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Le Bar Floréal met définitivement la clef sous la porte

Publié le 09 septembre 2015 par Blanchemanche
#LeBarFloréal #93
MARDI, 8 SEPTEMBRE, 2015L'HUMANITÉ
Photo : Francine Bajande
André Lejarre et Éric Facon, en 2008, lors de l'exposition "Retour en Lorraine";Photo : Francine BajandeL’aventure de ce collectif engagé, qui va manquer dans le paysage photographique, s’est brisée sur la spirale mortifère des budgets de plus en plus réduits et de la raréfaction des commandes.C’était le premier collectif de photographes. Depuis 1985, on y discutait, on y partageait des idées, on s’échauffait vite. C’était un lieu, entre ancienne boulangerie et ex-bistrot au charme désuet, niché rue des Couronnes, au bas du parc de Belleville, devenu territoire commun, galerie, éditeur (Créaphis) et studio de production. C’était aussi une âme, un engagement, un regard humain porté sur le monde du travail, les banlieues, les damnés de la crise.Au départ, Alex Jordan, de l’atelier de graphisme Grapus, cherche à en élargir la palette avec des photographes. Il appelle à la rescousse André Lejarre et Noak Carrau à l’occasion d’un reportage d’anthologie, en pleine crise de la sidérurgie, sur la cité ouvrière de Dunlop, à Montluçon, à la suite de la commande de son office HLM. Les trois hommes croisent leurs regards au moyen d’interviews, d’images fixes et animées, réalisées à la chambre, en noir et blanc et en couleurs. Ce premier travail, fondateur, sera suivi d’autres, aussi emblématiques que « La Courneuve, rue Renoir… avant démolition », « Retour en Lorraine », « Villes », « Je suis pas mort, je suis là »… Le collectif, présidé par l’historienne de la photographie Françoise Denoyelle, comptera jusqu’à vingt et un membres. Douze étaient encore de l’aventure lorsque le rideau a été baissé, cet été, alors que l’association était mise en liquidation, Jean-Christophe Bardot, Bernard Baudin, Sophie Carlier, Lucile Chombart de Lauwe, Éric Facon, Alex Jordan, André Lejarre, Mara Mazzanti, Olivier Pasquiers, Caroline Pottier, Nicolas Quinette et Laetitia Tura.

Le fil rouge de l’insoumission, de l’incrédulité, 
et du questionnement.

Le communiqué de fermeture, comme ceux d’autres collectifs, tel l’Œil public, qui ont dû fermer, constate qu’« aujourd’hui, de nombreux festivals, agences photo, ateliers de graphistes, cinéastes… et autres structures indépendantes luttent pour leur survie. Quant à nous, ajoute-t-il, nous avons mené notre barque comme nous l’entendions. Jusqu’à ne plus en avoir les moyens. La spirale mortifère de baisse des rémunérations des photographes – et des autres artistes –, la raréfaction des commandes dans la presse et la quasi-généralisation des appels d’offres aux budgets de plus en plus réduits ont brisé l’aventure, malgré le soutien de plusieurs institutions publiques et une notoriété nationale et internationale grandissante ».Il y a deux ans, le collectif, répondant à une interview de Photographie.com, donnait une belle définition de l’état d’esprit qui a animé son aventure créatrice en disant : « Certains de nous s’investissent dans une photographie concernée par les dysfonctionnements du monde, que cela soit dans une esthétique de reportage de rue ou dans des photographies plus distanciées sur le territoire, le paysage ou le portrait, voire par la mise en scène. Il n’y a pas une forme au Bar Floréal, mais bien des formes, des propositions esthétiques, voire politiques (…). Déplacer le regard, les places, c’est là qu’est notre rôle. La photo doit se faire sociale, sauvage, brutale, voyante, et ne pas se perdre dans les bons sentiments et les belles histoires. C’est ça le fil rouge, l’insoumission, l’incrédulité, le questionnement. »Le Bar Floréal est mort. Un peu de nous aussi.http://www.humanite.fr/le-bar-floreal-met-definitivement-la-clef-sous-la-porte-583204

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