Mr. Robinson est une nouvelle sitcom de six épisodes qui a été diffusée début août sur les ondes de NBC aux États-Unis et CityTV au Canada. Le titre réfère au personnage principal (Craig Robinson) qui fait partie d’un band se produisant surtout dans les bars, en compagnie de son frère Ben (Brandon T. Jackson) notamment. C’est parce qu’il est à court d’argent qu’il accepte un poste de professeur (suppléant) de musique dans une école primaire, mais surtout pour se rapprocher de Victoria (Megan Good), une ex qu’il aimerait bien reconquérir. Aussitôt la série terminée vers la fin août, NBC a enclenché The Carmichael Show, une autre sitcom où l’on retrouve Jerrod Carmichael qui vient tout juste d’aménager avec sa petite amie Maxine (Amber Stevens West). Par contre, il se montre réticent à la présenter à sa famille, laquelle n’est pas de tout repos et dont le franc-parler a eu raison de toutes ses anciennes petites amies. Introduire deux nouvelles séries en plein mois d’août et de seulement six épisodes chacune, il est clair que NBC teste son public en vue d’un renouvellement de l’une ou de l’autre. Toutes deux très classiques et misant sur des têtes d’affiche spécialisées dans le stand-up et bien connues des Américains, il ne restait plus qu’à déterminer laquelle était la plus drôle. Et c’est la seconde l’emporte haut la main.
The Carmichael Show : corrosif à souhait!
Jerrod Carmichael un type discret, bref, tout le contraire de sa famille. Des opinions bien tranchées de son père Joe (David Alan Grier), au conservatisme de sa mère Cynthia (Loretta Devine) et aux fanfaronnades de son frère Bobby (LilRel Howery), il ne reste que peu de place pour Jerrod d’humeur peu expansive et qui vient tout juste d’aménager avec Maxine. Lui qui déteste les confrontations est rapidement servi lorsque sa petite amie oser s’enflammer dans des joutes verbales avec sa belle-famille, qu’il soit question de politique, du rapport entre les noirs et les policiers, de l’importance d’être en santé ou encore des rôles respectifs de l’homme et de la femme dans le couple. Les discutions ont beau monter d’un cran plus d’une fois, reste que les Carmichael restent unis.
Jusqu’ici dans le descriptif, rien de bien novateur. Les décors sont limités aux résidences des Carmichael et de Jerrod et Maxine et c’est d’abord et avant tout une comédie sur la famille à l’image de Cristela sur ABC et The McCarthys sur CBS à l’automne ou encore Your Family or Mine sur TBS sur TBS au printemps… toutes annulées après une saison ou pire encore, en cours de route. La différence avec The Carmichael Show est qu’au lieu de se moquer des banalités de la vie comme c’est toujours le cas, ce sont des débats assez d’actualité qui occupent toute la place et le ton franchement irrévérencieux est aussi surprenant qu’amusant. Dans une discussion portant sur les présidents Obama et Bush, Joe admet qu’il a voté pour ce dernier, se justifiant ainsi : « That’s why I did it. He sent me that stimulator check. No president ever sent me $1,600. (…)You can bomb whoever you want long as you send me $1,600. » Et l’humour devient plus grinçant dans le second épisode, alors que Maxine et Cythia décident de participer à une manifestation dans le but de dénoncer la brutalité policière envers les noirs. S’ensuit toute une discussion entre Jarrod et Joe sur la façon de marcher « typiquement noire » : (Joe) «That is one suspicious walk you got there, son. You always walk like that? (Jarrod) It’s my walk. It’s how I walk. (…)I blame it on the hip-hop. You know what I’m starting to realize? I’m starting to realize it’s just that type of prejudiced thinking that got me stopped by the cops in the first place. (Joe) No, this is the kind of thinking that’s kept me safe all these years». Enfin, on prend bien soin de nous mentionner que les émissions ont été enregistrées devant le public, et les rires de l’audience sont francs, de même que leurs réactions à certaines blagues acerbes; rien à voir avec les rires faussement exagérés habituellement rajoutés au montage.
Mr. Robinson : le professeur au grand cœur
C’est pour les beaux yeux de Victoria que Craig accepte de travailler à l’école et comme avec amis musiciens, il crée rapidement un lien de confiance envers ses jeunes élèves qui le voient bientôt comme une idole. Mais c’est surtout au sein du corps professoral que les choses bougent le plus. Comme c’est de mise dans les comédies, on a des protagonistes très typés à commencer par Taylor (Peri Gilpin) la vice-directrice aigrie, le superviseur Dalton (Tim Bagley) un peu trop ouvert d’esprit, Samir (Asif Ali) le professeur de mathématique nerd et le coach Jimmy (Benjamin Koldyke) qui tient à se faire appeler «Magnum»… on ne sait trop pourquoi.
Le mot qui résumerait le mieux Mr. Robinson est “propret”. Malgré quelques différends, les personnages font peu de vagues et les péripéties qui leur sont associées ne sont pas très enlevantes. Justement Craig Robinson dans la vraie vie est à la fois acteur, comédien de stand-up et aussi chanteur à ses heures si bien qu’on n’a pas hésité à utiliser sa multidisciplinarité au cours de la série. Et le principal problème est justement là puisqu’à défaut de se concentrer sur un seul enjeu par épisode comme The Carmichael Show, on passe des blagues sur le mode de vie des musiciens aux problèmes du quotidien typiques des sitcoms. Quant aux chansons qui sont supposées contenir aussi de l’humour, citons les premières paroles du pilote au double sens peu subtil : «♪ If you would show me your chocolate muffins ♪ ♪ I could add my sprinkles and icing ♪ ♪ I will be your baker, baby ♪ ♪ I could love you so long and so nicely ♪ ♪ I will mix your batter with my big wooden spoon ♪»
Pour des ballons d’essai, les deux séries s’en sont très bien tirées pour la période estivale. Mr. Robinson a réuni en moyenne 4 millions de téléspectateurs par diffusion alors que les deux premiers épisodes de The Carmichael Show ont fait encore mieux avec 4,83 millions pour le premier et 4,07 pour le second. Peut-être NBC utilisera-t-elle la même technique que The Night Shift, c’est-à-dire lancer la première saison de son drame médical au printemps et après des chiffres concluants, lancer la seconde à l’hiver. De plus, Black-ish sur ABC a été un des seuls succès comédie de l’année avec une moyenne impressionnante de 7,1 millions de téléspectateurs pour 24 épisodes. En créant elle aussi des sitcoms avec un casting presque entièrement noir, la stratégie de NBC est assez limpide.