Un tweet malicieusement remis au goût du jour pendant le procès Desport par l’un des avocats de ses complices…
#Desport, militant symbole du #FN. Jouer sur les peurs. Au besoin, les créer de toutes pièces . #Fascisme (vu sur tweeter)
Les soutiens du FN et leurs cadres tenteront bien sûr de vous faire croire dans les jours et mois à venir qu’il s’agit d’un cas isolé, ce que je réfute. Un loup solitaire, vraiment ? Voilà qui serait une étrange inversion rhétorique… Et une erreur factuelle, puisqu’il n’était pas jugé seul, que je sache. Ce procès n’est pas seulement celui d’un petit voyou de seconde zone, embringué dans une histoire relevant du banditisme, mais renvoie également aux pratiques et aux idées de tout un parti aveuglé par sa soif de pouvoir et ses ambitions présidentielles. La hâte immodérée des instances du FN de trouver à tout prix des candidats pour couvrir l’ensemble du territoire français à chaque élection locale, par exemple, a permis de donner à cette affaire une dimension qu’elle n’aurait pas eu sans cela. Pour confirmer cette thèse il suffit de se reporter à la liste des nombreux cas qui, à l’époque des dernières élections, avaient été abusivement qualifiés par la presse de dérapages, alors que leur nombre et leur nature faisaient pourtant système, malgré la thèse officielle, seule autorisée par le parti. Des délinquants, au FN, il n’y a pas que Monsieur Desport et ses acolytes, je ne le sais et ne le vois que trop… Il est d’ailleurs amusant, comme un clin d’œil du hasard, de constater, comme cela en passant, que je viens d’écrire ce billet au lendemain d’autres graves dérapages dans une ville, Hayange, gérée par ce parti. La violence et les crapuleries seraient-elles inscrites dans les gênes du FN ?
Entrons dans le vif du dossier. Les 6 prévenus sont jugés pour association de malfaiteurs, dénonciation d’une agression imaginaire et consommation de stupéfiants. Pour commencer, précisons que c’est l’ex compagne de A.Desport (militante FN aussi alors) qui a révélé les faits à sa hiérarchie. Elle raconte pendant ce procès que lors de leurs soirées, alcool, drogue et médicaments circulaient volontiers. Puis Desport et ses amis partaient ensuite incendier des voitures à l’aide d’un chalumeau, lequel avait été volé dans magasin…
Desport dénonçait ensuite ces faits sur son blog, en soulignant la montée de l’insécurité sur Mitry Mory, comme je l’ai montré à l’aide d’une capture d’écran de son blog à l’occasion de mon dernier billet. Il était très actif sur les réseaux sociaux notamment, ce que m’ont confirmé certains de mes contacts qu’il a tenté d’approcher (dont certains ont même été menacés), et comme il a tenté de le faire il y a quelques jours seulement avec moi-même sur twitter… en tentant de me suivre (Quel toupet !). L’ex de Desport a dévoilé au tribunal qu’il envisageait même de tuer le n°1 du FN 77, Renaud Persson, en l’écrasant avec sa voiture… Il reprochait à ce dernier de l’avoir rétrogradé. Petite précision utile, on trouve notamment parmi les nombreux militants du FN présents pendant le procès ce même Monsieur Persson, qui avait promu Desport responsable de la communication du FN dans ce département. Il a depuis été rétrogradé… (Toujours, au FN, le procès d’un homme plutôt que d’un système, comme je l’ai dit. Facile… ). La suite de ce procès là nous apprend qu’en perquisitionnant chez Desport, les forces de l’ordre ont retrouvé l’ordonnancier de son psychiatre à son domicile. Il l’avait volé pour obtenir des médicaments. Adrien Desport est d’ailleurs aussi poursuivi pour trafic de médicaments et utilisation frauduleuse d’ordonnances… Dans la liste de ses victimes, le N°2 du du FN 95. Sa voiture avait été repeinte en rouge avec les inscriptions « nazis » et « FN »… Adrien Desport et ses complices sont également accusés d’avoir tagué des symboles nazis sur la maison d’une responsable du FN 95.
Aujourd’hui les 5 autres militants (dont l’ex de Desport) l’accusent de les avoir manipulés pour commettre ces délits. La suite nous démontrera que cette thèse n’a pas été retenue par le procureur. D’après l’ex compagne de Desport, ce dernier avait également évoqué l’idée d’un guet-apens contre des policiers dont il projetait de voler les armes puis de les jeter à l’eau… Un scénario confirmé par l’un de ses complices, candidat FN à Villeparisis aux dernières départementales. Il explique en outre que Desport l’avait menacé de « brûler sa maison au cas où il le doublerait en politique« … Ces joyeux drilles, sous l’effet de l’alcool et des drogues auraient tenté d’incendier un immeuble mais n’y parvenant pas, il se sont rabattus sur des voitures. Il y aurait eu une à deux expéditions par semaine sur Mitry, Villeparisis, Le Raincy, principalement constituées de dégradations de voitures. Deport s’est même vanté d’avoir incendié dans la même soirée le véhicule d’un élu socialiste et celui d’un imam, selon son ancienne compagne… Puis Desport a commencé à dégrader voitures et maisons de responsables FN à qui il en voulait… Les haines apparaissent en effet très présentes, dans ce parti, et pas seulement envers les étrangers… Toujours d’après l’ex compagne de Desport, ce dernier avait un gyrophare qu’il utilisait pour rouler à 190/200 à l’heure après avoir pris une grande quantité de lexomil. Elle décrit un jeune homme manipulateur, envahissant, qui la menaçait avec un taser et dont elle ne pouvait se séparer… car il revenait toujours à la charge, et parvenait à ses fins. Une chose est sûre en tous les cas : il y avait beaucoup de cocaïne lors de ces soirées entre jeunes militants du FN. « Regarde, je suis célèbre« , avait fanfaronné Desport à son ex après la publication d’un article dans le Parisien suite aux dégradations. On a retrouvé chez lui des menottes, brassard, gyro, matraque, etc. Un complice raconte qu’un des jeux favoris de Desport en soirée était d’élaborer le crime parfait… Celui-ci, son tour venu, raconte qu’il a pris sa carte au FN en août 2014 et que dès la fin de l’année il était propulsé candidat du parti aux départementales… (ce qui confirme ma thèse de la responsabilité du FN). La présidente du tribunal égraine la longue liste des propriétaires de voitures et maisons dégradées ou brûlées par Desport et consorts…Parfois, ils volaient le contenu des véhicules avant de les incendier.. Au total, la bande FN a incendié ou dégradé une vingtaine de voitures… Desport avait également 6 bombes lacrymogènes chez lui. On a également retrouvé de fausses cartes de police à son domicile avec photo. Un autre complice raconte comment Desport a simulé une agression lors d’un collage FN. Il l’a aspergé de gaz lacrymogène puis appelé la police. Après la pseudo agression ils ont envoyé des messages à des cadres du FN, dont Marion Marechal Le Pen pour leur raconter les faits. Tous les complices, ex compagne comprise, chargent outrancièrement Desport, le décrivant comme un manipulateur, certains allant jusqu’à prétendre qu’il les droguait à leur insu (une thèse qui ne sera pas retenue).
« J’ai eu l’impression d’avoir perdu la raison. J’ai été lâche, je n’ai pas dénoncé les faits, j’avais la trouille » avoue l’un des militants complices dont le père est policier. Un autre a accusé un cadre du FN95 d’être un pédophilie. (Dans la salle le cadre lève le doigt.) Le procureur annonce qu’il y a une procédure pour dénonciation calomnieuse instruite à Pontoise sur les propos « pédophiles ». L’une des victimes retient l’attention des journalistes. C’est un plombier. Il raconte qu’après l’incendie de sa camionnette, Desport est venu lui donner sa carte de visite et compatir… Il n’en revient toujours pas du culot de ce Desport « tout normal » qui vient le voir si benoîtement après avoir incendié son véhicule. Desport, un cas psy ? Atténuer ses responsabilités ? Le psychiatre qui l’a examiné n’a pas trouvé de trouble psychique, ne le juge « pas psychopathe ». En revanche il est immature (c’est le moins qu’on puisse dire…). On apprend ensuite que le casier judiciaire de Desport comprend déjà plusieurs mentions, dont usage de faux papiers de policiers et port d’arme de 6ème catégorie. Pour le procureur, la chose est entendue, ces incendies étaient bien une « manipulation politique » à visée « électorale », dans le contexte des départementales. En outre, le délit d’association de malfaiteurs est à son sens caractérisé.
Pour le complice A, ex-candidat, le parquet se concentre sur la cocaïne et réclame 6 mois de sursis + 5 ans de privation de droits civiques. Pour les complices B et C, 18 mois de prison dont 9 avec sursis et mise à l’épreuve, indemnisation des victimes. Pour D, futur étudiant à Assas (sic), le parquet demande 8 mois de sursis, et l’interdiction de droits civiques. L’ex compagne de Desport est considérée pour faire court comme une victime collatérale et a été exemptée de sanctions. Quant à lui, il reste sous contrôle judiciaire. Le procureur requiert son encontre 4 ans de prison dont un an avec sursis et mise à l’épreuve. L’affaire est mise en délibéré au 16 septembre.
Détail croustillant, pour terminer ce long billet, dont les détails me sont cependant apparus importants : Paul Yon, qui défend Desport, a été l’avocat de Marine Le Pen lors du procès que lui avait intenté Mourad Boudjellal, le président du RC de Toulon… Le monde est petit. Un hasard ?
Et si vous voulez mesurer le sérieux des journaux et sites d’information…. Jugez sur pièces ! Ils en parlent :
Libé (AFP)
(on attend les autres pour les incruster ici…).
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble