Wand – 1000 Days

Publié le 04 septembre 2015 par Hartzine

Wand est un groupe au mimétisme ambigu mais pas totalement péjoratif et leur dernier long, un douze titres baptisé 1000 Days à sortir le 25 septembre prochain chez Drag City, témoigne d’une recherche de personnalité encourageante après deux premiers albums qu’on sent presque louvetés par Ty Segall lui-même. Ty Segall dont ils se sont aussi visiblement réappropriés la productivité semestrielle, à moins que le trio angeleno n’ait décidé de sortir un LP par collection de prêt-à-porter. Si Golem, édité plus tôt cette année, virait avec une pertinence toute relative du côté du shoegaze et du stoner pour alourdir les riffs et anesthésier la dominante psych fuzz du premier album, 1000 Days fait du plat à des références moins segalliennes, lorgnant du côté d’un rock 70’s plus classique et populaire intelligemment équilibré par des phases kraut qui éloignent un peu le jeune groupe de la facilité. C’est une production inégale aux écarts stylistiques notables qui pourrait déplaire aux fans de la première heure, pourtant après deux albums monocordes et malgré de forts accents pop, c’est une houle bienvenue, une prise de risque encore timide mais salutaire dans une discographie trop réduite pour être déjà téléphonée.

Photo © Justin Tenney

L’écoute s’ouvre sur Grave Robber et trois minutes trente de psych sautillante où disto et saturation tronçonnent et complètent sans la dominer une mélodie numérique arpégée. C’est une amorce qui, sans trop s’écarter des productions habituelles du groupe, étoffe et adoucit la gamme de leurs sonorités puis rebondit sur d’autres titres comme Sleepy Dog ou Passage of the Dream. Si les accents pop sont appuyés, ils n’entrent pas vraiment en conflit avec la quasi omniprésence d’un fuzz identifiable mais plus forcément identitaire, et des digressions marquées vers la folk, à l’exemple de 1000 Days. Le titre, qui donne son nom à l’album, est une ballade de hobo, une errance qui interroge la question de la personnalité et du rapport à l’autre, trouvant sa résolution dans l’imaginaire: “I don’t need a thing cos’ I’ve had every dream”. Dont acte. Le phrasé s’attache au style et flirte beaucoup avec les grands classiques du genre, des Beatles époque psyché à la dramaturgie opéra rock des Who (Morning Rainbow, Paintings Are Dead), c’est bourré de similitudes que chacun appréciera à sa façon mais qui confirment le sentiment que le groupe cherche à se déterminer en puisant dans ses références.

Surtout, c’est le parti pris krautrock ponctuel qui frappe au regard des productions précédentes, tant l’affiliation est évidente et bien récupérée. Dovetail est une surprise lysergique de quatre minutes plantée à mi parcours dont l’approche expérimentale rappelle le background cosmico-progressif d’Amon Düül première formation, et qui n’aurait pas dépareillé dans la bande son d’un Lucifer Rising. Entre autres clins d’œil plantés ici et là au hasard des morceaux, le plaintif Broken Sun déroule un psych kraut sombre et lent brutalisé par des riffs lourds et chuintants, une synthèse de ce que Wand est capable de produire en aparté d’une saturation lassante et juvénile. On ne peut cependant pas parler de maturité: les inspirations restent trop nombreuses et manifestes pour s’accrocher à l’idée d’un album complètement personnel, tout comme l’absence de story telling qui fait basculer le LP en direction d’un patchwork de styles cohérents et correctement recyclés mais à la définition encore vague. La vraie surprise viendra peut-être de la collection printemps/été 2016, dont les coutures sont sûrement déjà montées.

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