A Shellawick, un bled perdu en plein désert du Midwest, écrasé par la chaleur et submergé par la poussière et les mouches,vit une petite communauté d'habitants tous plus loufoques les uns que les autres. Enfant, Tom Elliot, le narrateur, a été l'égérie de Buffalo Rocks, l'usine de pop-corn qui emploie la plupart des habitants de la ville. Après avoir été à l'université, il décide d'ouvrir un petit supermarché, qu'il appelle tout simplement "Le Bonheur" car il y vend "la trilogie du bonheur : manger à sa faim, se laver et tuer les mouches". Malheureusement, peu de temps après, une énorme grande surface dont le propriétaire n'est autre que Buffalo Rocks, ouvre en face, causant la faillite de Tom.
La toute nouvelle grande surface ouverte apparaît différemment aux yeux de Tom et de ses clients perdus. Ces derniers s'y rendent attirés par la climatisation de ce paradis de la consommation où tout - et surtout n'importe quoi - se vend à des prix ultra compétitifs. Pour Tom, petit commerçant, le nouveau supermarché est un labyrinthe cauchemardesque qui conserve incompréhensiblement ses vitres toujours propres, grâce à une armée de robots qui ne lâchent pas les clients d'un pouce. Popcorn Melody raille et alerte sur la société de consommation, l'écrasement des petits commerces par les grandes surfaces, la concurrence déloyale et la déshumanisation des services. Avec son commerce, Tom avait aussi un autre objectif : en installant le fauteuil de barbier de son père décédé devant sa caisse, il était aussi là pour écouter ses clients et parfois amis s'épancher et raconter leurs histoires. Cet aspect humain est complètement anéanti par le nouveau supermarché.
Si les thèmes évoqués me parlent et m'intéressent, je n'ai pas été très convaincue par le traitement qu'il en est fait dans ce roman. Les situations ne sont pas crédibles, et si le but de ce décalage avec la réalité est l'humour, je n'ai pas été séduite par le côté déjanté. Ce roman satirique se lit très vite, mais je n'ai pas su m'attacher au personnage principal, Tom, sorte d'anti-héros ou héros malgré lui, loser au cœur tendre qui aime composer un haïku sur chaque client qui passe sa porte, mais un personnage un peu effacé et faible à mon goût. Les autres personnages sont à peine esquissés, et par forcément à leur avantage, avec ce côté un peu arriéré et ce patois assez énervant.
Cette satire du monde la consommation avait tout pour me plaire, mais m'a laissée au bord de la route et ne me laissera pas un souvenir impérissable, malgré une écriture fluide et des aspects comiques pas inintéressants.
Ce roman a été lu dans le cadre de l'opération Explolecteurs de www.lecteurs.com.