Pour émigrer, Dheepan prend l'identité d'un mort, s'associe à une femme qu'il ne connaît pas, avec une fille issue encore d'une autre famille, et ainsi ils peuvent prétendre à une émigration en France, fuyant la persécution du Sri Lanka. Arrivés en France, c'est au cœur d'une cité de banlieue qu'ils vont habiter un logement de fonction, alors que Dheepan va assumer l'ingrate fonction de gardien d'immeuble.
Comme deux mondes de la misère contemporaine, deux mondes parallèles marginaux qui se rencontrent. Celui d'une violence à fuir, celui d'une violence à maintenir. Un film voulant prétendre à un réalisme social sans concession. Une pseudo famille sri-lankaise d'une part. Un coup de projecteur sur une communauté très peu portée à l'écran dans les fictions d'aujourd'hui. Et l'occasion de soulever le spectre d'un conflit, un autre, pas la Syrie, pas l'Afrique du Nord, pas le proche Orient. La femme d'abord assez antipathique, maladive, démotivée hormis à un salut chez sa cousine en Angleterre, s'humanise en travaillant comme aide ménagère chez un vieux du bloc d'en face. Et lui, si volontaire, si calme, si posé, que l'on découvre ensuite toujours ravagé par son passé de combattant chez les Tigres tamouls. Pas des enfants de cœur, des destins, l'aspiration d'une vie en sécurité, au milieu d'humains.
Une fiction qui résonne en cette fin d'année, qui fait écho au discours autour des migrants - loin encore d'être des réfugiés. Un film qui m'a parlé, que j'ai trouvé assez puissant. Deeper and deeper vers l'horreur, avant une fin totalement optimiste et heureuse, sur la possibilité d'un salut et d'une formation volontaire d'une cellule familiale.
L'avis de Boustoune - Angle[s] de vue
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