Plus de temps pour les repas pris à la cantine signifie aussi des choix alimentaires plus sains, avec plus de fruits et légumes, pour les enfants, conclut cette étude de la Harvard School of Public Health (Boston). Les conclusions, présentées dans le Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics, rappellent que le repas est trop souvent "bousculé" à la cantine et 2 effets de base : Un repas pris à la va-vite suggère un risque d’apport calorique insuffisant pour la journée d’école, mais aussi une diminution de la satiété, qui peut conduire, de retour à la maison, à la suralimentation et contribuer à l’obésité.
La question est particulièrement sensible aux Etats-Unis, où chaque jour, plus de 30 millions de jeunes américains reçoivent un repas gratuit ou à prix réduit grâce au Programme National School Lunch. Pour ces enfants, majoritairement de foyers à faible revenu, ces repas peuvent représenter presque la moitié de leur apport calorique quotidien. En France, le problème est similaire et depuis mars 2015, pour ces mêmes raisons, l’accès de tous les enfants à la cantine est garanti, pour prendre en compte les besoins alimentaires des enfants de foyers démunis.
Ici, l’étude a examiné l’association entre la longueur du repas, les choix alimentaires et l’apport calorique des élèves. Les données ont été recueillies sur 6 jours non consécutifs dans le cadre de l’étude MEALS menée en milieu scolaire. Les chercheurs ont en fait évalué les déchets liés au repas pour en déduire les aliments consommés. Leur analyse constate que lorsque les enfants ont moins de 20 minutes pour manger,
· ils sont beaucoup moins susceptibles de choisir un fruit par rapport aux autres élèves qui ont au moins 25 minutes pour le déjeuner (44% vs 57%).
Ils sont également moins susceptibles de consommer :
· leurs entrées : -13% (en moins),
· leur lait : -10%,
· leurs légumes : -12%.
En conclusion, avoir moins de temps pour manger est synonyme de faire une croix sur un certain nombre d’aliments clés d’une alimentation saine.
25 minutes pour le déjeuner, c’est le temps minimum estimé par ces chercheurs, pour un repas équilibré et pris dans de bonnes conditions à l’école. Les élèves qui peuvent prendre au moins ces 25 minutes pour déjeuner sont plus susceptibles de choisir de consommer des fruits, vont prendre le temps de consommer leur entrée et les légumes qui accompagnent le plat principal.
L’environnement alimentaire scolaire peut ainsi avoir d’importantes répercussions en santé publique, dans la lutte contre les disparités socio-économiques et dans la prévalence de l’obésité. Laisser suffisamment de temps pour manger aux enfants, fait partie des interventions en faveur d’un bon équilibre alimentaire. Enfin, les auteurs insistent sur une réalité parfois bien plus bousculée qu’évoquée par ces données : les enfants sont parfois contraints d’utiliser leur temps de déjeuner à attendre leur tour pour obtenir leur déjeuner. Enfin de compte, ce n’est pas en 20 minutes, mais en 10 qu’ils doivent avaler leur déjeuner.
Les conséquences d’un déjeuner » sur le pouce » : un apport calorique insuffisant pour certains enfants, une diminution de la satiété, ce qui peut conduire à la suralimentation une fois à la maison et contribuer à l’obésité. Enfin, dernier argument, le gaspillage, qui pourrait être limité avec un temps plus long pour déjeuner.
Source: Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics (In Press) via Eurekalert (AAAS) More time for school lunches equals healthier choices for kids (Visuel@ Juliana F. W. Cohen)
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