Pour cause d’Apartheid, les Springboks n’ont pas eu l’autorisation de participer aux deux premières Coupes du Monde en 1987 et 1991. Si comme moi vous avez subi Invictus au cinéma, vous êtes déjà au fait de la magnifique nation arc en ciel qui marche comme un seul homme vers le titre de Champion du Monde à domicile en 1995! La réalité est moins idyllique et les accusations de dopage quelques années plus tard ainsi que la surprenante intoxication alimentaire des All Blacks la veille de la finale ou (Pierre Berbizier ferme vite cette page) l’arbitrage maison de Derek Bevan face à la France viennent ternir ce beau tableau. La génération des Francois Pienaar, Mark Andrews, Ruben Kruger, Joost van der Westhuizen voire Andre Joubert, Hennie le Roux ou Chester Williams reste cependant l’une des plus belle des Sud Africains.
Scène devenue historique, Nelson Mandela remettant la Coupe Web Ellis à Francois Pienaar
5 drops pour Jannie de Beer en quarts face aux Anglais
Les Wallabies et le drop magistral de Stephen Larkham sortent les Springboks en demies du Mondial 1999 qu’ils remporteront ensuite face au XV de France. C’est grâce aux drops que les Boks s’étaient déjà illustrés face aux Anglais au tour précédent avec les 5 inscrits par Jannie de Beer à Paris. Le Mondial 2003 en Australie s’avèrera être un échec avec une sortie en quarts de finale, et la révélation du scandale du Kamp Staaldraad organisé par le coach Rudolph Straeuli pour “fédérer” ses troupes!
Les Sud Africains arrivent à Paris à l’automne 2007 avec le plein de confiance même si comme d’habitude la planète ovale n’a d’yeux que pour les All Blacks. Pourtant en y regardant de plus près, ce sont deux franchises Sud Africaines (les Bulls et les Sharks) qui se sont affrontées en finale du Super Rugby et lors du Tri Nations, Jake White a largement fait tourné son groupe pour reposer ses cadres. Avec un jeu minimaliste mais efficace, les Springboks remportent leur deuxième Mondial, celui d’une génération menée par Victor Matfield, John Smit, Bakkies Botha, Schalk Burger, Jean de Villiers, Bobby Skinstad, Percy Montgomery ou Bryan Habana. Le pilier Os du Randt en profitera pour remporter son second trophée Mondial!
John Smit soulève la Coupe Web Ellis au Stade de France en 2007
Malgré une saison 2009 exceptionnelle avec leur succès lors de la tournée des Lions Britanniques & Irlandais après quelques matchs épiques ainsi qu’une victoire lors du Tri Nations, ils ne peuvent conserver cet excellent niveau deux ans plus tard lors du Mondial 2011 où ils s’inclinent en quarts devant les Wallabies. L’arbitrage de Bryce Lawrence a été fortement décrié après ce match et le Néo Zélandais a pris sa retraite dès la saison suivante. Aujourd’hui le meilleur ami des Springboks muni d’un sifflet se nomme Romain Poite… espérons pour eux qu’il ne croise pas leur route au cours du tournoi Anglais. Pour découvrir une sélection (toute personnelle) des meilleurs Sud Africains de l’histoire, direction le Hall of Fame.
LEUR SAISON 2015
Jesse Kriel, la bonne pioche des Boks en 2015
On peut parler d’une année difficile en Afrique du Sud, sur le terrain comme dans les coulisses, aussi bien en Super Rugby qu’en équipe nationale. Vu comme ça, le tableau semble peu réjouissant à quelques jours de leur premier match contre le Japon à Brighton. Si on laisse de côté le test match relativement simple (victoire 46-10) face à une sélection Toulon… Mondiale en début de saison internationale, les hommes d’Heyneke Meyer n’ont pour le moment remporté qu’un seul test match à Buenos Aires face aux Pumas (victoire 12-26). Ils ont tout d’abord craqué dans les dernières minutes face aux Wallabies à Brisbane (défaite 24-20), puis se sont inclinés à Johannesburg face aux All Blacks (défaite 20-27) avant de sombrer face à des Argentins survoltés à Durban (défaite 25-37). Meyer a certes du composer avec les blessures de nombreux cadres voire les subites retraites internationales post signature dans un club du Top 14, mais le style affiché par ses joueurs a laissé perplexes de nombreux observateurs. Les Springboks ont montré peu d’envie de réussir et leur attitude a été également critiquée. Difficile de parler de fin de cycle avec les différentes générations formant le groupe. Notons tout de même quelques révélations comme Jesse Kriel ou Damian de Allende. Ont-ils volontairement laissé filer des rencontres pour souffler comme lors de la seconde partie du Tri Nations 2007? Réponse lors des prochaines semaines!
Marcell Coetzee et Heinrich Brussow incapables de rattraper Juan Imhoff, auteur d’un hat trick à Durban
En Super Rugby les provinces Sud Africaines n’ont également pas marqué l’édition 2015 de leur emprunte. Les habituels tauliers des Sharks (11e) et des Bulls (9e) ont plus que déçu mais forment encore la majeure partie de l’effectif pour ce Mondial. La prime à la réputation plus qu’à la performance. Seuls les Stormers ont participé aux play offs grâce à leur première place de la poule SudAf. Cependant avec 45 points au compteur, ils auraient du se retrouver en 7e position et donc manquer les phases finales. Les Lions (8e) ont insufflé un vent de fraîcheur et de renouveau mais pas suffisamment pour convaincre Heyneke Meyer. Pourtant, peu de nations se passeraient de joueurs comme Warren Whiteley, Jaco Kriel, Elton Jantjies ou Lionel Mapoe. Si l’on ne se fie qu’aux résultats, les Springboks semblent mal engagés.
LE STAFF TECHNIQUE
Heyneke Meyer est le sélectionneur des Springboks depuis 2012 et la mise à l’écart de Peter de Villiers. Considéré à juste titre comme le meilleur entraîneur Sud Africain à l’époque (il l’est certainement encore aujourd’hui), sa nomination est une juste récompense car il aurait déjà dû occuper ce poste en 2008 sans l’intervention politiquement correcte de la fédération Sud Africaine. A la tête des Bulls entre 2000 et 2007, il s’est évertué à bâtir une génération de joueurs lui ayant permis de remporter le premier Super Rugby de l’histoire de l’Afrique du Sud en 2007. Déçu de ne pas avoir obtenu les rênes de l’équipe nationale, il a occupé le poste d’entraîneur des Leicester Tigers avant de revenir à Pretoria comme Director of Coaching, supervisant ainsi son remplaçant à la tête des Bulls Frans Ludeke.
Heyneke Meyer, toujours transcandé lors du Nkosi Sikelel’ iAfrika
Pour composer son staff il s’est entouré de proches collaborateurs des Bulls comme Johan van Graan, entraîneur des avants de la capitale entre 2005 et 2011. Associé à John McFarland comme spécialiste de la défense, ils essayent de transposer la réussite du pack des Bulls entre 2007 et 2010 à la sélection nationale. Un ancien de la maison bleue est aussi aux commandes des lignes arrières, l’ancien international Ricardo Loubscher qui a débuté sa carrière comme coach dès sa retraite en 2005. Meyer s’appuie également sur des anciens internationaux pour des préparations plus spécifiques. L’ancien ouvreur des Springboks Louis Koen, éphémère Narbonnais, est en charge du jeu au pied alors que Pieter de Villiers, ancien pilier du Stade Français et du XV de France (mais né au nord de Cape Town) s’occupe de la mêlée.
L’EQUIPE POSTE PAR POSTE
Adriaan Strauss, un back up de qualité
Brillants depuis trois saisons, les deux tauliers Sud Africains au talon ont marqué le pas en cette année 2015. Mauvais timing! Mais difficile de croire que Bismarck du Plessis et Adriaan Strauss ne seront pas près le Jour J. Bismarck s’est surtout illustré par son agressivité cette saison, écarté des terrains par des suspensions avec les Sharks. Etait-il sous tension suite à ses négociations pour se défaire (en vain) de son pré contrat avec Montpellier? Difficile à savoir mais il devra en tout cas se canaliser et afficher le même niveau qu’en fin de Super Rugby où on l’a vraiment retrouvé. En changeant de club (passage des Cheetahs aux Bulls), Strauss s’est mis en danger en rejoignant un effectif que l’on attend forcément en haut du tableau. Leader incontesté à Bloemfontein, il s’est fort logiquement retrouvé plus en retrait à Pretoria où l’abondance de stars ne lui a pas permis de s’illustrer. Il reste cependant un remplaçant de grande qualité pour du Plessis et l’un des meilleurs mondiaux à son poste. Enfin Schalk Brits sera le troisième talonneur du groupe. Plus connu pour son activité digne d’un troisième ligne avec les Saracens, il ne devrait pas beaucoup fouler les terrains Britanniques.
Les frères Bismarck et Jannie du Plessis forment, avec Tendai Mtawarira, la première ligne indiscutable des Springboks et des Sharks.
La présence du pilier polyvalent Conie Oosthuizen est un gros pari
Pas de surprises chez les piliers où nous retrouvons l’indéboulonnable Tendai Mtawarira sur le côté gauche de la mêlée. Si quelques soucis cardiaques ont pu nous inquiéter en début d’année, tout cela semble être de l’histoire ancienne et The Beast devrait être en pleine possession de ses moyens lors de la Coupe du Monde. Réputé pour sa puissance et sa défense, il est également très solide en mêlée fermée. Un client pour ses futurs adversaires. Malheureusement son back up Trevor Nyakane n’offre pas les mêmes certitudes. Son départ des Cheetahs pour les Bulls l’a mis en concurrence avec Dean Greyling avec qui il a partagé les titularisations. Un bon joueur de Super Rugby mais pas un cador sur la scène internationale. A droite Bismarck retrouvera son frère Jannie du Plessis, toujours solide sans être une référence planétaire à son poste. Celui qui, à l’instar de Jamie Roberts, occupe également la profession de médecin, s’offre une dernière compétition internationale avec de rejoindre le Top 14. Frans Malherbe, son dauphin désigné depuis deux ans, a failli voir le tournoi lui passer sous le nez après la grosse saison de son coéquipier chez les Stormers Vincent Koch. Débutant la saison blessé, il s’est bien repris et continue son apprentissage afin de devenir le futur droitier des Boks. Enfin le “pari” d’Heyneke Meyer s’appelle Coenie Oosthuizen, 5e pilier de l’effectif, qui possède l’avantage d’être polyvalent. Gaucher de formation, fixé à droite depuis deux saisons, il enchaîne également les blessures ces derniers temps. Opéré fin juin des vertèbres cervicales, on le croyait out de facto pour le Mondial. Il pourrait cependant être remis au cours du tournoi. Son apport en mêlée fermée est en tout cas indéniable.
Victor Matfield est une valeure sûre de la touche
On le croyait retraité au coup de sifflet final du quarts de finale de la dernière Coupe du Monde mais Victor Matfield a décidé l’an passé de mettre de côté sa jeune carrière de coach pour reprendre du service avec les Bulls et tout naturellement avec les Springboks. Pour son quatrième Mondial, il ne faut pas s’attendre au grand Matfield que nous avons connu aux côtés de Bakkies Botha (dont j’ai secrètement espéré la sélection) pendant de longues années. De là à dire qu’il est complètement cramé il y a un pas… peu adversaires vont fanfaronner en se retrouvant face à Matfield dans un alignement. Son dernier défi avant de terminer sa carrière à Northampton puis de reprendre sa carrière d’entraîneur. Même s’il sera physiquement prêt après un programme spécifique, il devra souffler et alterner avec son successeur désigné, le Shark et futur Stormer Pieter Steph du Toit. Peu épargné par les blessures ces trois dernières années, sa forte présence physique a fait de lui un joueur influent des Sharks malgré son jeune age. Après une saison 2014 blanche en club, Eben Etzebeth est enfin resté loin de l’infirmerie et occupe sa place de taulier des secondes lignes des Stormers et des Springboks. Sa puissance et son agressivité en font le successeur désigné de Bakkies Botha. Enfin le 4e lock du groupe sera Lodewyk de Jager, la montagne (2m05 pour 125kg) des Cheetahs. Malgré son visage de poupon il est agressif et excelle en touche.
Bakkies Botha adoube la relève à son poste, Pieter Steph du Toit et Eben Etzebeth
La délicatesse de Willem Alberts
Là où beaucoup de nations blindent leur troisième ligne, Heyneke Meyer a décidé de voyager léger avec seulement 5 joueurs dont un seul numéro 8 de métier. Du côté des blindside flankers, Francois Louw conservera sa place de titulaire, incontestée depuis la prise de fonctions du sélectionneur Sud Africain. Exilé à Bath depuis le dernier Mondial, il est habitué au climat Anglais mais est surtout réputé pour les dégâts qu’il peut causer dans les regroupements et en défense. Il peut également être une alternative en touche. Polyvalent au sein du backrow Sud Africain, c’est avant tout en n°6 que Siya Kolisi devrait être utilisé. Longtemps blessé en 2014, il est revenu en grande forme avec les Stormers lors du Super Rugby. Il apporte ses qualités athlétiques et sa grosse défense. En openside on retrouvera deux solides joueurs, le futur Parisien Willem Alberts ainsi que l’expérimenté Schalk Burger. Le tank Alberts apportera bien entendu sa puissance et tentera de fatiguer les défenses adverses, plusieurs plaqueurs étant souvent nécessaires pour le stopper. Son physique colossal est utile également en défense où ses placages destructeurs font le bonheur des fans. Après 18 mois d’absence à cause d’une série de blessures et d’une maladie potentiellement grave, Schalk Burger a reçu le Laureus World Comeback of the Year 2014. Son passage au Japon lui a fait du bien et lui a permis d’apporter plus offensivement. Réputé sanguin et agressif, il s’est amélioré au niveau disciplinaire mais reste ce joueur craint de ses adversaires à cause son jeu plutôt robuste. Il est également l’un des leaders du groupe des Springboks et modèle d’éthique de travail. S’il devrait être utilisé en 7, il pourrait débuter le tournoi en 8 en fonction de la disponibilité de Duane Vermeulen, dont la date de reprise n’est toujours pas connue. Le futur Toulonnais a en effet entamé une course contre la montre début juillet lorsqu’il a décidé de se faire opérer d’une blessure au cou. En plus d’être capable de grandes courses balle en main et de gestes techniques dignes d’un trois quart, Duane a montré une propension à voler les ballons à l’adversaire sur le terrain. Un ball carrier dans le moule du grand André Venter. On espère le revoir à son niveau de 2014 où il a manqué d’un cheveu le titre de meilleur joueur du monde face à Brodie Retallick.
Duane Vermeulen et Schalk Burger, tauliers aussi bien chez les Stormers qu’en équipe nationale
Ruan Pienaar va t’il rester le 9 titulaire des Boks
Le changement ça n’est pas maintenant pour les demis de mêlée des Springboks! Le titulaire inamovible de l’ère Heyeneke Meyer s’appelle Ruan Pienaar, aujourd’hui exilé en Irlande du Nord. Polyvalent sur la charnière, sa rapidité dans le jeu est en permanence l’objet de critiques, seul son jeu au pied ayant grâce aux yeux des observateurs. Il est vrai que Pienaar n’est pas un 9 qui va insuffler du jeu ni un rythme soutenu. Sera t’il toujours titulaire en Angleterre? Difficile d’anticiper, l’arlésienne depuis deux saisons étant un retour au poste de Fourie du Preez, exilé lui dans la banlieue de Tokyo. Tout le monde pensait que son départ au Japon était synonyme de retraite anticipée, mais dès son retour en équipe nationale pour le premier match du Rugby Championship 2013, il nous est apparu affûté, décisif, et surtout extrêmement rapide pour éjecter les balles (en même face à Ruan Pienaar, difficile d’être plus lent). Hormis une apparition en 2014 lors d’un match non officiel des Boks, nous ne l’avons pas revu sur la scène internationale. Il a également manqué le TRC 2015 pour se refaire une santé à Tokyo après plusieurs mois d’entraînement en solitaire et de perfectionnement de son handicap au golf. Un ENORME pari pour Meyer. Le troisième larron sera Rudy Paige, neuf des Bulls, dont la présence ne semble due qu’aux fameux quotas exigés par certains partis politiques Sud Africains. Un bon joueur de Super Rugby certes, mais bien moins intéressant qu’un Cobus Reinach ou qu’un Francois Hougaard.
Vers le retour d’une charnière Morné Steyn Fourie du Preez lors du Mondial ?
Handré Pollard peut-il rester titulaire à l’ouverture pour le Mondial?
Malgré la polyvalence 9/10 de Ruan Pienaar, Heyneke Meyer a tout de même souhaité emmener trois ouvreurs en Angleterre, trois potPreviewentiels titulaires. Malgré sa faible expérience, Handré Pollard s’est imposé comme n°10 des Springboks et des Bulls. Ce joueur, gros animateur, attaque beaucoup la ligne ce qui permet à son équipe de mettre beaucoup de vitesse et de créer de nombreuses brèches dans les défenses. Il est certain que la réussite du jeu des Springboks lors du Mondial passera par de grosses performances de son maitre a jouer. C’est aussi un excellent buteur et il a un jeu au pied de déplacement à la hauteur des grands numéros 10 Sud Africains. Il a cependant déçu à quelques occasions et s’est vu préféré Pat Lambie, l’ouvreur des Sharks. S’il est un excellent buteur, l’animation offensive des Sharks montre qu’il n’est pas le plus grand des créatifs. Bien que souvent attendu sous le maillot de l’équipe nationale, il ne s’est jamais imposé comme un titulaire indiscutable. J’aimerais cependant le retrouver à l’arrière dans un style proche de Percy Montgomery. Mais celui qui pourrait damer le pion à tout le monde reste Morné Steyn. L’ouvreur Parisien qui s’est réveillé lors des phases finales du Top 14 ne possède certes pas le jeu le plus enthousiasmant de la planète ovale mais il reste un buteur précis et le meneur parfait pour le jeu simple et efficace que pourraient mettre en place les Springboks. Il possède également l’avantage de la complémentarité avec plusieurs joueurs qui furent ses anciens coéquipiers chez les Bulls. Je pense depuis plusieurs mois qu’il sera le 10 SudAf à la Coupe du Monde.
Un gros Mondial après un superbe Super Rugby pour Damian de Allende
Si pas moins de 6 joueurs sont en concurrence pour les deux postes de la charnières, on en compte uniquement 3 (dont 2 de métier) pour occuper les deux places de centres. Le capitaine Jean de Villiers en fait partie même si sa présence en Angleterre à longtemps été compromise. En effet, sérieusement blessé face au Pays de Galles en novembre dernier, il a fait une croix sur le Super Rugby avec les Stormers pour revenir lors de la rencontre des Boks face à la sélection mondiale. Titulaire lors de la défaite de Durban contre l’Argentine, il se blesse à la mâchoire. S’il sera bien présent lors de la Coupe du Monde, sa participation aux premiers tours est encore en suspens. L’assurance et surtout l’expérience que dégage Jean de Villiers est primordiale pour cette ligne de 3/4 expérimentée que prépare Heyneke Meyer. Polyvalent, il devrait porter le maillot 13 mais évoluer comme un premier centre. On retrouvera à ses côtés son coéquipier à Cape Town Damian de Allende, qui a définitivement explosé cette saison. Meyer ne pouvait pas se passer de ce colosse capable de casser la défense de n’importe lequel de ses adversaires. Présent au sein de notre équipe type du Super Rugby 2015, de Allende est réputé pour son physique bien entendu mais aussi pour sa puissance et sa vitesse qui nous ont impressionné en 2015 (il occupe la première place du classement des défenseurs battus en Super Rugby). Il a également brillé défensivement où, outre quelques monstrueux placages médiatisés, il est toujours excellemment positionné et s’est montré capable d’anticiper les attaques adverses. Plusieurs fois gravement blessé dans le passé, il affiche désormais un mental hors pair qui plait à ses coachs. Enfin le 3e choix au centre est… l’arrière des Bulls Jesse Kriel, révélation de ce début de saison internationale pour les Springboks. S’il joue en 15 à Pretoria, Meyer l’a aligné au centre en l’absence de de Villiers voire à l’aile avec succès. Avec pour le moment 2 essais inscrits en 4 rencontres, il sera à surveiller comme le lait sur le feu.
Bryan Habana et Jean de Villiers, les deux papas des 3/4 Sud Africains
Lwazi Mvovo a gagné sa place après deux belles saisons avec les Sharks
Trois ailiers seront du voyage dont deux tauliers, indéboulonnables depuis 2007, le Toulonnais Bryan Habana et le Shark JP Pietersen. Il ne manque que 10 essais à Habana pour dépasser Daisuke Ohata et devenir le meilleur marqueur d’essais de l’histoire. Souvent critiqué, moins rapide qu’auparavant, Habana est pourtant toujours excellemment placé et dangereux ballon en main. Déjà deux essais en quatre matchs officiels pour lui cette saison avec les Boks. Depuis deux ans Pietersen partage ses saisons entre Durban où il participe au Super Rugby avec les Sharks et Ota au Japon où il joue en Top League avec les Panasonic Wild Knights. Alors qu’il y a deux saisons éventualité de le replacer à 13 a germé, le jeu plus ouvert pratiqué au pays de soleil levant lui a permis de conserver ses qualités offensives et de rester à l’aile. Moins rapide mais plus impliqué défensivement qu’Habana, il séduit surtout grâce à son jeu assez imprévisible grâce aux faux rythmes qu’il est capable d’insuffler. Il est également capable de casser des placages et reste un excellent finisseur. Enfin Lwazi Mvovo fait logiquement partie du groupe, lui qui reste un des rares joueur des Sharks à se démarquer en Super Rugby. Polyvalent ailier/arrière, il marque beaucoup d’essais grâce à sa vitesse et sa puissance. Il est également précieux dans le travail défensif et son jeu au pied s’est fortement amélioré grâce à Jake White puis Gary Gold.
Bryan Habana, Willie le Roux et JP Pietersen forment le back three idéal de l’Afrique du Sud
Zane Kirchner… pourquoi?
Avant de rejoindre les Sharks après une pige au Japon, l’utility back des Cheetahs Willie le Roux sera présent en Angleterre. Dans ce rugby moderne où l’on se focalise un peu trop sur le physique des joueurs, il est rare de voir des rugbymen au physique plus “modeste” briller au plus haut niveau. Wille le Roux est l’une de ces exceptions, d’autant plus qu’il représente l’Afrique du Sud! Polyvalent ailier/arrière rapide et insaisissable, il s’est définitivement accroché au maillot floqué du 15. Prolifique marqueur d’essais, il a beaucoup bourlingué en Afrique du Sud comme en France avant de s’imposer à Bloemfontein. Pour beaucoup Willie le Roux est désormais considéré comme l’un des arrières les plus complets de la planète ovale, en particulier grâce à son jeu au pied hérité d’une formation à l’ouverture. Complet car en plus du pied, des skills, de la vitesse on peut ajouter la qualité de son jeu aérien et de ses réceptions de ballons hauts. Légèrement bridé aux Cheetahs où il doit plus s’employer dans les phases défensives, la qualité de ses coéquipiers avec les Springboks lui permet de se lâcher et de laisser parler son talent. Enfin Zane Kirchner est le second arrière du groupe. Peu de choses à dire sur ce joueur dont la présence de le groupe est incompréhensible… Aujourd’hui au Leinster, il a longtemps porté les couleurs des Bulls sans jamais briller. Typiquement le joueur que les toujours très renseignés clubs du Top 14 pourraient vendre à leur supporters crédules comme une star du rugby Mondial. Espérons pour les Boks que le Roux ne se blessera pas. Au pire, Jesse Kriel est avant tout un arrière.
QUI A RATE L’AVION ?
L’excellent Warren Whiteley encore une fois laissé à quai
Après les présents, place aux absents! Après ce Super Rugby 2015, on pouvait espérer voir plusieurs joueurs ayant particulièrement brillé porter le maillot des Springboks. Je pense en particulier à Warren Whiteley, Jaco Kriel, Elton Jantjies, Juan de Jongh ou Steven Kitshoff. Ils ne feront finalement pas le voyage en Europe (du moins pour le Mondial, Kitshoff s’étant engagé à Bordeaux). Ce n’est au final pas tellement une surprise, ces joueurs n’ont jamais fait partie des plans de Heyneke Meyer. Certains sont tout de même considérés comme en réserve de la République! Idem pour Nizaam Carr, Johan Goosen, Vincent Koch ou Marcel van der Merwe. Souvent testé l’an passé, Teboho Mohoje n’aura finalement pas assez convaincu le sélectionneur pour intégrer le squad final tout comme le pilier du Stade Français Heinke van der Merwe, pourtant l’un des meilleurs gauchers de France.
Laisser Marcell Coetzee en Afrique du Sud pourrait couter cher à Meyer
Heinrich Brussow jouera exclusivement au Japon l’an prochain
Certaines absences sont en tout cas plus surprenantes, en premier lieu celle de Marcell Coetzee. Blessé au cours du Rugby Championship, il semblait cependant sur la bonne voie pour être à 100% mi septembre. Régulièrement cité comme l’un des meilleurs Sud Africains ces deux dernières années, il pouvait également être considéré comme un des cadres des Springboks. Il y a certes de la qualité au sein de la 3e ligne présente en Angleterre, mais laisser Coetzee à Durban est un risque. Il fait partie de l’officieuse liste des victimes collatérales des quotas mis en place par la SARU. A cette liste peut également être rajouté Cobus Reinach, le 9 des Sharks, dont la titularisation fut un temps envisagée. Jan Serfontein est victime de l’éclosion internationale de son coéquipier Jesse Kriel qui a le bénéfice d’être polyvalent. Plébiscité par les supporters mais jamais réellement apprécié par Heyneke Meyer, Heinrich Brüssow ne fera pas le voyage malgré son retour en équipe nationale cette année. On notera également que Flip van der Merwe ne fait également pas partie de la liste. Pourtant indiscutable membre des Boks ces dernières années, il s’est subitement mis en retrait de la sélection nationale après sa signature en Top 14. S’il a dépanné en Rugby Championship à cause des nombreuses blessures, il n’a pas été convoqué pour le Mondial et a, dans le même temps, été libéré plus tôt de son contrat avec les Blue Bulls… Coïncidence?
Pas de retour en grâce de Francois Steyn au cours du Mondial. Direction Montpellier!
Enfin, malgré un retour en forme ou en grâce, Heyneke Meyer n’a pas souhaité convoqué des joueurs comme Pierre Spies, Francois Steyn, JJ Engelbrecht, Francois Hougaard ou Juandré Kruger qui auraient pourtant mérité une place dans ce groupe. Mais absents de la sélection depuis plusieurs mois, il était probablement difficile de les réintégrer. Un temps espéré, le retour en forme de Jaque Fourie n’a finalement pas eu lieu et il regardera la Coupe du Monde depuis le Japon!
EQUIPE TYPE PROBABLE
1. Tendai MTAWARIRA 2. Bismarck DU PLESSIS 3. Jannie DU PLESSIS 4. Eben ETZEBETH 5. Victor MATFIELD 6. Francois LOUW 7. Willem ALBERTS 8. Duane VERMEULEN 9. Fourie DU PREEZ 10. Handré POLLARD ou Morné STEYN 11. Bryan HABANA 12. Damian DE ALLENDE 13. Jean DE VILLIERS (cap) 14. JP PIETERSEN 15. Willie LE ROUX
NOTRE PRONOSTIC
Malgré une saison 2015 délicate, les Springboks devraient sortir facilement du groupe B composé de l’Ecosse, du Japon, des Samoa et des Etats Unis. A titre personnel je pense que l’Afrique du Sud remportera son troisième trophée Mondial à Twickenham. Il y a fort à parier que cette Coupe du Monde ne sera pas celle du beau jeu et de l’attaque à outrance. Dans des conditions climatiques probablement difficiles, les Springboks savent gagner comme en ont attesté leurs succès en 1995 et 2007. Mais cela n’est que mon avis… En affrontant l’un des deux gros de la Poule A en quarts de finale, la logique sportive n’envoie pas les Boks en demies.