Salers, au cœur du Cantal

Par Artetvia

C’est la rentrée ! Pour garder un air de vacances, Artetvia vous propose de découvrir un morceau de Cantal et plus précisément Salers.

Salers ? Vous connaissez certainement tous ce nom. Pour certains, c’est une race bovine à la robe acajou et portant fièrement ses cornes en forme de lyre ; pour d’autres, c’est un fromage, assez proche du cantal, élaboré uniquement en ferme – c’est d’ailleurs le fromage AOC français dont le cahier des charges est le plus strict.

Mais surtout, Salers est un village ! Juché sur son éminence volcanique, il domine la vallée de la Maronne, affluent de la Dordogne, qui parcourt une vallée particulièrement encaissée. Nous sommes aux pieds du massif cantalien, vestige d’un ancien strato-volcan de plus de 50 kilomètres de diamètre, le plus étendu d’Europe (attention, s’il se réveillait…), à près de 1 000 mètres d’altitude. Avant d’aller plus avant dans sa découverte, sachez que le « s » final ne se prononce pas : ça fait parisien ou plouc.

Son histoire est ancienne et prestigieuse. D’ailleurs, le visiteur est étonné de visiter tant de beaux monuments pour une si petite bourgade : hé oui, la commune ne compte que 345 habitants, hameaux compris.

Il n’en a pas toujours été ainsi. Il y a deux siècles, elle en comptait cinq fois plus. Des habitants visiblement assez remuants et difficiles à « administrer » : la famille Salers, bien qu’auréolée de plusieurs départs à la croisade, n’a eu de cesse de se disputer le pouvoir avec les « bourgeois », quand elle n’était pas occupée à régler ses propres querelles intestines. C’est ainsi qu’au XVe siècle, la ville prend seule la décision de se fortifier, lasse des raids de routiers anglais désœuvrés. Le roi donnera raison aux bourgeois contre leur seigneur qui contestait la chose ! Le siècle suivant verra la construction des principaux monuments actuels de la ville et l’obtention du baillage des monts d’Auvergne et d’un tribunal royal. La ville, jusque-là fortement rurale, se transforme en cité administrative – une ville de fonctionnaires quoi… En 1586, l’assaut des protestants fut repoussé : un tableau commémoratif existe toujours dans l’église Saint-Matthieu – à l’image de la chapelle d’Aurinques à Aurillac. Autre fait mémorable, le 21 janvier 1666, à l’issue des Grands jours d’Auvergne (sorte de cour de cassation mobile, présidée par un commissaire du roi), le marquis de Salers fut condamné à mort pour assassinat « condamné sur la fin, par contumace, à avoir le col coupé, à une forte amende et au rasement de sa maison », moralité le château de Salers n’existe plus !

Après la révolution, Salers perdit ses prérogatives administratives et son lustre en pâtit. La ville est devenue une bourgade à l’influence simplement locale, mais grâce à la restauration de son patrimoine, restauration un peu trop visible, à la limite de l’artificiel d’ailleurs, les touristes accourent.

Alors que visiter à Salers ?

Après avoir garé votre véhicule sur le parking le plus bas (gratuit, les autres sont payants et assez chers), montez prestement en direction de l’église Saint-Matthieu : reconstruite au XVe siècle, le bâtiment est superbe et en excellent état ; admirez en particulier au fond de l’église, une superbe Mise au tombeau polychrome, typique de la fin du XVe. Ignorant les magasins attrape-touristes qui proposent tous de l’aligot, des bobs « J’aime l’Auvergne », des tripoux et des vrais-faux couteaux de Laguiole, dirigez-vous vers la place Tyssandier d’Escous, du nom du restaurateur de la race bovine de Salers – son buste trône à la place des anciennes halles, malheureusement détruites : au centre du village, elle est entourée de jolies maisons Renaissance et notamment la maison dite du Baillage, qui ne l’a sans doute d’ailleurs jamais abrité… C’est beau et les jours de marché, les couleurs des étals contrastent avec la pierre sombre et froide des monuments. Auparavant, vous serez passés sous la porte du beffroi, vestige de l’ancien rempart.

Vous pouvez aussi prendre le temps d’admirer la Maison des Templiers, qui n’a de templier que le nom, les recherches historiques ayant démontré qu’elle n’a jamais accueilli qui ou quoi que ce soit en lien avec l’Ordre du Temple. Simplement, l’un de ses propriétaires Israël de Mossier (1685-1745) était commandeur de l’Ordre de Malte… La maison est aujourd’hui le siège du musée de Salers.

Vue du belvédère

Vous pouvez aussi visiter pêle-mêle : la chapelle Notre-Dame de Lorette, à l’autre bout du village, en style néo-byzantin, la maison de la Ronade datant du XIIIe siècle, les hôtels particuliers et les rues pavées. Et puis, finalement, dirigez-vous vers le belvédère, qui permet d’embrasser du regard un superbe panorama sur les montagnes cantaliennes. Vous pourrez ainsi préparer « visuellement » vos randonnées vers le Puy Violent, le Puy Mary, ou le Puy Chavaroche, pour profiter à plein des richesses culturelles et naturelles de cette si belle région.

De bonnes vacances en perspective !

En réaction à cet article, un lecteur auvergnat – dénommé Jaja G. – tenait à signaler qu’à Salers, les mouches abondent et que le temps est mauvais trois jours sur quatre, surtout en été : n’aimant pas être dérangé par les touristes, ceci explique peut-être cela ;)