Plantons le décor. Anna est une jeune étudiante à qui la vie réussit. Elle a un jour la chance de décrocher un job de rêve dans un hypermarché : elle va devenir hôtesse de caisse. Euh, pouce ! Un job de rêve vous avez dit ? Quelle blague... Il n'y a évidemment pas de sot métier et encore moins de métier dégradant. Être hôtesse de caisse (famille dont la plupart des étudiants, et moi-même, ont fait partie au moins une fois dans leur vie), c'est tout d'abord être responsable d'une assez importante somme d'argent, être souriante et surtout, être au service de la clientèle, et quelle clientèle ! Peut-être sont-ce les clients qui devraient avoir honte de ce qu'ils sont/font. Car oui, quand on traite une caissière comme une machine ou comme la femme invisible, il faut penser que c'est un petit cœur fragile que l'on blesse.
Voilà le cri d'alarme que lance Anna Sam. Avec un humour pétillant et non sans autodérision, elle nous fait partager quelques anecdotes truculentes. Le client au téléphone qui ne dit pas bonjour ? On connaît. La cliente pressée qui fait ses courses à 19h55 alors que le magasin ferme à 20h et qui s'énerve devant notre manque de patience ? Typique. Et bien d'autres : Anna Sam ne nous épargne aucun détail de la vie passionnante d'une hôtesse de caisse.
Ce court livre (ce n'est pas un roman, ni une nouvelle, ni un récit à proprement parlé, simplement une suite de situations rassemblées dans une suite logique) permet deux lectures : la première, pour les hommes et les femmes dans la même situation qu'Anna qui se reconnaîtront dans 90 % des anecdotes et qui riront de leur propre sort ; la seconde pour les clients qui pourraient (devraient?!) changer quelque peu leur comportement quand ils passent en caisse acheter leurs boîtes de conserve et leur shampoing à la pomme verte. Et oui, tout le monde mange et tout le monde se lave (enfin presque...).
Bref, un ouvrage drôle et sans détour, qui n'a pas vocation à vous dégoûter du métier de caissière mais simplement à faire réfléchir à quelques états de fait. Et rappelez-vous, tout métier est bon à prendre dans un contexte économique où les chômeurs sont légion. Alors un peu de compassion pour celles et ceux qui n'ont pas la chance de naître une cuillère d'argent dans la bouche.