C’est le dernier opus de Michel Bussi, et il est plutôt réussi. Un polar dont un enfant de 3 ans et demi est le héros … ou plutôt Gouti, son doudou, une sorte de rat qui lui parle secrètement dans son lit, chaque soir, sous la couette, lui raconte des histoires poétiques, chaque soir différentes, afin qu’il n’oublie jamais …
On retrouve ici, à défaut d’un policier attachant, deux thèmes récurrents chez ce romancier devenu en très peu d’années le 5ème auteur préféré des Français : la mémoire et l’enfance …. Comme dans « Un avion sans elle », ou « Ne lâche pas ma main », « Nymphéas noirs » ou encore « N’oublier jamais ». A croire que les crimes trouvent toujours leur source dans un secret de famille enfoui au plus profond des souvenirs.
L’histoire se déroule une nouvelle fois en Normandie, entre Le Havre et Deauville. Entre les falaises d’Octeville et Potigny, un curieux village qui survit faiblement à la fermeture de sa mine, avec ses corons et ses colonies de Polonais. Une commandante de police, Marianne Augresse, enquête sur un braquage sanglant qui a laissé sur le carreau un jeune couple de bandits amateurs, un voyou blessé qui se cache et, on le découvrira plus tard, un malfaiteur chevronné risquant le tout pour le tout pour récupérer son butin.
Un psychologue scolaire vient perturber cette opération d’envergure. Il signale l’étrange cas du petit Malone, un gosse particulièrement éveillé mais qui prétend, contre toute évidence, que sa maman n’est pas sa vraie maman. Il parle d’un château, d’un ogre, d’une forêt équatoriale, d’un navire coupé en deux, d’une fusée … Ce petit bout de chou, qui ne se sépare jamais de son doudou tout sale, ces déclarations sonnent vrai. Vasile Dragonmann, qui en connait un rayon sur la plasticité de la mémoire de ces jeunes enfants, a réussi à capter la confiance du petit. Il en parle à la commandante. Parce qu’il a de beaux yeux, elle va lui prêter une certaine attention, d’autant plus qu’il lui a été recommandé par une de ses copines, Angélique …
L’intrigue est compliquée mais l’art du conteur réside surtout dans la description des personnages, foisonnants et attachants, les décors sublimes comme sordides, dans la précision des lieux. Ce n’est pas pour rien que Michel Bussi est géographe et sa passion pour sa région de naissance évidente. Son souci du détail enveloppe le lecteur, le transporte au gré d’une écriture fluide, élégante, simple et évocatrice. Même si j’avais compris le nœud du mystère dès les deux tiers du roman, même si les ressorts de l’aventure sont totalement invraisemblables, j’ai eu beaucoup de plaisir à suivre le fil de la recherche de la commandante Augresse, courageuse et sensible, meneuse d’hommes et fragile femme qui ne désire qu’une chose pour réussir sa vie : avoir un enfant !
Maman a tort, polar de Michel Bussi, Presses de la Cité, 509 p., 21,50€