La galerie associative « Les Inventifs » a invité cette fois les peintres François Gauchet et Nadège Donzé à faire leur exposition personnelle au Cellier de Clairvaux. C’est une bonne initiative. Ouverture à 14h30 tous les jours. Jusqu’au 13 septembre.
François Gauchet, je connais son travail depuis longtemps et j’aime. Déjà écrit à son propos plusieurs fois. (Allez voir par exemple dans « textes en résonance ») Aujourd’hui, je ne le ferai donc pas. Mais je veux juste dire que cet artiste semble ne pas avancer, qu’il n’ose peut-être pas franchir la marche qui le ferait évoluer, chercher, tenter, bouger…
Je découvre Nadège Donzé. J’en avais entendu parler par la plasticienne Christine Delbecq dont elle est l’élève depuis longtemps.
A première vue, ses abstractions, dont elle intitule la série « Embrouillaminis », sont banales. Comme un parfum de déjà vu. Mais non! Surtout, s’abstenir de passer vite. Il faut s’arrêter. Il faut REGARDER ces toiles. Je ne sais quel monde immergé et intime ressurgit ici. On le sent. C’est difficile à exprimer pour le regardant, mais c’est une évidence, quelque chose est « dit » ici. Quelque chose qui vient de profond.
Il y a des encombrements de lignes et de traits. En mouvement. On a l’impression d’avancer dans un buisson serré dont les branches et brindilles explosent à notre passage, craquent, tombent et ouvrent peu à peu un chemin. Au bout, là-bas, au coeur de la toile, la lumière nous attend. Les touches de blanc qui volent jusqu’à nous en sont les signes.
Parfois, ce ne sont plus des branches mais des barreaux. Eux aussi explosent, se tordent et s’effondrent. Comme si un grand souffle les avait anéantis. Le passage est libre. A l’arrière, on distingue une nouvelle image de vie. Différente.
J’apprécie ce genre de toiles où l’on perçoit le travail du peintre, à la fois énergique et sérieux. L’artiste tente l’impossible avec le pinceau, avec le geste, avec la matière, avec la couleur: pas seulement occuper un espace à peindre, mais montrer ce que rien d’autre ne peut montrer ( sensations, sentiments, formes que prennent les existences, remue-ménages intérieurs, chocs émotionnels, etc)
L’autre série de Nadège Donzé, « Vermeer », est très différente mais super intéressante. Certes, ça fait travail d’atelier mais pour une fois que les visiteurs peuvent apprendre à lire un tableau! Formidable! Partie de « La ruelle » , peinture de Vermeer, l’artiste commence par une reproduction fidèle de cette peinture, puis interprète l’oeuvre, l’interroge et l’analyse par quelques toiles personnelle: exagération de l’impact du mur, accent mis sur le blanc, puis sur la tache rouge, mise en abstraction de l’ensemble etc. Cliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois