Ce billet est pour moi l’occasion de vous parler d’une cause qui me touche beaucoup. Le travail des enfants et pas n’importe où… dans les mines.
C’est lors de la dernière journée mondiale contre le travail des enfants que l’organisation Human Rights Watch a tiré la sonnette d’alarme pour dénoncer le travail des enfants dans des mines d’or au Ghana. Dans ce pays, il existe des lois encadrant l’âge légal de travailler qui est de 15 ans (et même 18 ans pour le travail dans les mines), mais la réalité est toute autre…
On les appelle les «galampsey » (un terme qui vient de la contraction de « gather them and sell », « récolte-les et vends »). Ces travailleurs œuvrent dans des mines d’or clandestines de petite taille, où l’on creuse le plus souvent la terre avec les outils les plus basiques qui soient, sans beaucoup de considération pour les conditions de travail.
Loin d’être anecdotique, la part de la production de ces mines artisanales et de petites tailles pèse lourd, dans un pays où le secteur de l’or représente 11 % du PIB.
En 2013, sur les 119 tonnes d’or produites par le Ghana, approximativement un tiers (34 %) « vient du secteur des mines artisanales et de petites tailles, dont la quasi totalité a été exportée » pour un total de 1,5 milliard d’euros, souligne HRW dans le rapport « Métal précieux, travail bon marché », publié par l’ONG.
D’après des enquêtes longuement menées, il s’avère que le travail des enfants est largement répandu dans ces mines artisanales et malgré les politiques de traçabilité responsables menées par la plupart des raffineurs internationaux qui transforment l’or en provenance du Ghana, leur action reste limitée car il est difficile de retracer le parcours de l’or qu’ils achètent.
Une main d’oeuvre de choix
Les enfants sont non seulement « appréciés » pour leur petite taille (capables de se faufiler, de creuser dans des cavités où un adulte ne pourrait pas y accéder), mais aussi du fait qu’ils soient manipulables (ils se laissent attirer dans les mines d’or dans l’espoir d’une vie meilleure).
Les garçons ne sont pas les seuls à travailler, les filles sont chargées du lavage de l’or à la bâtée ou fournissent des services aux mineurs tels que la lessive ou la cuisine sans oublier d’exploitation sexuelle.
Et l’école dans tout ça ?
Au Ghana, par exemple, l’école est gratuite, mais le reste (les fournitures, cantine etc.) ne l’est pas. Les parents, bien souvent envoient leurs enfants aux mines pour payer leurs études.
Or combiner le travail et l’école est très difficile, alors entre les rêves d’or facile (une pépite de cinq grammes se vend environ 152 euros) et les études longues et coûteuses, le choix est vite fait !
Les enfants : une population vulnérable
Beaucoup de dangers guettent ces petits travailleurs. Aux risques « classiques » du métier : chute, éboulement, noyade (dans les eaux minières), maladies (insalubrité, infection), incendie (logements de fortune accolés) s’ajoutent les impacts de leurs activités sur leur croissance et surtout les émanations toxiques (uranium et mercure) que leur corps absorbe.
Le saviez-vous ?
– Le cerveau des enfants absorbe et retient plus facilement les émanations de métaux lourds qu’un adulte
– Le corps des enfants ne peut pas encore bien dé-toxifier les émanations car leur système enzymatique est encore en développement.
– Les enfants respirent plus rapidement et plus profondément, ce qui les expose davantage aux agents pathogènes aéroportés et à la poussière.
– Les enfants se déshydratent plus rapidement à cause de leur respiration rapide et de leur large surface épidermique.
L’apprentissage, une piste sérieuse
De nombreux enfants qui travaillent dans les mines sont des orphelins ou appartiennent à d’autres catégories vulnérables et sont dépourvus de moyens de subsistance et de soutien.
Comment leur offrir une chance de s’en sortir ?
Au Sénégal, l’association « La Lumière » a ouvert un centre d’accueil, d’orientation et de réinsertion socioprofessionnelle pour les enfants soustraits à l’orpaillage ayant pour objectif « Zéro enfant dans les sites d’orpaillage d’ici à 2017 ».
Son action est double :
– Dialoguer et convaincre les parents des dangers liés au travail des enfants dans les mines d’or.
– Accueillir les enfants et leur proposer des projets d’insertion professionnelle et d’apprentissage (mécanique automobile, menuiserie métallique, électricité…) et verser des aides pour soutenir les familles.
Au delà des actions associatives, les entreprises (locales ou multinationales; petites ou grandes) ont plus que jamais un rôle à jouer pour que cela cesse en évitant d’être mêlées à des cas d’emploi illégal d’enfants le long de leur circuit d’approvisionnement. #achatsresponsables