Julien Blanc-Gras, In Utero, Editions Au Diable Vauvert, août 2015.
La grossesse dure neuf mois pour permettre au fœtus de se développer et au père de se préparer.
Lire Julien Blanc-Gras demeure toujours un plaisir. Lorsqu’un nouveau roman est annoncé, on se demande dans quel pays l’auteur va nous faire voyager. Mais cette fois-ci, pas de voyage, ou pas à proprement parler. La femme de l’écrivain-voyageur est enceinte, il va donc devenir papa.
— Tu crois que je vais retrouver mon poids après l’accouchement ?
— Il vaut mieux. Tu sais, c’est pas facile la vie de mère célibataire.
Une poignée de Smacks s’écrase sur ma figure. Mais elle rit, c’est bon pour l’Enfant.
Julien Blanc-Gras nous fait voyager chez lui, à Paris, dans ce nouvel entre deux mondes qu’est l’attente de la naissance de l’enfant.
Rétif à l’autorité, j’ai toujours refusé d’avoir un patron. Mon quotidien sera désormais régulé par un dictateur qui, quoique dépourvu de parole, m’ordonnera d’accourir plusieurs fois par jour. Le bébé, ce nazi.
In Utero est le journal de grossesse d’un père. Il nous parle de « la Femme », la sienne, celle qu’il voit évoluer au fil de la grossesse, mais il nous parle surtout de lui, de ses doutes, de ses envies, de son avenir (il ne pourra plus autant voyager), et de ce nouveau nom par lequel on va l’appeler : « Papa ».
Ce ne sera plus : « J’ai la gueule de bois et je survole le Groenland avant d’atterrir dans une favela » mais : « Raoul a mal aux dents et je prends la ligne 13 en direction du Bébé Cash de Gennevilliers afin d’acheter un pack de couches Pampers 3-6 kilos avec système double-absorption ». Mon instinct littéraire me souffle que c’est moins vendeur.
Ce récit est un formidable concentré d’autodérision. Le rire envahit chaque page. Il y a quelques mois Emilie de Turckheim écrivait son journal de grossesse dans La Disparition du nombril. Cet été, Julien Blanc-Gras la rejoint dans ce même exercice, du point de vue de l’homme, ce qui est tout à fait inattendu. On vous conseille vivement ce nouveau roman, plein d’humour et légèreté, de tendresse et d’originalité.
Bazar de questions de Julien Blanc-Gras pour son roman Touriste