Une nuit au bordel – 1830-1930

Par Marine @Rmlhistoire

Dans un article précédent, je vous expliquais la vie d’une fille dans une maison close, de 1830 à 1930. Du lever jusqu’au repas du soir, elle est avec ses collègues, qui sont aussi ses copines. Elles vivent tout ensemble, et tout est chronométré, le p’tit dej’, la douche, le maquillage, tout. C’est la vie quotidienne dans un bordel. Dans cet article, je vais vous parler de la nuit de prostituée. L’attente, les pratiques, mais aussi les différents hommes. Pour illustrer celui-ci, j’utilise des cartes postales, ou des photos de la même époque. Comme celles d’Auguste Belloc, certaines sont clairement pornographiques et peuvent heurter la sensibilité. Si tas moins de 18 ans, va demander à ta mère.

Les premiers arrivants au bordel

Après le repas du soir, les filles passent au salon. Selon le standing du bordel, il peut y avoir une seule pièce, ou plusieurs, avec des ambiances différentes, des filles différentes, des clients différents. Les prostituées sont vautrées sur des fauteuils, canapé, tapis, chaises, en attendant que le premier frappe à la porte. Et puis HOP, tout le monde se redresse, prend une pose langoureuse et dévoile un peu plus ses cuisses ou ses nichons, le client arrive. Les maisons sont généralement ouvertes de 20h à minuit, ou une heure. Le rush, c’est à 23h !

La première fois

La première fois qu’un homme entre dans un bordel, c’est pas super funky. Mais je vous rassure, lorsqu’une femme y rentre, c’est pas cool non plus, pour différentes raisons. Les tenancières tiennent à ce que leur maison garde une bonne réputation. Aussi, lorsqu’un homme vient pour la première fois, elle doit l’examiner pour savoir s’il n’est pas malade. La syphilis tue un nombre incroyable de prostituées… Et de clients. Aussi, faut-il que tout le monde soit irréprochable… Ou presque. On essaie quoi. Alors la dame prend la bite du monsieur et elle regarde s’il n’y a pas quelques traces de la maladie. Pour te faire une idée, clique ici. Mais t’es pas obligé de cliquer non plus hein, c’est dégueu.

Le problème, c’est que la tenancière, elle n’est pas médecin, bin non, elle est tenancière, alors elle ne connaît pas toutes les formes, les temps d’incubation et autres trucs de la maladie.. Du coup, bin… La syphilis est partout.

Après un examen complet de la bite, l’homme peut alors donner son fric et récupérer ses jetons, comme à la kermesse, pour aller voir les filles. La maquerelle met tout en œuvre pour que le mec soit comblé. Elle lui a demandé ses préférences (la juive, la mineure, la blonde…) et a réuni toutes les filles qui correspondent dans un salon à part. Il ne lui reste plus qu’à s’asseoir, discuter, boire un verre, un deuxième, et choisir la fille avec qui il veut passer un moment. 

Les groupes

Au XIXème et même au début du XXème, les garçons, jeunes adultes, aiment passer du bon temps dans les maisons closes. Bin oui, ça forge le caractère. Mais pas seulement hein. En revanche, une passe, ça peut coûter jusqu’à 20F à Paris (entre 3 et 10 dans les grandes villes). C’est très cher. Aussi, lorsqu’un groupe de jeunes bonhommes décident d’aller voir une pute, il faut mettre en place une cagnotte. Chacun met environ 2F. Tout le monde rentre dans le bordel et un garçon prévient la maquerelle : ils font un As de cœur ! La maquerelle va alors chercher un jeu de cartes et le distribue aux garçons. Seul le mec qui a reçu l’As de cœur peut rentrer dans le salon pour choisir la fille et passer une heure avec elle. Ou plus.

Le garçon le plus malin prévoit toujours une pièce de plus pour pouvoir acheter la complaisance de la maquerelle !

L’habitué

Bien moins de chichi pour le mec qui est habitué, il frappe, il rentre, donne les billets et va voir sa ou ses filles préférées. Bin, oui, il peut en avoir plusieurs. Parfois la grasse, parfois la dominatrice. Il fait bien ce qu’il veut. En revanche, il y a toujours une étape à respecter, celle de la consommation d’alcool. Eh oui, avant de monter, il faut boire un verre ou deux. C’est ce qui fait vivre le commerce…

L’attente du client

Les clients sont toujours moins nombreux que les filles. Bin ouais, sinon imagine, les files d’attente se former à l’entrer d’une chambre. Classe et élégance. Aussi, lorsqu’un homme arrive, à moins qu’il n’ait sa préférée, plusieurs filles discutent avec lui. Et tout le monde picole dans le salon.

L’alcool

L’alcool ça désinhibe. Du coup, les hommes prennent confiance et les femmes oublient. Oublient qu’elles n’ont pas envie de coucher avec ces types. Et puis surtout, c’est la case obligée par la tenancière. Ça fait rentrer beaucoup d’argent dans les caisses.

Ce qu’on boit le plus c’est du champagne et du Bourgogne, on trouve les demi-litres entre 10 et 30 francs. Enfin, on peut aussi consommer de l’absinthe pour 3 francs, et différents vins. Tout dépend de la maison. L’idée, c’est quand même de faire picoler le client, qu’il soit à l’aise et qu’il lâche les billets.

Pour éviter les gueules de bois carabinées et l’alcoolisme, les filles se cachent parfois pour boire autre chose que de l’alcool. Parfois les tenancières les soutiennent en leur versant de l’eau salée, ou d’autres trucs qui peuvent ressembler à de l’alcool. Évidemment, elles font payer le client plein pot hein, elles sont gagnantes les malignes. D’autres préfèrent mettre des tables à double fond pour que les filles puissent verser leurs verres discrètement, à l’abri du client.

Le nombre de passes

En moyenne, dans les établissements populaires une fille fait entre quatre et cinq passes par nuit. Mais, c’est vraiment peu représentatif. En fait, en fin de mois, les prostituées peuvent ne pas travailler pendant plusieurs jours, alors qu’en début de mois, au moment de la paie, tout le monde se rue dans les bordels. On remarque aussi une augmentation de la fréquentation en période de marchés à bestiaux ou de foire. Ça attire du monde, et tout le monde doit s’occuper d’une manière ou d’une autre quand le boulot est terminé.

Parfois, les filles peuvent faire jusqu’à 15 passes… Entre chacune d’elles, elles picolent…

Les pratiques sexuelles au bordel

Entrons dans le vif du sujet. Les garçons, une fois qu’ils ont quitté le salon avec une fille, ils font quoi ? Ils demandent quoi ? Qu’est ce qui les fait bander ? Oula. Accrochez-vous. Il y en a pour tous les goûts. Et surtout qui sont-ils ?

Les différents profils

Dans les maisons closes, les filles sont toutes différentes. Bin les garçons aussi. Eh oui. Laure Adler a dressé plusieurs profils type :

  • Le mec célibataire et timide, il commence sa vie d’adulte et ne sait pas trop comment aborder les filles, alors il vient prendre confiance dans un bordel.

  • Le moche. Alors, Laure Adler ne dit pas ça comme ça, elle dit « les disgracieux de nature ».

  • Le mec marié dont la femme est malade et qui ne peut pas pécho

  • Le mec marié qui ne couche avec son épouse que pour procréer. Bin oui, il n’a pas épousé une putain mais une fille respectable qui connaît à peine son clitoris de vue.

La prostituée permet aux hommes de se soulager sexuellement, elle initie et permet le libertinage. Mais dans les petites villes, ou les petites maisons closes, les filles peuvent aussi avoir le statut de confidente, le duo discute de tout et de rien. Ça fait du bien à tout le monde d’être écouté de temps en temps. Parfois même, certains tombent amoureux… Ils doivent alors racheter les dettes de leurs amantes pour pouvoir se marier… Mais c’est plutôt rare. A vrai dire, les hommes viennent souvent pour réaliser des fantasmes qu’ils ne peuvent (=veulent) pratiquer avec leurs femmes. C’est pas tout le temps joli joli, et les filles ne sont pas toujours ravies…

Les différentes pratiques

Le paragraphe que vous attendiez tous. Mais alors ? Il s’y passe quoi dans les bordels ?

Là encore, il y a deux cas : les mecs qui veulent un truc simple, rapide et efficace. Genre une pipe, un missionnaire et c’est terminé. Et il y a les autres. Ceux qui ont des désirs particuliers. C’est dans les maisons closes les plus classes qu’on trouve les pratiques sexuelles les plus folichonnes. Aussi, il n’est pas rare de voir un homme monter avec deux ou trois filles. Ou deux hommes monter avec une seule fille. Et là, ça commence à choquer la morale de l’époque.

Deux hommes dans un même lit. Doux Jésus ! En plus ils peuvent pratiquer des rapports anaux et ça « c’est vraiment dégueulasse hein ». Oui, les hommes sont très friands de tout ce qui est anal : « des hommes poussent la luxure jusqu’à la saleté, se faisant embrasser non seulement les parties génitales, mais aussi l’anus ! ». Ou alors, ils pratiquent l’anulingus sur des femmes, et ensuite bim bam boum sodomie. Les filles n’ont pas le droit de s’en plaindre. C’est le boulot. Faut se soumettre aux moindres des désirs.

Autre chose, les hommes aiment aussi se faire battre, avec des bâtons, des martinets… D’autres demandent à être incisés au canif. Ou encore de se faire enfoncer les ongles, ou des épingles, sous la peau des testicules.

Certains hommes ont besoin que la prostituée leur urine dessus pour pouvoir jouir. Ou encore qu’elle les pénètre avec différents objets. D’autres c’est le contraire, ils aiment pisser et pénétrer les filles avec des sextoys. Il existe aussi, les épongeurs, ceux qui viennent ramasser le sperme des autres, ou les renifleurs… Enfin, au XXème siècle, c’est surtout le voyeurisme qui est à la mode. Les mecs se masturbent en regardant des meufs dans des poses lascives dans une pièce à coté. A travers la fenêtre, la porte, ou encore des trous percés dans les murs.

Finalement, au bordel, on pratique surtout ce qu’on a pas le droit de pratiquer ailleurs. La bienséance est partout, sauf dans les maisons publiques.

Lorsque la maison close ferme ses portes, les filles vont se coucher. Épuisées, sales et parfois honteuses.