Helena Hauff – Discreet Desires

Publié le 03 septembre 2015 par Hartzine

A tout juste 25 ans en 2015, la musique ne peut s’envisager que d’une seule manière: embrasser tous les genres, sans aucune forme de limite, afin de goûter à tous les plats de ce gigantesque buffet sans fin. Depuis ses débuts quelque peu singuliers, une poignée d’années seulement après avoir enfin découvert les joies du digging sur le web, c’est ainsi que l’Hambourgeoise Helena Hauff a choisi d’opérer. Saisir fermement et avaler tout ce qui lui tombait sous la main, pour tendre toujours plus vers une synthèse maximale, un grand tout musical incarné dans une musique électronique bigarrée. En attestent la création récente de son label Return To Disorder, terre d’accueil de projets tout autant post-punk que techno, ainsi que ses propres productions discographiques qui la conduisent en cette rentrée 2015 a sortir chez Werkdiscs / Ninja Tune son tout premier LP : Discreet Desires.

Outre ses qualités de DJ capables de mélanges des genres savoureux, sur disque Helena Hauff a toujours fait montre d’une volonté d’embrasser une musique électronique aux contours assez larges, sans se borner à la techno pure et dure. Sa résidence au sein du fameux Golden Pudel, véritable zone de jeu, lui aura permis de définir à sa façon cette musique protéiforme qui habite le LP: cold wave électronisante, martelage indus ou quasi synth-pop sans chant,Discreet Desires semble s’incarner dans une multitude de personnages allégoriques, tous cousins entre eux mais qui ne manquent pas de se toiser du regard, dans ce semblant de cessez-le-feu glacial instauré d’un commun accord.

Au fond, ce premier LP au titre évocateur marque certainement une libération personnelle. La concrétisation d’un instant de confession d’une Helena Hauff sereine qui se moque ouvertement des chapelles. Plus rien n’a d’importance lorsque l’on en vient à trouver sa voie; celle qui fait d’elle aujourd’hui l’une des véritables sensations d’une électro européenne en souffrance après le faste techno poussé à l’écœurement ces dernières années. Ici, les productions, aux relents 80’s évidents, n’en restent pas moins singulièrement modernes et fraîches, poussant étonnamment sur le devant de la scène les mélodies débridées aux synthés plutôt que la sacro-sainte prédominance du beat 808 martelé jusqu’à plus soif, véritable dogme musical de notre époque, s’il en est. En résultent quelques véritables bombes marquantes, à l’instar de l’hypnotique L’Homme Mort, des envolées quasi 8-bits de Tryst ; voire de la tentative de murmures transformés en râles contrôlés de l’angoissant Sworn To Secrecy Part II.

Pas étonnant qu’Helena Hauff ait choisi, pour accueillir Discreet Desires, l’une des écuries européennes les plus à même de bâtir des ponts entre les puristes de la musique électronique des 30 dernières années et un grand public curieux des nouvelles sensations indépendantes et singulières. Charismatique sur scène, Helena Hauff trouve ici une seconde voie, plus éloignée du club mais loin d’être dénuée d’intérêt. Quelques mois seulement après un A Tape de qualité chez Handmade Birds, la voici qui confirme que 2015 est belle et bien son année. Celle où elle parvient à confirmer qu’en 2015 tout ne s’arrête pas à la porte du club, qu’il est possible de faire vivre sa musique en plein jour, ramenant à sa juste place le juge de paix nommé « dancefloor », sans pour autant paraître déconnecté des réalités de la hype musicale du moment.

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