Lecteur attentif, passe ton chemin.
Ce billet n’existe que pour rappeler au blogueur de cet espace qu’au printemps 2015 il a voulu lire Zbigniew Herbert. Une lettre d’informations des éditions Le bruit du temps qu’il adore lui annonçait la parution nouvelle du recueil Etude de l’objet. Curieux mais frileux, notre blogueur a préféré emprunter en bibliothèque le premier volume des éditions complètes du poète, plutôt que d’acheter le court volume de poche du recueil souhaité. Grand mal lui en pris – comme très souvent lorsqu’il emprunte de la poésie et tente de tout parcourir d’une traite ! Noyé sous les vers, il s’est enhardit à lire l’ensemble de Corde de lumière, première partie de près de cent cinquante pages en grand format, avant de mettre de côté la seconde au nom pourtant si évocateur Hermès, le chien et l’étoile, et de s’atteler enfin à la lecture de son intention première, Etude de l’objet.
Proposant la version polonaise de chaque poème traduit en français par les bons soins de Brigitte Gautier, l’ensemble ne manquait pourtant ni de charme ni d’intérêt. Cela dit, notre impatient blogueur n’aura pas su se rendre disponible et prendre le temps de savourer chaque strophe. Il ne garde que trop peu de traces de Corde de lumière et des évocations terrifiantes des tranchées et autres sépultures des guerres de ce siècle. L’Etude de l’objet ne lui laisse aucun souvenir, lu bien trop tard, en proie qu’il était à la digestion massive des premiers poèmes de l’auteur. Toutefois conscient que le poète n’est pas en cause et pour ne pas paraître trop égoïste, le blogueur vous suggère ici quelques vers dédiés à La rose noire :
elle apparaît
noire
aux yeux aveuglés
par la chauxelle effleure l’air
et se fige
diamant
rose noire
dans le chaos des planètesjouant
du pipeau de l’imagination
fais sortir
les couleurs
de la rose
noire
comme un souvenir
de la ville calcinéele violet – pour le poison et la cathédrale
le rouge – pour le bifteck et le roi
l’azur – pour l’horloge
le jaune – pour l’os et l’océan
le vert – pour la jeune fille changée en arbre
le blanc – pour le blancô rose noire
dans la rose noire
que caches-tu
parmi les moucherons morts des électrons
Si le lecteur de passage a fuit ce billet, ce qui lui était conseillé, le blogueur, quant à lui, se donne rendez-vous à lui-même dans quelques mois ou années pour une nouvelle rencontre avec Zbigniew Herbert. Il en profite pour saluer les éditions Le bruit du temps, qui en re-publiant en poche et séparément chaque recueil des œuvres complètes offre une seconde chance au lecteur impatient.
Œuvres complètes I : Corde de lumière – Zbiegniew Herbert
traduit du polonais par Brigitte Gautier
Le bruit du temps, 2011, 526 p.
Première publication en polonais : 1956-1961
Challenges concernés
(cliquez sur les images pour les détails)
Challenge Poésie 2014-2015