Je vous propose un extrait du livre Transformez votre colère en énergie positive et un exemple de comportement chez les Peuls, tiré également de ce livre :
"La colère a mauvaise presse. Au sein de la palette des émotions, elle est la plus ambiguë et la plus complexe. Marquées dans de nombreuses cultures, organisations et familles du sceau de l’interdit, les colères de la nature et des dieux furent longtemps redoutées dans l’Histoire, interprétées comme le châtiment des égarements humains.
De nos jours, la colère est associée à la tyrannie ou à la folie. Dans notre société, celui qui exprime avec force sa colère se voit accusé de perdre le contrôle de soi. En famille, lorsque les enfants manifestent de la colère, les parents évoquent la fatigue, comme si celle-ci était socialement plus acceptable que la rage.
Vous avez sûrement éprouvé des épisodes coléreux qui se sont retournés contre vous : vous avez alors été raillé ou rejeté par les autres. Peut-être avez-vous souffert de n’avoir su extérioriser cette colère qui vous ronge de l’intérieur. À l’inverse, certaines de vos colères ont été bénéfiques : vous avez obtenu les changements escomptés.
La colère peut être qualifiée de saine, de moyen de décompression, mais aussi de folie. C’est une façon de se faire obéir, et de désobéir.
La colère remplace parfois d’autres émotions « interdites » ou insupportables telles que tristesse et peur ; elle s’efface sous des émotions plus acceptables comme la fatigue ou la joie.
Imaginons ce que serait le monde sans la colère. De nombreux maux disparaîtraient sûrement : il n’y aurait plus d’agressivité, plus de crimes, plus de trafic d’armes, plus de guerre. Mais il y aurait moins d’art, d’ingéniosité, d’envie, de vie, d’émotions, etc. En d’autres termes la colère est une forme de lien social.
Notre conviction est que si la colère existe, c’est qu’elle doit être utile, même si certaines de ses manifestations sont néfastes. C’est une émotion qui donne de l’énergie pour changer et faire changer. Sans la colère et toutes ses manifestations, nous n’aurions ni découvertes scientifiques, ni progrès sociaux, ni histoire. Les organisations, les familles et les couples sans colère sont stagnants et stériles. La bonne entente à tout prix se transforme en prison dorée et en déroute annoncée – mais la colère perpétuelle et injustifiée est invivable aussi.
Le contrôle de soi chez les Peuls
La colère inhibée peut être aussi une affaire de culture quand ce contrôle de la colère est vu comme « sain » en termes de réaction en face d’un conflit potentiel. Le contrôle de la colère comme de leurs autres émotions, est envisagé par les Peuls comme honorable et conforme aux règles sociales en vigueur. Cette colère contrôlée va bien sûr déclencher des frustrations, cependant elle va aussi renforcer le lien social entre les membres de la communauté. Par ailleurs, la colère inhibée peut aussi présenter un rôle de protection pour la personne en cas de danger, d’autant plus grand si la colère se manifestait."
Vous pouvez retrouver ce livre en entier, en cliquant ici