Dheepan

Publié le 06 septembre 2015 par Lorraine De Chezlo
de Jacques AudiardDrame - 1h55Sortie salles France - 26 août 2015avec Antonythasan Jesuthasan, Kalieaswari Srinivasan, Vincent Rottiers, Claudine Vinasithamby...Palme d'Or 2015 - Festival de Cannes
Pour émigrer, Dheepan prend l'identité d'un mort, s'associe à une femme qu'il ne connaît pas, avec une fille issue encore d'une autre famille, et ainsi ils peuvent prétendre à une émigration en France, fuyant la persécution du Sri Lanka. Arrivés en France, c'est au cœur d'une cité de banlieue qu'ils vont habiter un logement de fonction, alors que Dheepan va assumer l'ingrate fonction de gardien d'immeuble.

Comme deux mondes de la misère contemporaine, deux mondes parallèles marginaux qui se rencontrent. Celui d'une violence à fuir, celui d'une violence à maintenir. Un film voulant prétendre à un réalisme social sans concession. Une pseudo famille sri-lankaise d'une part. Un coup de projecteur sur une communauté très peu portée à l'écran dans les fictions d'aujourd'hui. Et l'occasion de soulever le spectre d'un conflit, un autre, pas la Syrie, pas l'Afrique du Nord, pas le proche Orient. La femme d'abord assez antipathique, maladive, démotivée hormis à un salut chez sa cousine en Angleterre, s'humanise en travaillant comme aide ménagère chez un vieux du bloc d'en face. Et lui, si volontaire, si calme, si posé, que l'on découvre ensuite toujours ravagé par son passé de combattant chez les Tigres tamouls. Pas des enfants de cœur, des destins, l'aspiration d'une vie en sécurité, au milieu d'humains.  Et le parachutage quasi irréel, au cœur d'une cité "sensible", ou plutôt du centre névralgique de la vie de gangs décomplexés et des lois et règlements de compte qui vont avec. Vincent Rottiers n'est pas forcément très crédible dans sa posture de parrain sortant de prison, mais les autres protagonistes délinquants campent un tableau très radical, très caricatural, que seul la douceur policée des habitants âgées et des mères de famille épuisée viennent contrebalancer.

Une fiction qui résonne en cette fin d'année, qui fait écho au discours autour des migrants - loin encore d'être des réfugiés. Un film qui m'a parlé, que j'ai trouvé assez puissant. Deeper and deeper vers l'horreur, avant une fin totalement optimiste et heureuse, sur la possibilité d'un salut et d'une formation volontaire d'une cellule familiale.
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