C’est la guerre. Une guerre civile, c’est-à-dire les mêmes contre les mêmes. Sans doute avec des motivations différentes mais on tue, il y a des morts. Alors, un jour, on décide de fuir, d’être un autre, pour une nouvelle vie. Les passeurs organisent le départ, ils font de trois êtres qui ne se connaissaient pas une famille. Changement de nom, changement de pays. Le Sri Lanka quitté, c’est l’arrivée à Paris d’abord et le commerce de ces choses inutiles qui scintillent dans les couloirs du métro, les premiers mots en français. Les papiers obtenus et le premier emploi régulier : gardien dans une cité. Et c’est toujours la guerre, pour d’autres motifs peut-être (mais au fond est-ce tellement différent ?), les mêmes contre les mêmes.
Ce n’est pas un documentaire sur les cités. C’est un film qui parle de l’humanité. Quittant le connu pour l’inconnu, les trois principaux personnages n’y mettent pas les mêmes espoirs : s’intégrer coûte que coûte au risque de perdre les souvenirs qui reviennent pourtant à l’assaut, chercher plutôt à se rapprocher de ceux qui sont partis avant et retrouver sa communauté, résister aux diverses formes d’exclusion…
Et c’est aussi une histoire d’amour. Traversée de toutes les difficultés, ici exacerbées, de relations entre homme et femme, et, en même temps, forte du respect réciproque qui lie ces individus. Le film donne à chacun sa place, le spectateur est tantôt avec l’homme (Antonythasan Jesuthasan), tantôt avec la femme (Kalieaswari Srinivasan), tantôt avec l’enfant (Claudine Vinasithamby).
Et le feu, toujours, menace les « No fire zone ».