Le 10 novembre 1935, entre 400 et 600 000 Parisiens se massent le long des rues de la capitale. Pas pour manifester ou assister à une compétition sportive officielle. Non. Pour acclamer un champion déchu par sa fédération, qui effectue là son baroud d'honneur. Le coureur à pied Jules Ladoumègue vient une dernière fois faire profiter ses admirateurs de son incroyable foulée, celle-là même qui lui permit d'établir six records du monde du demi-fond sur des distances de 1000 à 2000 m. Au début des années 1930, "Julot" est l'un des athlètes les plus populaires des années folles. Ce qui n'empêche pas en 1932 sa fédération de le radier à vie pour avoir, selon elle, enfreint les règles de l'amateurisme alors en vigueur, en exigeant des primes d'engagement dans certaines réunions à l'étranger. Les protestations du médaillé d'argent des Jeux Olympiques d'Amsterdam n'y feront rien : il se voit désormais privé de compétitions officielles, à commencer par les JO de 1932 à Los Angeles, dont il était l'un des grands favoris. "On m'a brisé les jambes !", lâche t-il quand tombe le verdict qui met fin à sa carrière d'athlète. Les jambes, peut-être, mais pas la popularité puisque, comme en témoignent ces deux vidéos d'archive, l'aura de Julot restera intact jusqu'à sa mort le 2 mars 1973, des suites d'un cancer à l'âge de 66 ans…