En me plongeant dans ce formidable recueil historique et humain, je n'ai pu m'empêcher de savourer l'immensité du privilège de notre époque paisible. La paix, une vie - sans être simple ni facile pour tout le monde, mais c'est la règle du jeu de l'humaine condition, une vie qui n'est pas sans cesse menacée et repoussée jusqu'à ses limites, épuisée de douleur et abrutie par la force aveugle. Epoque paisible, où l'on peut acquérir pour 7,5 € des trésors sans prix - tel cet ouvrage!Epoque paisible où l'on nous explique que le totalitarisme nous guette et que ce monstre apocalyptique que nous avons élu démocratiquement est un dictateur? La lecture de Grossman devrait être une propédeutique obligatoire à l'obtention de la carte électorale. Peut-être surtout parce qu'il refuse tout pessimisme, quelque soit l'immensité tragique du paysage humain qu'il embrasse.Les prophètes de malheur, infatigables décourageants, enragés de contestation et de frustration : les voila, les ennemis du peuple!
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Hier soir, j'ai failli pleurer de joie en découvrant au Relay de la gare d'Austerlitz, entre Guillaume Musso et Amélie Nothomb, Carla Sarkozy et Anna Gavalda, Hablan Coen et Douglas Kennedy, l'édition de poche toute fraîche et toute belle des Carnets de guerre de Vassili Grossman, qui avaient été édités l'année passée par Antony Beevor chez Calmann Lévy (20,90 € tout de même).