"Il arriva sans avoir été attendu, il vint sans avoir été conçu. Seule la mère savait qu'il était fils d'une annonce de la semence portée par la voix d'un ange. [...] Seules les femmes, les mères, savent ce qu'est le verbe attendre. Le genre masculin n'a ni constance ni corps pour héberger des attentes. Je mesure la circonstance aggravante que représente l'ignorance physique de la forme du verbe attendre"Erri De Luca, Noyau d'olive, "Avent", 2002,
éd. Gallimard 2004 pour la traduction française,
repris en Folio, 2006.L'Annonciation de Nicolas Poussin, que l'on peut admirer en ce moment au musée des beaux-arts de Lyon dans le cadre de la belle exposition autour de l'acquisition de la Fuite en Egypte, manifeste avec plénitude la capacité d'accueil de Marie - qui est aussi une attitude d'adoration. On est bien loin de la surprise que décrivent les évangiles: la jeune femme s'abandonne totalement à la force de Dieu que le dynamisme du corps tendu de l'ange semble incarner. Je reste très frappée par la position très inhabituelle du corps de la vierge, assis en tailleur, jambes écartées (!) dans un équilibre serein.Au fond, le rideau qui évoque toujours le voile du temple qui se déchirera lors de la crucifixion, mais dont le retombé appelle également la tente de la rencontre où Sarah reçoit l'annonce de sa maternité.
Solennité de l'Annonciation du Seigneur