Ce soir, Sufjan Stevens joue au Grand Rex, à Paris, il fallait bien que j'en parle. Tous les amateurs de rock indépendant parisien et même français y seront présents. Car le petit "génie" américain fait une unanimité tellement écrasante dans le milieu que cela en devient presque une faute de goût de ne pas aimer. Pour ma part, j'attendais tellement de son dernier album, décrit partout comme une merveille absolue que j'ai longtemps été déçu. Aujourd'hui encore, je ne dirais pas que c'est le chef d'oeuvre incontesté mais je suis comme qui dirait rentré dans le rang - rentrée oblige ? "Carrie and Lowell" me rappelle beaucoup le meilleur d'Elliott Smith. Oui, le meilleur, en plus homogène, en plus apaisé, plus noir surtout - il lui a été inspiré par la mort de sa mère. Presque trop. C'est cela qui m'a d'abord rebuté. Trop de douceur (douleur?) distrait. Mais un disque qui parle du "Fourth of July" - oui, je sais, c'est la fête nationale américaine -, le jour de mon anniversaire, et dont la chanson est aussi belle ne pouvait que me faire y revenir.
Oui, je sais, parfois, il ne me faut pas grand chose. Je reste persuadé que Sufjan Stevens n'a pas encore donné le meilleur. Si pour le prochain, il pouvait allier la fantaisie grandiloquente d'un "The Age of Adz" et la sobriété neurasthénique de celui-ci, il réaliserait l'album parfait. "Illinois" s'en rapprochait, mais était trop long, pas assez personnel. Avec "Carrie and Lowell", Sufjan Stevens a appris les vertus d'une musique simple et naturelle, ne cherchant pas spontanément à en mettre plein la vue. Il lui reste à trouver le juste milieu entre le "trop" et le "pas assez". Mais certains me diront que c'est justement ce qui fait son charme. Dont acte.