Harcèlement de rue et agression

Depuis plusieurs mois j’ai cessé de me taire lorsque un homme se croit autorisé à m’alpaguer dans la rue avec la finesse du dernier des misogynes. Je réponds, lève un doigt et continue mon chemin en regrettant toujours de ne pas être allée me confronter à ce phallocrate de mes deux pour lui expliquer la violence que de tels propos représentent au quotidien. C’est sans doute à cause de toutes ces occasions ratées, par lâcheté de ma part, qu’un soir d’août je n’ai pu laisser couler et que mon corps en est encore marqué.

À quelques mètres de chez nous alors que nous rentrions nous coucher mon compagnon et moi même après une soirée d’été particulièrement réussie, deux hommes en voiture arrêtés au feu rouge m’ont insulté. La goutte a fait déborder le vase et je me suis ruée à leur rencontre bien décidée à leur faire entendre mon point de vue et celui de toute les femmes considérées bien trop régulièrement comme un vulgaire morceau de bidoche.

Au moment où j’ai posé mes mains sur le rebord de la vitre ils ont démarré. Il m’ont trainé sur quelques mètres et ne se sont pas arrêtés pour me venir en aide. Choquée, en larme, je vois du sang sur mes mains provenant de mon crâne. Les moments qui suivent sont et resteront très flous. J’entends mon homme appeler la police et les pompiers. Je perçois deux hommes tentant de nous aider et de me calmer. Je raconte aux forces de l’ordre et aux pompiers arrivés au plus vite ce qui vient de se passer et pars pour l’hôpital. Ma jambe est meurtrie et ma tête me fait mal. Je vous passerais les détails de mon passage aux urgences qui se résume à un non respect total des patients et au vol de l’intégralité de mon sac à main mais cette nuit restera mémorable.

Avec de simples oedèmes et hématomes particulièrement impressionnants sur la jambe, je m’estime chanceuse des conséquences de cette affaire sur ma santé. Mais la colère que je sens au fond de mon ventre depuis est beaucoup plus violente. Certains et surtout certaines m’ont reproché mon inconscience, m’ont conseillé de toujours ignorer, m’ont affirmé que les hommes qui pensent pouvoir insulter à tout va les femmes pour ce qu’elles sont ne comprendront jamais et ne valaient pas la peine que l’on gaspille notre salive. Je ne suis pas d’accord avec cette façon de penser. Plus jamais je ne veux qu’un homme s’imagine qu’il peut se permettre de tels comportements parce que, soumise à cette norme, je me tais.

Alors oui, je me suis mise en réel danger il y a quelques semaines mais malgré la douleur persistante dans mon genou, je ne regrette pas d’avoir agi. Pour la première fois j’ai refusé de laisser passer ce harcèlement quotidien et je sais que plus jamais je ne laisserai passer ça.

Je ne vous dit pas ici de foncer dans le tas tête baissée car rien n’est plus important que votre santé et si quelqu’un se sent autorisé à vous lancer des insultes au visage il peut également être capable de vous trainer sur le bitume. Mais regarder ces primates basiques droit dans les yeux et affirmer votre place dans la rue, le bus, le train est notre droit mais également un devoir pour les futures jeunes filles qui ne doivent plus arpenter les rues dans la crainte.

On me dira que je suis une utopiste de croire que ces agressions peuvent cesser et je le suis peut-être mais je refuse de penser que de tels actes sont immuables.

Nous avons beaucoup hésité entre nous à publier cet article car nous n’arrivions pas à savoir si il pouvait trouver sa place sur le blog. Mais ce blog c’est nous, nos envies, nos découvertes, nos idées, nos jours de chance et parfois, comme ici, nos coups durs. Cette histoire a sa place ici car j’ai besoin de vous en parler. Besoin de vous lire à ce sujet. Besoin de comprendre vos avis, vos réactions dans de telles situations. Il me semble que parler d’un problème c’est déjà le début de la solution non?