Come back à Grenoble, ville dont le nom m'évoque un très beau voyage de mon enfance. Candide émerveillement non renié devant ce téléphérique, décidément bien réjouissant, qui à lui seul justifie un enthousiasme débordant quant à cette ville.Mais Grenoble m'avait aussi laissé d'impérissables souvenirs de visites de musées. Les lieux culturels surabondent dans cette ville parfaitement socialo-bobo (il faut en voir les avantages, non?). Les musées y sont gratuits, riches, passionnants et constamment animés d'expositions; qui plus est, aménagés comme des lieux de vie où l'on rêve de venir installer son écritoire, son salon de lecture, ou tout simplement son ennui rêveur.La promenade dans la ville en elle-même est assez surprenante, parcourant artères hausmanniennes, antiques bâtisses, bâtiments rénovés avec brio et innovations architecturales plus ou moins heureuses. Je suis restée très amoureuse de la douce complémentarité entre le théâtre, d'esprit très stalinien, et l'ancien hôtel de ville, dont l'échauguette se love dans l'austère courbe du lieu de spectacle, pompeusement orné d'une emphatique phrase de Louis Jouvet.
Autre curiosité moderne, le garage hélicoïdal, où l'on se verrait bien en pleine prohibition, trafiquer du whisky avec sur la tête un bibi charleston.Mon émerveillement devant le retable baroque du couvent des visitandines, qui abrite le musée dauphinois, premier musée ethnographique de France, a été attisée par l'évocation de ste Jeanne de Chantal qui l'a fondé. Elle aurait eu devant cet autel, dit la légende, la vision de son ami st François de Sales porté au ciel au moment même de la mort de celui-ci. Cette idée seule suffit à plonger l'âme dans des rêveries mystiques que la beauté du lieu invite à déployer.Promenade dominicale à Vizille où le château, ancienne résidence estivale des président de la république après une histoire aussi tumultueuse qu'oubliée de moi (pardon D.!) abrite désormais un gigantesque musée consacré à la révolution française. Evitant cet écueil idéologique, on peut simplement profiter du parc, des animaux en semi-liberté et de la perspective magnifique des montagnes et du massif bâtiment.
Dans un recoin où les poussettes ne s'aventurent pas, magnifique statue de Lesdiguières, très héroïque, absolument digne d'admiration. Bien caché aussi au milieu du cimetière de la ville, l'ancien prieuré de Vizille présente un très pur tympan de marbre représentant outre le Christ en majesté et ses évangélistes, la sainte Cène. Je suis très touchée par l'attitude de Judas, agenouillé aux côtés du Christ qui lui donne la bouchée de pain désignant sa trahison.
Retour en Beauce, où les levers de soleil quotidien sont plus beaux que jamais. Mais ces images là, je les garde jalousement pour moi...