L’hypothèse de l’hygiène -qui consiste à trop préserver les nouveau-nés des allergènes, ce qui va renforcer leur risque d’allergies, plus tard dans la vie-, suggère ainsi un lien entre le recul des maladies infectieuses et l’augmentation des allergies dans les pays riches. L’amélioration des niveaux d’hygiène conduisent à un contact réduit avec les microbes qui va de pair avec une augmentation de l’incidence des maladies allergiques et auto-immunes, telles que le diabète de type 1. De nombreuses études ont documenté cette hypothèse, en montrant que les enfants vivant en contact avec des animaux de ferme vont développer moins d’allergies cours de leur vie. Une étude de l’Université d’Aarhus (Danemark) montre en particulier que ces enfants qont un risque réduit de maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI).En revanche, des études expérimentales ont également montré que l‘administration d’antibiotiques au cours des premiers jours de la vie entraine une perte de la flore microbienne, et donc une augmentation de l’incidence de l’allergie.
L’exposition régulière aux particules de poussières chargées en bactéries et en particules fongiques de la ferme protège les enfants contre les allergies, en émoussant leurs réponses immunitaires inflammatoires. En particulier, en favorisant la production d’une enzyme anti-inflammatoire » A20 « , à l’effet donc protecteur.
Une démonstration in vivo et in vitro : Le Dr Martijn J. Schuijs de la Ghent University (Belgique) et ses collègues ont exposé les souris à l’endotoxine tous les 2 jours pendant 2 semaines puis ont exposé ces souris aux acariens responsables de l’asthme. Les souris régulièrement exposées à l’endotoxine ne développent pas de symptômes d’allergie, alors que c’est le cas des souris témoins. En conclusion, l’exposition aux endotoxines protège les souris en inhibant la capacité de leurs cellules épithéliales pulmonaires à produire des molécules pro-inflammatoires. La condition génétique de ce mécanisme protecteur, une bonne copie de l’enzyme A20. D’ailleurs en cas de niveau suffisamment élevés de A20, des échantillons de biopsies pulmonaires d’adultes sains, exposés à l’endotoxine, génèrent moins de molécules inflammatoires caractéristiques des allergies que ceux de sujets asthmatiques, qui présentent des niveaux plus faible de A20. L’environnement rural et agricole semble donc, mais avec l’aide de cette enzyme, protéger contre l’allergie.
Des tests aussi chez les petits patients : Ces résultats ont ensuite été testés chez les patients. Ils montrent que les patients allergiques ont une carence en protéine A20. Ce qui contribue à expliquer leurs réactions sévères aux allergènes. Un test mené sur 2.000 enfants qui grandissent dans des exploitations agricoles montre aussi que la plupart d’entre eux sont protégés. Les seuls enfants allergiques sont ceux qui présentent une variante génétique du gène A20 qui provoque un dysfonctionnement de la protéine A20.
Plusieurs implications sont ouvertes par cette étude : identifier la substance active protectrice dans les particules de poussière et l’élaboration d’un vaccin et de nouveaux médicaments préventifs contre l’asthme et les allergies. Cependant, précisent les auteurs, plusieurs années de recherche sont encore nécessaires encore avant le développement d’un tel médicament et son usage en pratique clinique.
Source: Science 4 September 2015 DOI: 10.1126/science.aac6623 Farm dust and endotoxin protect against allergy through A20 induction in lung epithelial cells
ALLERGIES et allergènes: Pourquoi il ne faut pas trop protéger bébé durant sa première année –