Le château de Chambord est situé dans la commune de Chambord, dans le Loir-et-Cher. Construit au cœur du plus grand parc forestier clos d’Europe (environ 50 km2 ceint par un mur de 32 km de long), il s'agit du plus vaste des châteaux de la Loire.
Chambord accueille un château dès la fin du Haut Moyen Age au Xe siècle. Il s'agit alors d'un château fortifié destiné aux Comtes de Blois. Comme toutes les propriétés de ces derniers, le château passe aux ducs d'Orléans en 1397, avant d'être rattaché à la couronne de France lorsque Louis d'Orléans devient Louis XII de France en 1498.
En 1516, François Ier, roi de France depuis 1515, auréolé de sa victoire à Marignan, décide la construction d'un palais à sa gloire, à l'orée de la forêt giboyeuse de Chambord. Le désir du roi est de réaliser une ville nouvelle à Romorantin, et à Chambord un grand édifice dans le style néoplatonicien. Le projet se nourrit de l'humanisme d'Alberti, qui a défini les principes de l'architecture Renaissance, dans son traité De re aedificatoria, inspiré de l'architecte romain Vitruve. Il repose sur la géométrie, les rapports mathématiques et la régularité.
Le 6 septembre 1519 François Ier donne commission à François de Pontbriand, son chambellan, d'ordonner toutes les dépenses qu'il y aura à faire pour la construction du château. Dès lors s'ouvre sur le site de Chambord le chantier d'une immense création architecturale, qui doit également servir de résidence de chasse, en annexe du château de Blois. Cette nouvelle « merveille du monde » est destinée à immortaliser son constructeur, François Ier, le « prince architecte ». Bien qu'on ne conserve aucune archive sur la genèse du plan de Chambord, il est probable que Léonard de Vinci, installé à Amboise à la fin de l'année 1516, y est associé, ainsi que l'architecte Domenico Bernabei da Cortona.
Les travaux débutent par la destruction de plusieurs bâtiments, dont l'ancien château des comtes de Blois et l'église du village, et par la réalisation des fondations du donjon carré flanqué de quatre tours ; unique bâtiment prévu à l'origine. Interrompu entre 1525 et 1526, période des catastrophes que sont la défaite de Pavie et l'incarcération du roi à Madrid, le chantier reprend à partir de 1526. Le roi modifie son projet par l'adjonction de deux ailes latérales au donjon primitif, dont l'une doit accueillir son logis. 1800 ouvriers auraient travaillé à la construction et plusieurs maîtres-maçons se succèdent ou travaillent simultanément.
Le donjon est achevé lorsque l'empereur du Saint-Empire romain germanique, Charles Quint grand rival du roi de France, est accueilli à Chambord par François Ier, dans la nuit du 18 au 19 décembre 1539, alors qu'il quitte l'Espagne pour Gand sa ville natale. Le cortège est reçu par des ballets et des jonchées de fleurs dans un somptueux décor de tapisseries.
L'aile royale à la pointe Nord de l'enceinte du château est achevée en 1544. Une galerie extérieure portée sur des arcades et un escalier à vis sont ajoutés vers 1545, tandis que se poursuivent les travaux de l'aile symétrique (aile de la chapelle), et d'une enceinte basse fermant au sud la cour, à la manière d'une forteresse médiévale.
François Ier meurt en 1547. Le roi a finalement passé très peu de temps (72 nuits au total) à Chambord.
Les travaux de l'aile de la chapelle se poursuivent sous le règne d'Henri II, mais ils sont interrompus par sa mort en 1559. Le traité de Chambord est signé en 1552 au château entre le roi et des princes allemands s'opposant à Charles Quint.
La période qui suit ne bénéficie pas au château. Les séjours royaux se raréfient pendant une centaine d'années, alors que l'édifice continue de susciter l'admiration de ses visiteurs. Des travaux de consolidation sont réalisés en 1566 sous le règne de Charles IX, mais Chambord se révèle trop éloigné des lieux de séjours habituels de la Cour et semble promis à une lente disparition. Henri III, puis Henri IV, n'y résident pas et n'y entreprennent pas de travaux.
Louis XIII, ne se rend que deux fois à Chambord. La première fois en 1614, à l'âge de treize ans. Puis en 1616, alors qu'il rentre de Bordeaux avec la nouvelle reine Anne d'Autriche.
À partir de 1639 le château est occupé par le frère du roi exilé dans le Blaisois. Gaston d'Orléans avait reçu en apanage le comté de Blois en 1626. Ce dernier y entreprend des travaux de restauration entre 1639 et 1642, notamment l'aménagement d'un appartement, des aménagements dans le parc et des travaux d'assainissement des marais alentour. Mais la chapelle demeure toujours sans toiture à cette époque.
Il faut attendre l'avènement de Louis XIV pour que soit achevé le projet de François Ier. Le Roi-Soleil comprend le symbole que représente Chambord, manifestation du pouvoir royal, dans la pierre et dans le temps. Il confie les travaux à l'architecte Jules Hardouin-Mansart, qui, entre 1680 et 1686, achève l'aile Ouest, la toiture de la chapelle, ainsi que l'enceinte basse, qui est couverte d'un comble brisé destiné aux logements du personnel. Louis XIV fait neuf séjours au château, le premier en 1650 et le dernier en 1685. Le Roi se rend parfois à Chambord accompagné par la troupe de Molière qui y joue devant lui.
Louis XIV fait aménager, au premier étage du donjon, le long de la façade Nord-Ouest donnant sur le parc, un appartement, comprenant une antichambre, un salon des nobles et une chambre de parade. À cet effet, deux logis du plan initial sont réunis par l'adjonction du vestibule nord-ouest, qui est fermé du côté du grand escalier. Il réside à Chambord en présence de Madame de Maintenon en 1685, mais les séjours de la cour se font rares depuis qu'elle s'est fixée à Versailles.
Le roi Louis XV, dispose du château pour y loger son beau-père Stanislas Leszczyński, roi de Pologne en exil, entre 1725 et 1733. Le 25 août 1733, le roi de Pologne et sa femme quittent l'inconfortable château pour gagner les duchés de Lorraine et de Bar, qu'ils ont reçus à titre viager.
Le château reste inhabité pendant 12 ans, puis le 25 août 1745, Louis XV en fait don au Maréchal de Saxe qui en devient gouverneur à vie, avec 40.000 livres de revenus. Il y fait notamment construire des casernes pour son régiment. Il y réside à partir de 1748 et y meurt le 30 novembre 1750. La nécessité d'apporter confort et chaleur à l'édifice pousse ces différents occupants à meubler de façon permanente le château et à aménager les appartements avec des boiseries, faux plafonds, petits cabinets et poêles.
Après la mort de Maurice de Saxe en 1750, le château n'est plus habité que par ses gouverneurs. August Heinrich von Friesen (1727-1755) neveu du Maréchal de Saxe, meurt au château le 29 mars 1755, puis se succédèrent le marquis de Saumery jusqu'en 1779, puis le marquis de Polignac, chassé par la Révolution en 1790.
À la Révolution française, les habitants des villages limitrophes se livrent à un saccage du domaine. Les grands animaux sont décimés, les arbres coupés ou ravagés par le pacage des troupeaux. Les dévastations sont telles que l'on doit envoyer plusieurs fois les militaires pour rétablir un semblant d'ordre. Entre octobre et novembre 1792, le gouvernement révolutionnaire fait vendre le mobilier qui n'a pas été volé. Les fenêtres et les portes sont arrachées ainsi que les plombs ornant les combles du donjon.
Le 2 juillet 1802, le premier consul Napoléon Bonaparte attribue le château à la quinzième cohorte de la Légion d'honneur, mais ce n'est que deux ans plus tard que le général Augereau visite finalement le château dévasté par les pilleurs, et dans un état de délabrement avancé. Il fait fermer les portes du parc et réparer l'enceinte et sauve le domaine, en dépit des protestations de la population.
Sous le Premier Empire, l'empereur Napoléon décide de créer au château une maison d'éducation pour les filles des titulaires de la Légion d'honneur, en 1805, mais cette décision reste sans suite. Le château est soustrait à la Légion d'honneur et réuni à la couronne, avant d'être rebaptisé « principauté de Wagram » et donné le 15 août 1809 au maréchal Louis-Alexandre Berthier, prince de Neuchâtel et Wagram, en récompense de ses services, avec une rente. Berthier ne vient qu'une fois à Chambord en 1810, pour une partie de chasse. À sa mort en 1815, le château est mis sous séquestre avant d'être mis en vente en 1820 par sa veuve Élisabeth de Bavière, incapable de faire face aux dépenses.
En 1821, le domaine de Chambord est acquis par une souscription nationale, pour être offert au jeune Henri d'Artois, duc de Bordeaux, né l'année précédente, sept mois après l'assassinat de son père, le duc de Berry. À la mort de Charles X, le prince, chef de la branche aînée des Bourbons, prendra en exil le titre de courtoisie de « comte de Chambord ». Les régimes successifs de la Monarchie de Juillet, puis du Second Empire, le tiennent éloignés du pouvoir et de la France. Mais à distance le prince est attentif à l'entretien de son château et de son parc. Il fait administrer le domaine par un régisseur et il finance de très importantes campagnes de travaux ; restauration des bâtiments et travaux d'aménagement du parc de chasse. Pendant la guerre franco-prussienne de 1870 il sert d'hôpital de campagne, et en 1871, le comte de Chambord y réside très brièvement. À sa mort en 1883, le château passe par héritage aux princes de Bourbon Parme ses neveux : Robert de Bourbon Parme (1848-1907) duc de Parme et de Plaisance, et son frère Henri de Bourbon Parme (1851-1905) comte de Bardi. À la mort de Robert de Parme en 1907, il se transmet dans sa descendance à son fils Élie de Bourbon (1880-1959), duc de Parme et de Plaisance.
Mis sous séquestre pendant la première guerre mondiale, le domaine de Chambord est acheté onze millions de francs-or le 13 avril 1930, par l'État français au duc de Parme, le prince Élie de Bourbon. C'est à cette époque que le toit mansardé qui couvrait l'enceinte basse du château, datant du règne de Louis XIV est supprimé. L'État français justifiant ce choix par un souci de présenter l'ensemble des bâtiment dans son état le plus proche de la Renaissance. La gestion et l'exploitation est partagée entre l'administration des domaines, les Eaux et forêts, et les monuments historiques. Cette décision est entérinée après la Seconde Guerre mondiale le 19 juillet 1947.
Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, le château devient le centre de triage des trésors des musées nationaux de Paris et du Nord de la France, qu'il faut évacuer et protéger des bombardements allemands. Des conservateurs et des gardiens montent alors la garde pour défendre certaines œuvres du Musée du Louvre entreposées dans le château. Ainsi, dès le 28 août 1939, la Joconde part pour Chambord, accompagnée de 50 autres tableaux exceptionnels. Ce sont bientôt trente-sept convois, et 3690 tableaux qui quittent ainsi le Louvre pour Chambord, puis vers des refuges situés plus au sud, tel le château de Saint-Blancard (Gers) où fut entreposé des œuvres du Département des Antiquités égyptiennes.
Après avoir échappé de peu aux bombardements, au crash d'un bombardier B-24 américain en 1944, et à un incendie, le 7 juillet 1945 qui réduit en cendres les combles du canton sud, c'est avec le rapatriement progressif des œuvres du Louvre vers Paris, en 1947 que commence une grande remise à niveau de près de trente ans, menée dès 1950 sous la direction de l'architecte Michel Ranjard puis par Pierre Lebouteux, à partir de 1974. Une balustrade en pierre est créée à l'attique de l'enceinte basse du château, à partir de 1950.
Les combles sont reconstruits entre 1950 et 1952, la tour de la chapelle restaurée entre 1957 et 1960, ainsi que le logis de François Ier en 1960 et les offices en 1962. En 1981, le domaine est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Les travaux recommencèrent en 1998, sous la direction de Patrick Ponsot, pour la réfection des terrasses, des balustrades des donjons ainsi que de l'aile antérieure des offices.
Des spectacles dits Son et lumières se déroulent au domaine depuis le 30 mai 1952.
Architecture et construction
Conçu sur le modèle médiéval des châteaux forts avec son enceinte et ses grosses tours d'angle, il est nettement inspiré par le style gothique (ornementation des parties hautes qui s'élancent dans le ciel avec les cheminées et les tourelles d'escalier), mais il possède surtout une silhouette très spécifique qui en fait l'un des chefs-d'œuvre architecturaux de la Renaissance.
Si plusieurs architectes ont travaillé à l'édification du château - dont le projet initial fut remanié par l'ajout d'ailes au donjon - il n'existe aucun document d'époque mentionnant le nom de ou des architectes originaux, à l’exception de François Ier qui fut personnellement impliqué dans la conception du bâtiment. Cela étant, il est probable que Chambord soit sorti en partie de l'imagination féconde de Léonard de Vinci, qui travaillait alors comme architecte de la cour ; il mourut quelques mois avant le début du chantier en 1519 au Clos Lucé d'Amboise. Parmi les dessins que Vinci laissa, on a retrouvé notamment des escaliers à double-hélice ainsi que des structures en croix grecque - deux éléments caractéristiques du projet initial du château. Il est aussi probable que l'assistant de Vinci, Dominique de Cortone, ait collaboré : dès 1517, il manufacture la maquette en bois qui sera retrouvée à Blois par l'architecte de Louis XIV, Félibien.
Le chantier de Chambord fut l'un des plus importants de la Renaissance. Environ 220.000 tonnes de pierres seront nécessaires. À défaut de pouvoir dévier le cours de la Loire, selon le vœu de François Ier, on se résoudra finalement à détourner le Cosson par un canal qui alimente les douves.
La vie au château était rude, d'autant qu'il fut construit sur des marécages. Beaucoup d'ouvriers moururent de la fièvre pendant la construction. Les charpentiers auraient enfoncé des pilots de chêne jusqu'à 12 mètres de profondeur, afin d'établir les fondations du château sur un solide pilotis au-dessus de l'eau. Des fouilles préventives réalisées en février 2007 mirent au jour une structure circulaire en moellons, vestiges d'une tour du château médiéval qui s'y élevait avant la construction de l'actuel château.
Des chariots arrivèrent du port de Saint-Dyé pour décharger tous les matériaux et en particulier la pierre de tuffeau utilisée pour la construction ; c'est une pierre blanche, tendre et friable. Les tailleurs de pierre, comme les autres ouvriers, n'avaient pas de salaire fixe et étaient payés « à la tâche ». Sur chacune des pierres qu'ils taillaient, ils gravaient leur marque. Cette signature permettait au trésorier d'évaluer leur travail et de les payer ; on la retrouve sur certaines pierres n'ayant pas été graffitées par la suite lors de l'ouverture du château au public.
Le plan centré du château repose sur un corps central parfaitement carré en croix grecque, comme celui de plusieurs églises italiennes de l'époque, dont la nouvelle basilique Saint-Pierre de Rome construite au même moment. Cela dit, ce plan restait jusque là rarement utilisé pour des bâtiments laïques. Ce corps central, conçu initialement comme bâtiment unique du château, sera appelé par la suite le « donjon » car même s'il n'a jamais eu aucune vocation à la défense, François Ier remaniera assez vite le plan du château par l'ajout de deux ailes, ainsi que d'une enceinte, se calquant sur le modèle des châteaux forts du Moyen Âge. La particularité est la rigoureuse orientation des diagonales de son donjon suivant les axes nord-sud et est-ouest ; ses tours marquant exactement les quatre points cardinaux.
À l'intérieur du donjon, on trouve cinq niveaux habitables. Il y a quatre appartements carrés et quatre appartements dans les tours rondes par niveau. Entre les appartements, quatre couloirs mènent à l'escalier à double révolution au centre. Le roi François Ier, dans un second temps, étend le château d'un quadrilatère et installe ses appartements (plus vastes) dans l'aile nord. Une chapelle est construite dans l'aile occidentale, dont l'entrée ouvre plein est.
L'escalier à double révolution [ou double vis] placé au centre de l'édifice, donne accès à la grande terrasse - elle aussi inspirée par Léonard - qui fait le tour du donjon et offre une vue sur les cheminées monumentales. Cet escalier est surmonté d'une tour-lanterne bien reconnaissable de l'extérieur, évoquant le clocher d'une chapelle.
Le deuxième étage est également remarquable par ses voûtes à caissons représentant les symboles royaux (monogramme « F » couronné et salamandre), accompagnés d'une cordelette nouée, emblème de sa mère, Louise de Savoie. Certains monogrammes de l'escalier à hauteur des terrasses sont tracés à l'envers de manière à ce que Dieu du haut du ciel voie la puissance du Roi...
Vu plusieurs fois...
D'après Wikipédia