La Volante // De Christophe Ali et Nicolas Bonilauri. Avec Nathalie Baye et Malik Zidi.
La Volante a tout du petit thriller sans prétention aucune qui vient s’immiscer dans la vie des spectateurs de cinéma. Le vrai avantage de ce film c’est Nathalie Baye. Cette dernière, légèrement boursouflée de visage, trouve ici un rôle à la hauteur de son talent. Marie-France est un personnage mystérieux et élégant, dont on a toujours envie de voir les agissements et là où son aventure va bien pouvoir nous emmener. Il y a tellement de retournements de situation, parfois rocambolesques, que du coup on a pile poil ce que l’on pouvait attendre. Dans leur façon d’exploiter l’histoire, on a parfois l’impression de se retrouver dans un thriller angoissant de Stephen King (Misery, Shining) sans pour autant qu’il y ait du huis clos dedans. Dans le registre du thriller psychologique, on a cependant vu beaucoup mieux c’est certain. Disons que La Volante n’est pas ce qui se fait de mieux et à certains moments cela traine un peu en longueur mais il faut bien avouer que l’atmosphère est plutôt bien gérée par les deux metteurs en scène. C’est d’ailleurs le plus bel atout de ce film, au delà de Nathalie Baye qui sait imposer sa présence. Cette dernière est elle aussi un atout mais peut-être pas autant que la façon dont La Volante a de nous plonger dans son univers.
Alors qu’il emmène sa femme à la maternité pour accoucher, Thomas percute et tue un jeune homme sur la route. Marie-France, la mère de ce dernier, ne parvient pas à se remettre du drame. Neuf ans plus tard, Marie-France devient la secrétaire de Thomas sans qu’il sache qui elle est. Peu à peu, elle s’immisce dangereusement dans sa vie et sa famille jusqu’à lui devenir indispensable.
Le thriller est un genre complexe qu’il n’est pas donné à tout le monde de réussir. Christophe Ali et Nicolas Bonilauri ont bien compris ce qu’il fallait pour donner envie au spectateur de rester jusqu’au bout. Au départ on nous présente un élément tragique et ses conséquences. Puis on nous introduit un personnage, aussi énigmatique que fascinant, quelqu’un à qui l’on a tout de suite envie de faire confiance mais qui par sa présence laisse une sensation de gène. Nathalie Baye donne donc l’impression de retrouver un peu ces brillants personnages de femmes tordues qui ont une envie : se venger mais pas le dire tout de suite. C’est parfois trop appuyé, mais la mise en scène veut ce genre de chose. Le scénario, aussi alambiqué soit-il, est truffé de facilités en tout genre qui gâchent presque le plaisir par moment. En effet, ces facilités font évoluer le film dans les invraisemblances les plus problématiques. Parfois, on retrouve un peu de Hitchcock dans cette aventure. Cela respire le déjà vu et pourtant, on est happés par cette ambiance. Car l’ambiance de ce film fonctionne et c’est bien ce qu’il y a de plus important. Hitchcock est clairement une influence et c’est une très bonne chose.
Ce qui est cependant surprenant c’est le fait que le thriller domestique est un genre que la France n’utilise que très rarement. C’est pourtant, un genre qui peut très bien délivrer de bons films même si celui-ci n’est pas brillant. Il y a des idées qui, dans la mise en scène, ne fonctionnent pas toujours non plus, notamment car certains traits sont trop appuyés ce qui rend le tout un poil plus facile et prévisible. Du coup, parfois on a l’impression que le film tire tout son intérêt dans sa façon de gérer l’atmosphère pesante dans laquelle sont plongé les personnages. C’est déjà pas mal. Impossible de ne pas penser à des références comme Liaison Fatale (avec Glenn Close), à Basic Instinct, etc. et tous ces thrillers avec des femmes fatales. A côté de Nathalie Baye, qui fait bien son boulot, on retrouve un Malik Zidi qui n’est peut-être pas aussi bon que le rôle ne l’exigeait. C’est l’une des faiblesses de ce film alors qu’il donne l’impression de manquer cruellement de charisme. Finalement, La Volante est donc une assez bonne surprise sur certains aspects, délivrant un spectacle à l’ambiance efficace et Hitchcockienne. Le regard de Nathalie Baye à certains moments a de quoi filer des frissons dans le dos et l’on n’a vraiment pas envie de la croiser dans la rue…
Note : 5.5/10. En bref, un thriller français très inspiré de ses modèles américains (Hitchcock, Polanski, De Palma, etc.). Nathalie Baye, boursoufflée de visage est comme rarement au cinéma ici…