En visite à Strasbourg, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a déclaré ce mardi 8 septembre 2015 que la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, doyenne des centrales françaises, sera de nouveau reportée à 2018...
La ministre a précisé que la loi qui prévoit le plafonnement de la production d'énergie nucléaire signifie " que quand Flamanville ouvrira, Fessenheim devra fermer. Donc Flamanville va ouvrir d'ici à 2018. Et donc en effet, Fessenheim devra fermer ".
Ainsi, Fessenheim fermera quand Flamanville ouvrira... Mais le fait est que la centrale de Flamanville n'est pas prête d'ouvrir ! Cette centrale, qui se voulait le fleuron de la technologie nucléaire française, est en réalité considérée comme dangereuse car depuis sa construction surviennent des problèmes techniques en cascade très graves, dont notamment l'apparition de fissures dans la cuve de 420 tonnes en acier qui doit recevoir le combustible radioactif, le MOX, un mélange d'uranium et de plutonium très " chaud " qui peut entrainer une catastrophe si la cuve présente le moindre défaut. Ces fissures sont considérées par l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), qui les a détectées suite à des tests de résistance, comme une anomalie " très sérieuse ".
Début septembre 2015, suite aux nombreuses anomalies techniques, EDF a ainsi repoussé pour la 4ème fois le démarrage de l'EPR de Flamanville à fin 2018 !
Lire l'article : Pourquoi il faut abandonner la construction de la centrale nucléaire EPR de Flamanville
Une promesse non tenue
Lors de la conférence environnementale qui s'est tenue le 14 septembre 2012 à Paris, François Hollande s'était engagé à fermer la centrale nucléaire de Fessenheim en 2016 ! (Lire l'article : Environnement : les engagements de François Hollande) Il a ensuite déclaré en mars 2015 qu'il s'en chargerait "avant la fin du quinquennat". Finalement, la promesse ne sera donc pas tenue puisque le dossier est encore repoussé !
Trois bonnes raisons d'arrêter la centrale de Fessenheim :
Il faut savoir que cette centrale cumule au moins trois facteurs de risque qui la rendent particulièrement dangereuse, et qui sont autant de bonnes raisons de la fermer avant qu'il ne soit trop tard :
- elle est située sur une zone sismique ;
- elle a été conçue avec des normes de sécurité qui datent d'il y a environ 40 ans ;
- et elle est en fonctionnement depuis 1977, soit depuis 35 ans, alors que sa durée de vie devait être limitée à 30 ans.
Les écologistes sont furieux
Dans un communiqué paru suite à la déclaration de Ségolène Royal, le parti écologiste EELV clame sa colère : "La centrale de Fessenheim est bâtie sur la plus grande nappe phréatique d'Europe, sur une zone sismique et inondable, et connaît des incidents à répétition. Elle est un danger immédiat pour la santé et la sécurité des habitants. Ces séries d'incidents à répétitions doivent entraîner une prise de conscience lucide sur la dangerosité du nucléaire. Par ailleurs, conditionner la fermeture de Fessenheim à l'ouverture sans cesse repoussée du fiasco industriel que représente l'EPR de Flamanville relève de la mauvaise plaisanterie. Il s'agit d'un tour de passe-passe qui masque mal le manque de volontarisme criant dans le virage écologique de la France pourtant initié avec la dernière loi de transition énergétique."
La production nucléaire n'est pas prête de diminuer
La loi sur "la transition énergétique pour la croissance verte" (qui a été définitivement adoptée le 22 juillet 2015 par le Parlement) prévoit de réduire de 25% la part du nucléaire dans le production totale d'électricité en France, pour la faire passer de 75% à 50% en 2025, cette baisse devant être compensée par les énergies renouvelables. Mais qui sait ce qui se passera d'ici 2018... Une autre majorité pourrait bien détricoter la loi de transition énergétique.
ME