Ces dernières années, de très nombreuses études scientifiques ont traité des effets sur les organes, la reproduction ou la fertilité de ces substances chimiques présentes dans l’environnement. Cependant ces études se sont majoritairement penchées sur les effets d’une substance en particulier et parfois sur un modèle, un organe ou le risque d’une pathologie en particulier. Il reste donc difficile d’évaluer les effets des perturbateurs endocriniens, combinés ou à » petite dose » mais à long terme, sur la santé. Cette nouvelle étude menée par 3 équipes de l’Inserm et du CNRS s’est penchée sur le rôle combiné joué par ces substances et leurs modalités d’action en cas d’interaction. Les résultats de ces travaux, publiés dans la revue Nature
Les chercheurs montrent ici qu’à l’échelle moléculaire 2 composés peuvent se lier au récepteur cellulaire, la fixation du premier favorisant la liaison du second, la combinaison de 2 molécules pouvant ainsi exacerber leur effet toxique.
Ici, la démonstration est faite avec un estrogène l’éthinylestradiol (un composé des pilules contraceptives) et un pesticide organochloré, le trans-nonachlor. Ces 2 composés peu actifs séparément, ont la capacité de se fixer simultanément à un récepteur situé dans le noyau des cellules et de l’activer de façon synergique. Ainsi, à 2 l’effet toxique est démultiplié.
C’est donc une preuve de concept qui nous est apportée par cette étude, sur l’effet augmenté d’une exposition combinée à plusieurs perturbateurs. Le champ de recherche est immense puisqu’il faudrait analyser les actions combinées d’environ 150.000 composés, et, si possible à faible dose et dans la durée…
Des implications donc immenses pour la recherche mais aussi l’utilisation des produits chimiques et sa règlementation.
Source: Communiqué Inserm Les dessous de » l’effet cocktail » des perturbateurs endocriniens révélésNature Communications 03 September 2015doi:10.1038/ncomms9089 Synergistic activation of human pregnane X receptor by binary cocktails of pharmaceutical and environmental compounds(Visuel © Vanessa Delfosse, William Bourguet, Inserm » Séparément, l’éthinylestradiol (EE2) et le trans-nonachlor (TNC) se lient seulement à forte concentration au récepteur des xénobiotiques (PXR) et sont des activateurs faibles de ce récepteur. Lorsqu’ils sont utilisés ensemble, les deux composés se stabilisent mutuellement dans la poche de liaison du récepteur. Le » ligand supramoléculaire » ainsi créé possède une affinité augmentée pour PXR, de sorte qu’il est capable d’induire un effet toxique à des doses auxquelles chaque composé est inactif individuellement « .