à la place des voitures.  Je retrouve quelques amis, nous regardons sur la droite, vers le haut du circuit, et la voix au micro confirme: « attention, la première côte, celle de l’Eau Rouge, est à près de 15%… » En bas, sur le tarmac, nous ne faisons pas les fiers.

Le Coach, aka mon frère, m’a juste laissé ces instructions: « tu y vas mollo jusque tout en haut, après tu t’amuses ». Je flippe. Je sais que mes tout petits poumons détestent les côtes raides. Je laisse partir les copains, j’enfonce mes écouteurs dans les oreilles, et j’y vais à mon rythme. Je réalise très vite que je double beaucoup de gens qui marchent, partis trop vite, crâmés. Je sais que la côte raide fait 400 mètres, suivie d’une côte régulière de 2 km, qui paraît presque simple après la première.

Et j’arrive en haut, je suis bien, la vue est splendide, l’ambiance est géniale, les gens s’encouragent mutuellement. On entame la descente, on plaisante. Au ravitaillement, ma toute petite nièce me tend un verre d’eau – je manque de m’étouffer avec, je ne suis pas encore très au point…

J’avais complètement oublié ce détail, trop focalisée sur le Raidillon de l’Eau Rouge, mais au bout de la descente, il va bien falloir remonter. Vent de face, j’ai l’impression de courir sur place. Nous coupons les trajectoires comme les voitures, en file indienne, c’est amusant, mais ça se traîne. Dernier tournant, je me sens très bien, les jambes et le mental à fond, je me dis que j’enchaînerais bien sur un second tour. Puis je me rappelle le faux plat de la grille de départ, le raidillon… je crains un peu de craquer bêtement et je préfère rester sur une bonne impression pour une première fois. Dernière ligne droite, sursaut d’orgueil, je sprinte et dépasse tout ce qui traîne par là… J’arrive avec le sourire jnusqu’aux oreilles. Je l’ai fait! J’ai vaincu le raidillon de l’enfer!  Au final, surprise, j’ai fait un très joli temps (d’amateur) et je suis pas mal classée du tout dans ma catégorie (les vétérans, ouche). Et surtout, je peux dire que j’ai couru sur le plus beau circuit du monde.