On désigne par " license to operate ", l'autorisation légale pour une entreprise d'exploiter un site. Ce sujet est donc particulièrement sensible pour de nombreuses industries, telle que l'industrie extractive, qui peut générer de forts impacts autour des lieux d'implantation. Mais comment mériter le droit d'exercer sur un territoire ?
Les gouvernements n'ont pas toujours été très regardants sur la délivrance de ces autorisations, mais il semblerait que le vent ait tourné depuis quelques années. Récemment, l'entreprise Vedanta a vu l'un de ses projets s'élevant à plusieurs milliards de dollars rebouté par l'Inde pour violation des droits de l'homme.
L'obtention de cette License to Operate encourage donc les entreprises à faire des études d'impacts poussées et à ouvrir un espace de dialogue avec les communautés locales afin de mieux comprendre les enjeux et de construire un projet cohérent. Prise en compte des besoins des parties prenantes pour faire du business : c'est bien là, la définition d'une démarche RSE.
Focus sur le projet de mine Éléonore par GoldCorp.
Goldcorp est l'un des plus grands producteurs d'or mondial. Spécialiste de l'extraction minière (exploration, extraction, traitement et valorisation), Goldcorp exploite quatre sites miniers au Canada, trois au Mexique et quatre autres en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Le coeur d'activité du groupe génère, par conséquent, à la fois des impacts environnementaux, sociaux et économiques pour chacun de ses projets.
Eleonore est le nom d'une mine d'or à Opinaca, près de la baie James, au Canada. Implantée sur le plus important gisement d'or au monde, cette mine s'implante surtout sur un territoire habité par les Cris qui, avec plus de 200 000 individus, est actuellement le plus grand peuple autochtone d'Amérique du Nord.
C'est au début des années 2000 que le prospecteur André Gaumont a découvert le gisement. Plus de 10 ans après, suite à un long travail pour co-construire le projet et aboutir à une entente, la mine Éléonore a été inaugurée en août 2015 en présence de la communauté Cris. Durant la cérémonie, l'ensemble des parties prenantes ont salué le projet, tant pour son potentiel économique que pour la prise en compte des traditions autochtones, de l'impact sur l'environnement et des retombées sociales pour les communautés locales.
"Au départ, un projet de mine soulevait de nombreuses craintes et des inquiétudes, car l'industrie minière n'avait pas une bonne réputation chez nous. [...] Nous avions d'abord peur pour l'eau et la pollution. C'est Michael (ndlr. Michael Mayappo, sage de la communauté crie) qui a lui-même expliqué comment fonctionneraient le système de filtration et le traitement pour ne rejeter que des eaux traitées. Il avait confiance et les cris ont eu confiance en sa parole. Sans cette confiance, le projet n'aurait pas levé de terre." John Paul Murdoch, conseiller juridique des Cris
Pour Goldcorp, pouvoir exploiter le plus grand gisement du monde était un projet essentiel pour garantir la santé économique de l'entreprise et assurer sa croissance. Avec un investissement proche de 2,5 milliards de dollars, l'échec de ce projet eut été un vrai coup dur pour le groupe. A l'inverse de Vedenta, c'est cette étroite collaboration en amont avec les représentants Cris qui a joué en faveur de l'obtention de cet accord et du soutien de la communauté jusqu'à l'inauguration.
" Nous savions qu'avec l'aide des Cris nous pourrions faire autrement pour respecter l'environnement et leurs attentes. L'acceptabilité sociale du projet était primordiale, tout comme il était nécessaire d'avoir des relations cordiales avec la communauté crie. Nous savons qu'il est possible de faire des profits tout en respectant les traditions, en aidant à la formation professionnelle des gens de la région. " Chuck Jeannes, président de Goldcorp
Aujourd'hui, de nombreux indicateurs témoignent de la réussite de l'accord. 100% du prix de la réhabilitation du lieu ont été déposé en garantie au début du projet, 20% des travailleurs sont Cris, 193 millions de dollars de contrats ont été signé avec des entreprises Cris et de nouvelles entreprises ont vu le jour sur le territoire (fabrique de vêtements de protections, dossards et gilets). Un site traditionnel où les Cris peuvent partager leur culture à même été érigé tout près de la mine.
Avec son projet Éléonore, Goldcorp montre bien qu'il est possible d'ouvrir des espaces de discussions constructifs avec les communautés locales permettant ainsi de prendre en compte l'ensemble des enjeux et de s'assurer la réussite d'un projet stratégique pour le développement de l'entreprise.
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