Titre original : Stonehearst Asylum
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Brad Anderson
Distribution : Jim Sturgess, Kate Beckinsale, Ben Kingsley, Michael Caine, David Thewlis, Brendan Gleeson, Jason Flemyng, Sophie Kennedy Clark…
Genre : Thriller/Drame/Adaptation
Date de sortie : 7 août 2015 (DTV)
Le Pitch :
Alors que le 19ème siècle s’apprête à tirer sa révérence, le jeune Docteur Edward Newgate arrive à l’asile de Stonehearst pour parachever son enseignement. Accueilli par le Docteur Lamb, le nouveau venu découvre les méthodes peu conventionnelles de cet hôpital psychiatrique hors-norme. Il fait aussi la connaissance de la charmante Eliza Graves, une patiente atteinte d’hystérie, pour laquelle il éprouve très rapidement une certaine attirance. Alerté par plusieurs signes qui indiquent que quelque chose cloche dans l’établissement, Newgate ne tarde néanmoins pas à faire une étrange et effrayante découverte…
La Critique :
Adaptation d’une nouvelle d’Edgar Allan Poe, Hysteria, alias Stonehearst Asylum en version originale, plonge le spectateur dans les tréfonds d’un hôpital psychiatrique perdu au fin fond d’une nature hostile. S’attachant à construire une ambiance qui évoque en effet les écrits de Poe, le film se donne beaucoup de mal pour bâtir une scénographie crédible et immersive, et ce dès les premières minutes. Derrière la caméra, un certain Brad Anderson. Un nom qui reste associé à l’intense The Machinist, le long-métrage qui a vu Christian Bale perdre de nombreux kilos pour embrasser un rôle complexe et perturbant. Pourtant depuis, le cinéaste n’a pas chômé, bossant sur plusieurs séries plus ou moins prestigieuses, et livrant plusieurs longs-métrages, dont le très bon Transsibérien, avec Kate Mara, le bancal L’Empire des Ombres, avec Hayden Christensen, et The Call, un thriller en somme toute correct avec Halle Berry. Des œuvres qui n’ont jamais égalé The Machinist, logiquement évoqué quand il s’agit de parler du réalisateur. Avec Hysteria, le voici revenu à une illustration de la folie. Manque de bol, ce dernier n’est pas sorti au cinéma en France, où il fut condamné aux bacs DVD des super-marchés. Cela dit, nous le savons désormais, le fait qu’un film soit privé de multiplexes n’est plus du tout indicatif quant à sa qualité véritable. Et voir un long-métrage visuellement fastueux, porté par des comédiens de premier plan comme Michael Caine, Ben Kingsley, Kate Beckinsale ou dans une moindre mesure vu sa modeste popularité chez nous, par l’excellent Jim Sturgess, récolter une sortie en vidéo, n’est finalement pas si étonnant que cela.
Ne vous fiez donc pas au traitement peu enviable d’Hysteria car il n’a rien d’une série Z fauchée et démontre à plusieurs reprises de suffisamment de qualités pour encourager les fans de thriller un peu tordus à s’y jeter dessus.
La grande force d’Hysteria, outre le soin indéniable apporté à l’aspect visuel des choses (les costumes parfaits, les décors, la musique, rien à redire), réside dans son casting. Si Michael Caine et Brendan Gleeson sont moins présents que les autres, ils apportent un supplément de prestige et une certaine crédibilité au projet. En première ligne, Jim Sturgess fait le job avec l’engagement et le sérieux qui caractérisent sa démarche depuis ses débuts sous la houlette de Julie Taymor dans l’opéra rock filmé, dédié aux Beatles, Across The Universe. Il serait d’ailleurs temps que la France accorde à cet excellent comédien l’importance qu’il mérite, tant ses choix tout comme son jeu, prouvent de film en film sa valeur. À ses côtés, il est toujours agréable de retrouver Kate Beckinsale, à qui les costumes victoriens vont décidément à ravir. Classieuse, charismatique, vectrice d’une émotion à fleur de peau, l’ex-vampire de la saga Underworld prouve qu’elle vaut bien mieux que l’image de sex symbol qu’elle se coltine depuis ses débuts devant la caméra. Affirmer que le passage des années n’altère en rien sa beauté et sa grâce allant de soi, cela va sans dire.
Un duo de premier ordre appuyé par les solides seconds couteaux que sont David Thewlis et Jason Flemyng, tous les deux connus pour leurs compositions flamboyantes dans une flopée d’illustres longs-métrages.
Au fond, il est plutôt difficile, dans ces conditions, d’expliquer pourquoi Hysteria n’est pas un grand film. Il s’avère divertissant, soigné, parfois immersif, inquiétant et bien emballé, mais ne parvient jamais à véritablement prendre son envol. Peut-être est-ce dû à ses ressemblances marquées avec Shutter Island, de Martin Scorsese, auquel on pense en quasi-permanence. Un rapprochement encouragé par le twist final, aussi prévisible que néanmoins bien orchestré. Seul le décors et l’époque changent. La folie est toujours au centre de la dynamique, et jamais le film n’arrive à prouver sa valeur sans lorgner du côté d’autres longs-métrages, qui lui font tragiquement de l’ombre en permanence.
Pas de quoi bouder son plaisir pour autant. Thriller aux doux accents d’épouvante, poisseux et glacial, Hysteria fait son office et réserve même quelques belles surprises. Catapulté au milieu des sorties estivales, et n’ayant en cela pas beaucoup de chances de se faire remarquer, il mérite que l’on s’y attarde. Pour son casting, son climat et toutes les qualités précédemment énoncées donc, mais aussi car il arrive à s’inscrire dans la lignée d’un cinéma de genre anglais, proche des productions de La Hammer, sans totalement démériter, y compris quand il choisit la facilité.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Metrolitan FilmExport