Titre: UnFauxBoulot Auteur : Le Cil Vert Editeur : Delcourt Collection : Shampooing Année : 2015 Page : 128 Prix : 15,50€ Résumé : Tout démarre avec un souvenir d'enfance du héros, nommé Jean. Souvenir curieux de ses jeux et d'une... amie imaginaire ! Jean a grandi. Aujourd'hui, il travaille comme accompagnateur de personnes handicapées en vacances. Jean les appelle les vacanciers, terme moins exclusif que handicapés. Il n'est pas seul dans cette tâche ardue, heureusement. Au cours de différents séjours, nous allons découvrir les angoisses de Jean et comment les personnes qu'il accompagne vont pouvoir, à leur manière, sans le savoir, l'accompagner lui. Ses relations avec les autres accompagnateurs, sa mère, le monde, son inconscient ressortent aussi au fur et à mesure des chapitres de cette BD. Et toujours ce diable qui rôde quelque fois en bas de page, sans qu'on sache trop ce qu'il cherche, ou bien même s'il est vraiment là... Mon avis : Le Cil Vert – c'est le nom de l'auteur – parvient à m'entraîner à sa suite sur un sujet doublement difficile. Difficile une fois, car il n'est guère facile de rendre attirant la plongée dans les angoisses d'un auteur qui se met en scène de manière indirecte. Je vous entends déjà : « Ah non, encore un qui va nous faire partager ses névroses ! ». Et difficile deux fois car le statut d'accompagnateur pour personnes handicapées et les mésaventures qui y sont liées pourraient faire croire à une histoire dramatique et plombante. Je sais : « Oh là là, il va nous raconter le drame des handicapés, un Intouchables en BD, c'est ça ! ». Et bien, excellente nouvelle, Le Cil Vert nous réserve une bonne surprise. Le souvenir introduisant le récit fonctionne à merveille et a éveillé ma curiosité. Non, au final, une histoire pas languissante, pas dramatique, juste curieuse, intrigante, avec ces moments qui vous donnent envie de tourner la page pour en savoir plus. Et en savoir plus, c'est suivre Jean, l'avatar de l'auteur qui a exercé cette dure tâche, au travers de plusieurs séjours. On comprend rapidement que Jean a un souci. Non, pas le fait que le travail qu'il fait soit vu par sa mère comme passager et qu'elle pense que son fils devrait chercher un « vrai travail ». Il s'agit d'autre chose. Un souci plus profond, si profond qu'on l'oublie même au cours des chapitres de ce récit. Mais il ressurgit de temps en temps par des symptômes difficiles : crises d'angoisse, doute existentiel et autre. Cette question de fond : « Quelle insupportable casserole peut bien trimballer Jean ? » se diffuse tout au long du récit, sans vraiment le sous-tendre. Attention, nous ne sommes pas dans un thriller, mais dans une histoire de vie, de la vie de tous les jours, bon, dans des conditions un peu particulières, celles de ces fameux séjours. Ces voyages rythment l'histoire. Un séjour, un retour chez sa mère, un séjour, un retour chez sa mère et ainsi de suite. Ne vous inquiétez pas, il y en a peu et tous sont différents. Exactement comme lorsque vous partez en vacances dans un endroit génial, que vous décidez d'y retourner l'année suivante et que rien n'est plus exactement pareil. Et vous aurez au final deux souvenirs différents alors que vous avez fait la même chose, à un an près. Il y a donc une intrigue courte, « Est-ce que le voyage va bien se passer ? Jean évitera-t-il la catastrophe ? » mais qui permet de découvrir les problématiques rencontrés dans le fonctionnement et l'organisation de ces séjours, répondant ainsi discrètement à plusieurs questions qu'on se pose, et soulevant beaucoup d'autres interrogations par le regard de Jean. Mais le Cil Vert prend du recul, il ne présente pas tous les handicapés comme des gens extraordinaires avec une âme incroyablement profonde et tous les accompagnateurs ne sont pas des bénévoles angéliques qui finiront sanctifiés ! Jean nous les montre de son point de vue. Du point de vue extérieur de celui qui ne sait pas forcément comment entrer dans la tête des gens pour les comprendre – vu que c'est encore un peu compliqué dans la sienne - . Il y a donc les gens qu'il apprécie, ceux qu'il aime, ceux avec qui il se lie, ceux qu'il ignore sans s'en rendre compte, ceux qu'il découvre avec tendresse. Et dans cette histoire, ce qui est sûr, c'est que Jean ne se donne pas la belle part ! Il commet des erreurs, celles que nous commettrions sans doute à sa place, parfois légères mais parfois graves. Et tout départ appelant un retour – pas forcément d'ailleurs – Jean revient... chez sa mère. C'est une autre facette de ce personnage que nous découvrons et là aussi, il ne se donne pas forcément le beau rôle ! Vous faites une pause et vous dites : « Cela semble intéressant, mais ardu d'approche ! ». Effectivement, cela pourrait l'être mais Le Cil Vert utilise un ingrédient magique, distillé avec parcimonie, qu'il sait doser à merveille : l'humour ! Rien de pontifiant dans cette BD, juste un regard sain, honnête et surtout drôle. Le seul reproche que l'on pourrait faire à ce récit, enfin, le seul reproche que je pourrais faire à ce récit, - à chacun de se faire son avis après tout – c'est ce sentiment parfois de « chute de bas de page ». Un gag ou une réflexion qui conclut une situation en bas de page. Du coup, j'ai l'impression sous-jacente d'avoir de temps en temps un recueil de gags entre les mains, sans qu'il soit présenté comme tel puisque la narration est continue, juste coupée au rythme des séjours. Curieux, car cela m'a parfois fait sortir de la lecture. Mais j'avoue ne pas avoir eu trop de mal à m'y replonger ! Le dessin n'y est pas pour rien.
Titre: UnFauxBoulot Auteur : Le Cil Vert Editeur : Delcourt Collection : Shampooing Année : 2015 Page : 128 Prix : 15,50€ Résumé : Tout démarre avec un souvenir d'enfance du héros, nommé Jean. Souvenir curieux de ses jeux et d'une... amie imaginaire ! Jean a grandi. Aujourd'hui, il travaille comme accompagnateur de personnes handicapées en vacances. Jean les appelle les vacanciers, terme moins exclusif que handicapés. Il n'est pas seul dans cette tâche ardue, heureusement. Au cours de différents séjours, nous allons découvrir les angoisses de Jean et comment les personnes qu'il accompagne vont pouvoir, à leur manière, sans le savoir, l'accompagner lui. Ses relations avec les autres accompagnateurs, sa mère, le monde, son inconscient ressortent aussi au fur et à mesure des chapitres de cette BD. Et toujours ce diable qui rôde quelque fois en bas de page, sans qu'on sache trop ce qu'il cherche, ou bien même s'il est vraiment là... Mon avis : Le Cil Vert – c'est le nom de l'auteur – parvient à m'entraîner à sa suite sur un sujet doublement difficile. Difficile une fois, car il n'est guère facile de rendre attirant la plongée dans les angoisses d'un auteur qui se met en scène de manière indirecte. Je vous entends déjà : « Ah non, encore un qui va nous faire partager ses névroses ! ». Et difficile deux fois car le statut d'accompagnateur pour personnes handicapées et les mésaventures qui y sont liées pourraient faire croire à une histoire dramatique et plombante. Je sais : « Oh là là, il va nous raconter le drame des handicapés, un Intouchables en BD, c'est ça ! ». Et bien, excellente nouvelle, Le Cil Vert nous réserve une bonne surprise. Le souvenir introduisant le récit fonctionne à merveille et a éveillé ma curiosité. Non, au final, une histoire pas languissante, pas dramatique, juste curieuse, intrigante, avec ces moments qui vous donnent envie de tourner la page pour en savoir plus. Et en savoir plus, c'est suivre Jean, l'avatar de l'auteur qui a exercé cette dure tâche, au travers de plusieurs séjours. On comprend rapidement que Jean a un souci. Non, pas le fait que le travail qu'il fait soit vu par sa mère comme passager et qu'elle pense que son fils devrait chercher un « vrai travail ». Il s'agit d'autre chose. Un souci plus profond, si profond qu'on l'oublie même au cours des chapitres de ce récit. Mais il ressurgit de temps en temps par des symptômes difficiles : crises d'angoisse, doute existentiel et autre. Cette question de fond : « Quelle insupportable casserole peut bien trimballer Jean ? » se diffuse tout au long du récit, sans vraiment le sous-tendre. Attention, nous ne sommes pas dans un thriller, mais dans une histoire de vie, de la vie de tous les jours, bon, dans des conditions un peu particulières, celles de ces fameux séjours. Ces voyages rythment l'histoire. Un séjour, un retour chez sa mère, un séjour, un retour chez sa mère et ainsi de suite. Ne vous inquiétez pas, il y en a peu et tous sont différents. Exactement comme lorsque vous partez en vacances dans un endroit génial, que vous décidez d'y retourner l'année suivante et que rien n'est plus exactement pareil. Et vous aurez au final deux souvenirs différents alors que vous avez fait la même chose, à un an près. Il y a donc une intrigue courte, « Est-ce que le voyage va bien se passer ? Jean évitera-t-il la catastrophe ? » mais qui permet de découvrir les problématiques rencontrés dans le fonctionnement et l'organisation de ces séjours, répondant ainsi discrètement à plusieurs questions qu'on se pose, et soulevant beaucoup d'autres interrogations par le regard de Jean. Mais le Cil Vert prend du recul, il ne présente pas tous les handicapés comme des gens extraordinaires avec une âme incroyablement profonde et tous les accompagnateurs ne sont pas des bénévoles angéliques qui finiront sanctifiés ! Jean nous les montre de son point de vue. Du point de vue extérieur de celui qui ne sait pas forcément comment entrer dans la tête des gens pour les comprendre – vu que c'est encore un peu compliqué dans la sienne - . Il y a donc les gens qu'il apprécie, ceux qu'il aime, ceux avec qui il se lie, ceux qu'il ignore sans s'en rendre compte, ceux qu'il découvre avec tendresse. Et dans cette histoire, ce qui est sûr, c'est que Jean ne se donne pas la belle part ! Il commet des erreurs, celles que nous commettrions sans doute à sa place, parfois légères mais parfois graves. Et tout départ appelant un retour – pas forcément d'ailleurs – Jean revient... chez sa mère. C'est une autre facette de ce personnage que nous découvrons et là aussi, il ne se donne pas forcément le beau rôle ! Vous faites une pause et vous dites : « Cela semble intéressant, mais ardu d'approche ! ». Effectivement, cela pourrait l'être mais Le Cil Vert utilise un ingrédient magique, distillé avec parcimonie, qu'il sait doser à merveille : l'humour ! Rien de pontifiant dans cette BD, juste un regard sain, honnête et surtout drôle. Le seul reproche que l'on pourrait faire à ce récit, enfin, le seul reproche que je pourrais faire à ce récit, - à chacun de se faire son avis après tout – c'est ce sentiment parfois de « chute de bas de page ». Un gag ou une réflexion qui conclut une situation en bas de page. Du coup, j'ai l'impression sous-jacente d'avoir de temps en temps un recueil de gags entre les mains, sans qu'il soit présenté comme tel puisque la narration est continue, juste coupée au rythme des séjours. Curieux, car cela m'a parfois fait sortir de la lecture. Mais j'avoue ne pas avoir eu trop de mal à m'y replonger ! Le dessin n'y est pas pour rien.