Les éloges fleurissent à propos de ce roman polyphonique mettant en scène, sans voyeurisme ni sentimentalisme, le martyr d’une petite fille victime de maltraitance. L’auteur, Alexandre Seurat, s’est inspiré de l’ affaire « Marina » dont on avait parlé il y a quelques années.
Diana est une petite fille qui semble engluée dans le malheur. D’abord rejetée à sa naissance, sa mère finit par vouloir la reprendre avec elle. En la nommant Diana, elle semble sceller son existence la condamnant à un avenir sombre fait de cavales, de faux nouveaux départs, qui auraient pu se répéter à l’infini,car à chaque fois que le soupçon de maltraitance pèse sur les parents, ceux-ci déménagent pour échapper à une enquête trop poussée.
Ce roman choral superpose les voix des témoins et des acteurs. On entend parfois la voix de la fillette qui restitue très souvent les paroles des adultes. La sienne est contrôlée, maîtrisée ou contrainte au silence lorsqu’elle révèle par bribes un peu de ses souffrances.
C’est une sorte de machine infernale qui se met en place dès le premier signe de maltraitance repéré par l’institutrice. Quels que soient les rapports effectués par l’institution, le tragique semble s’acharner sur sa victime, aggravant à chaque fois son sort.
La culpabilité pèse lourd sur les nombreux témoins qui ont pourtant vu et compris mais qui n’ont rien pu faire malgré les signalements. La lenteur de l’institution, qui classe l’affaire faute de preuves réelles alors que le corps de Diana porte les stigmates des sévices corporels infligés par ses parents, n’a pas permis de mettre fin à cet engrenage.
En laissant une zone d’ombre sur les tortures et un adoptant un style « factuel », l’auteur couvre la fillette de dignité et rend hommage à cette enfance meurtrie.
Un texte poignant et juste dont on ne sort pas indemne.
Alexandre Seurat, La Maladroite, Editions La Brune au rouergue, 2015