" Les filles, c’est papa... Écoutez, je ne rentrerai pas à la maison ce soir... et peut-être même pendant quelques jours...
Vous avez peut-être déjà regardé les infos... Je veux que vous sachiez que votre papa n’est pas un bandit... "
Le pitch : Un auteur de bande dessinée, alors qu’il fait ses courses, réalise qu’il n’a pas sa carte de fidélité sur lui. La caissière appelle le vigile, mais quand celui-ci arrive, l’auteur le menace et parvient à s’enfuir. La police est alertée, s’engage alors une traque sans merci, le fugitif traversant la région, en stop, battant la campagne, partagé entre remord et questions existentielles. Assez vite les médias s’emparent de l’affaire et le pays est en émoi. L’histoire du fugitif est sur toutes les lèvres et divise la société, entre psychose et volonté d’engagement, entre compassion et idées fascisantes. Car finalement on connaît mal l’auteur de BD, il pourrait très bien constituer une menace pour l’ensemble de la société.
Parti d’un événement plutôt banal, le personnage principal a oublié sa carte de fidélité dans son pantalon parce qu’il était sale, Fabcaro nous embarque dans un scénario road-movie digne d’un humour très britannique à la manière des Monty Python. Le récit est construit d’une forte intelligente manière, il progresse à l’aide d’un récit par page au gré des commentateurs (ses proches, les brèves de comptoirs…), tout en suivant la progression du héros.
Sous un humour parfois corrosif, Fabcaro est un fin analyste de notre société. Il a choisi de représenter le héros en dessinateur de bande dessinée (sous ses propres traits) pour nous livré une subtile réflexion sur le milieu, il dénonce les raccourcis de la pensée, il égratigne les médias et leurs manière de traiter l’information, il révèle une montée du racisme, le tout soutenu par l’apport artificiel d’une société de surconsommation. Je suis vraiment tombé sous le charme de cet album…
Je dois avouer que je ne connaissais pas le travail de Fabcaro, c’est mon ami Samuel Chauveau de l’emblématique Librairie Bulle ! qui me l’a fait découvrir. Je ne rappellerais jamais assez l’importance du conseil des libraires indépendants pour dénicher et conseiller de telles pépites.