Ils sont deux. Vivant tous deux à Montréal. Leurs poèmes alternant dans ce recueil. Sauvages.
J’ai cherché l’étymologie de ce mot, partant d’abord vers le verbe « sauver ». Mais l’adjectif ne vient pas de là, semble-t-il. « Sauvage » viendrait d’un mot qui fait référence à la forêt, à la nature.
Ici, Sauvage fait allusion aux Indiens, Amérindiens, Autochtones. Joséphine Bacon est Innue. José Acquelin écrit :
même si je suis de peau blanche / je ne crois ni à la peau ni au blanc / même si tu es de peau rouge / ne crois-tu qu’à l’épiderme / qui couve un feu sans mal / oui parlons-nous / que mon passé fût arabe et géométrique / que ton territoire fût vierge et généreux / que l’espace-temps joue ou non aux échecs avec nous / l’avenir est un pays imprévisible
Et, plus loin : nous sommes tous des sauvages / nous méritons tous une cure de poèmes
Le livre à deux voix nous porte sans chercher autre chose que cette rencontre : il suffit de te connaître, écrit Joséphine. José aime jongler avec les mots, leur donne une amplitude qui a besoin d’un page pleine, voire deux ; elle, souvent en peu de mots, désigne des paysages, des souffles, des chants dont le loup est jaloux.
Chacun marche à son rythme et nous leur emboitons le pas, les écoutant l’un après l’une et l’une après l’un, inventant une musique pour les yeux, ayant vif le saumon pour richesse et le silence des solitudes habitées.
le sauvage que nous sommes revendique son nom : moi je m’appelle / humain
Et nos os danseront sur un chant indien