« Je veux un jour numéro 2, un jour à l’hôtel, supplément mortel ». Tu ne crois pas si bien dire, prophétique Louane !
Une fois n’est pas coutume, on est privé de camping pour ce dernier festival. Il faut dire que le domaine n’est pas épargné par la crise de l’immobilier. Les campeurs doivent se délester de la somme de 60 € en duo et 120 € pour 4 en supplément du pass 3 jours… Toute Ouïe a l’honneur et le privilège de connaitre le Tout-Paris. On passe ainsi notre première nuit dans le luxe et la volupté d’un appartement intramuros. 7h de sommeil dans les dents, forme olympique et haleine impeccable, c’est avec les chaussures à peine crottées que l’on prend le métro direction Porte de Sèvres.
On commence doucement mais sûrement avec Forever Pavot. Formation parisienne dans l’air du (contre)temps qui nous propose un rock psyché et atmosphérique made in seventies. Voix vaporeuse du chanteur et instruments vintage, la panoplie est complète. On se délecte de ce moment affalé dans l’ombre, la tête dans les nuages. On peut reprocher un manque de charisme et de pêche à l’ensemble mais la vérité est ailleurs…
Avant de sombrer dans une profonde léthargie, on file à l’anglaise pour la fin du set de The Maccabees. Rock héroïque bouillonnant, le groupe semble calibré pour la chanson de stade. On ne se fait pas prier pour lever le poing et reprendre en yaourt les refrains électriques. La formation ne tombe pas dans le piège du pompeux nunuche et dispose d’une musicalité contenue sachant exploser au moment opportun. Belle découverte !
On vous épargne nos pérégrinations fastidieuses pour pouvoir casser la croûte. Une fois de plus perte de temps inutile. Alléché par l’effluve de saucisses à l’aligot, on repart bredouille car nos amis aveyronnais n’acceptent que de la monnaie sonnante et trébuchante… Au loin, l’indie-rock de Balthazar titille nos tympans, sans plus.
Entre crooners et talons roses…
La scène de l’industrie n’a jamais aussi bien porté son nom. On est accueilli par les nappes synthétiques et la voix gutturale de DBFC. La formation biberonnée à Depeche Mode et Django Django nous offre une new wave pop des plus efficaces. Orgies de bips frénétiques aux boucles hypnotisantes, BPM à son paroxysme. On se prend de spasmes incontrôlables dans cette boite de nuit à ciel ouvert. Responsable d’un EP de 4 titres prometteurs, on attend avec impatience la sortie de leur futur opus.
On déambule vers la scène de la Cascade ou performe Marina And The Diamonds. On vous l’avoue, cette ultra pop dégoulinante, ce n’est pas notre came. Force est de constater que la chanteuse assure le show, juchée sur ses talons roses fluo et vêtue d’une combinaison zébrée des plus distinguée… Next !
On n’est pas fan absolu de Stereophonics et hormis Maybe Tomorrow, l’univers du groupe nous est peu familier. Les fans prennent leurs pieds et on aimerait bien participer à la fête ! Problème, le groupe n’est pas extrêmement communicatif et déroule son set en mode automatique. Le tout est composé de ballades molles et de quelques (timides) envolées rock. Bof…
Grosse déception des Eurocks, Etienne Daho avait brillé par sa non performance et l’absence de sa voix. Dans notre grande mansuétude, on daigne laisser une deuxième chance au crooner français. Quelle ne fut pas notre surprise de l’entendre, cette fois il n’est pas étouffé par les instruments de son groupe. Attention, Daho ne s’est cependant pas métamorphosé en bête de scène. Le garçon reste très statique, souvent à bout de souffle et s’évertue une nouvelle fois à massacrer Comme un boomerang.
Ambiance crépusculaire, la grande scène est prête à recevoir Interpol. Voix de stentor, lignes de basses lascives, Paul Banks et ses compères déroulent leur post punk avec classe. Malgré leur apparente froideur, le groupe esquisse des sourires et semble prendre du plaisir, nous aussi.
Changement radical d’atmosphère, on va chercher bonheur et chaleur sur le dance floor de Gramatik. Bonne surprise, le DJ slovène est accompagné d’un saxophoniste et d’un chanteur. L’alchimie de ses mix soul et « pouet pouet » fonctionne à merveille. On a même droit à du Prince et du Stevie Wonder revisités. Let’s dance !
2 nuances de Libertines…
On essaie de se persuader que voir en live The Libertines est un événement unique, que l’on a une chance folle de retrouver ce duo emblématique sur scène, que c’est peut être leur dernière tournée… Qui plus est, le concert commence très fort, Pete Doherty est à l’heure, chapeau bas l’artiste ! Le groupe fraichement reformé propose un set, que les fans anglais présents en masse, connaissent sur le bout des doigts. On est impressionné par le jeu tout en puissance du sculptural batteur du groupe. Hormis cela, rien de transcendant. Barât et Doherty chantent machinalement joue contre joue, « comme au bon vieux temps ». Musicalement c’est à la limite du brouillon, à la fois énergique et soporifique. On espérait mieux comme bouquet final pour cette journée.
On fonde nos derniers espoirs avec Shamir sur la scène pression live. On distingue une silhouette androgyne habillée d’une salopette bouffante. Le look est en parfaite adéquation avec la voix haut perchée du chanteur. Le résultat est atypique, une disco-house pétillante qui nous fait terminer cette journée des étoiles dans les yeux. Un artiste qui a de l’avenir, assurément.
Ce n’est finalement pas que le jour 1, celui qu’on retient…
Mots et photos de Lazy Pete